[Quête] Lutte de territoire et de passé

Invité

Hélios, petit village perdu près de la fameuse Rivière de Cristal, semblait bien paisible aux yeux de Lucian. Mais ce n'était qu'une apparence trompeuse : les rumeurs parlant d'une bande de brigands pillant sans relâche les environs allaient bon train, et Hélios n'était pas épargné : les habitants craignaient le jour où ce serait leur tour d'y passer, et peu avaient confiance en l'armée de Lucina pour les protéger. Enfin... pour l'Umbrien, ces histoires étaient tout sauf intéressantes : il n'était dans les parages que parce qu'il s'était retrouvé totalement par hasard dans ce monde. Après un certain temps passé dans cet étrange château, en compagnie d'un elfe pour le moins bavard, il avait fini par sortir de quelques ennuis et avait gagné le premier petit village en vue.

Évidement, les regards se portaient tout de suite sur lui, mais Lucian avait depuis longtemps appris à les utiliser à son profit. Son apparence d'enfant intriguait, mais empêchait aussi de le prendre au sérieux. Personne ne venait donc l'embêter, car il n'avait rien de menaçant. Il pouvait tranquillement acheter quelques provisions - avec l'argent volé quelques minutes auparavant dans la rue - et manger un morceau dans la petite taverne du coin. Il était justement en train de terminer un petit plat de bœuf sauté quand un groupe de soldats entra dans les lieux. Ils étaient cinq, mené par un officier qui ne semblait pas très expérimenté. Celui-ci prit la parole devant les airs étonnés des clients.

- Je suis Lakos, lieutenant de l'armée de sa Majesté. Nous avons été envoyés ici pour arrêter une bande de brigands sévissant dans les environs depuis trop longtemps. Restez calmes, vaquez à vos occupations, et n'ayez crainte : nous interviendrons avant qu'ils ne puissent vous faire le moindre mal.

Il avait peut-être l'air jeune, mais sa voix portait bien, et la détermination qu'il montrait se transmettait aux habitants. Enfin ils allaient être en sécurité ! Beaucoup sourirent, certains allèrent même jusqu'à féliciter le petit groupe de soldats, d'autres les encouragèrent, puis chacun retourna à ses occupations.

Pour sa part, Lucian termina son plat et se leva, sortant à la suite d'autres clients. Tout ça ne l'intéressait vraiment pas. Autour, il voyait plusieurs petits groupes de soldats, cinq à chaque fois, qui se mettaient en position. Il en compta au total vingt. Sans doute que les officiers supérieurs se cachaient quelque part, préparant leurs plans. En tout cas, lui n'avait qu'une envie : reprendre son voyage, tranquillement, sans soldats ni brigands autour de lui. Mais, alors qu'il gagnait l'ombre fraîche des arbres bordant le village, une main ferme lui agrippa l'épaule droite à lui en faire mal, et il se dit que c'était peut-être trop demander que d'avoir la paix...

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- Tiens donc, cela faisait longtemps. Lâche-le Del, garde tes forces pour l'attaque.

Lucian observait l'homme face à lui, sans se soucier de l'autre, derrière. Curieusement, on le lâcha rapidement, mais il n'y fit même pas attention. Devant lui, la personne qui le fixait en retour ne lui était pas inconnue. Sa cape noire bordée d'argent entourait une silhouette fine mais non moins musclée, qu'il savait capable de bouger aussi silencieusement que rapidement. La capuche était reposée contre le dos, laissant voir un visage agréable, marqué par quelques cicatrices qui n'étaient pas sans lui donner un certain charme. Ses yeux gris intenses savaient analyser toute situation possible, et ce n'étaient pas les quelques mèches noires qui s'échappaient de son catogan qui allaient gêner l'homme de mort qu'il était depuis au moins une bonne quarantaine d'années.

Tous les gênes de voleur hurlaient au danger et à la méfiance chez Lucian, mais il n'en laissait rien paraître. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus vu cet homme, et il n'y avait jamais eu de réel soucis entre eux, mais il pouvait très bien ne pas avoir apprécié son départ non annoncé de Tenamas. Après tout, c'était son supérieur, en quelque sorte.

- Tu ne changes pas en tout cas, toujours aussi éloquent à ce que je vois. Mais puisque tu es ici, très cher Lucian, alors tu vas te faire une joie de nous aider, n'est-ce pas ?

Le ton était tout à fait calme et serein, mais ce n'était pas difficile de deviner la menace silencieuse qui pointait dessous. L'Umbrien n'avait pas le choix. Bon ce n'était pas comme si attaquer ces villageois allait le déranger, non. Mais se retrouver à nouveau avec cette bande n'était pas très plaisant. Après tout, il avait quitté Tenamas pour retrouver son passé, ou du moins son identité, mais aussi pour ne pas vivre à tout jamais dans ce milieu. Il hocha la tête devant l'homme, légèrement.

- Je vous aide pour cette attaque-là, et après je reprends ma route. Ca te convient Talen ?

L'homme sourit, mais il n'y avait pas grand chose de joyeux là-dedans, ou du moins pas du point de vue de Lucian.

- Tu gardes toujours les pieds sur terre à ce que je vois. Très bien, marché conclu. Fais donc un résumé des forces en présence aux autres.

L'Umbrien observa les autres brigands présents. Une bonne vingtaine de bas étage, avec une petite dizaine un peu plus intéressante, et enfin Talen, ainsi que... son apprenti ? C'était possible. En tout cas, à ne pas prendre à la légère, ça se sentait. Lucian s'agenouilla pour dessiner quelques traits dans le sol en expliquant le nombre de soldats de Lucina vus, leurs emplacements, et tous les détails qu'il avait gardés en mémoire. Mais tout en parlant, il réfléchissait à sa propre situation.

Il n'avait aucune chance de voir son marché respecté. Talen n'allait sûrement pas le laisser filer tranquillement après la bataille. Il voudrait avoir des comptes. Après tout, celui qu'il voulait prendre comme apprenti s'était fait la malle sans même le prévenir. Techniquement parlant, Lucian n'était pas vraiment libre : dans le milieu des voleurs, assassins, et autres métiers peu recommandables, rares étaient les solitaires maîtres de leurs affaires. Il y avait toujours un supérieur quelque part, chargé d'instruire, de protéger, et en échange de prendre sa part des gains. Ou de tuer si l'inférieur refusait de se plier à la "loi". C'était ainsi. Alors disparaître comme ça... non, il risquait de passer un mauvais quart d'heure. C'était une chance d'avoir cette attaque à mener, sinon il se ferait probablement déjà massacrer.

Restait à trouver un moyen pour filer en douce. Mais comment...

Talen prit le relais, expliquant l'organisation de l'attaque. Plus il détaillait, et moins Lucian voyait une chance de s'enfuir. Déjà qu'à la base, il n'en voyait pas vraiment...

Une partie du groupe était de véritables brigands, plutôt stupides, et costauds. Autrement dit, la diversion rêvée pour faciliter le travail des pro et ainsi pouvoir opérer tranquillement. Ils se chargeraient d'attaquer comme on l'attend de la part de barbares : foncer dans le tas, taper tout ce qui bouge, rien de plus, rien de moins. Ils occuperaient la plupart de l'armée. Après un temps, la petite dizaine d'assassins prendraient le relais : eux s'infiltreraient dans les habitations, avec pour mission principale de tuer les soldats qui seraient en réserve. Leur mission secondaire consistant à dérober un maximum de choses en passant. Quant à Talen et son apprenti, un dénommé Melk, ils se chargeraient de faire leur peau aux responsables de l'armée ennemie.

Le problème pour Lucian, c'était qu'il ne pouvait pas opérer seul. Son rôle serait d'utiliser son pouvoir pour affaiblir un maximum de soldats afin de faciliter le travail des autres. Il ne pourrait donc pas filer tranquillement, quelqu'un sera toujours près de lui pour agir. Si encore c'était en duo, il aurait peut-être une chance, mais les autres le garderaient à l'oeil. Il n'aurait donc aucun effet de surprise, et c'était bien la seule chose qui aurait pu lui donner l'avantage.

En bref, Lucian était dans la panade, et n'avait à priori pas de porte de sortie.

Comme d'habitude en fait...

La nuit était tombée aussi tranquillement que possible sur le petit village d'Hélios. Il n'y avait pas beaucoup de bruits, et rien ne laissait présager qu'une véritable petite bataille allait avoir lieu. Aucune trace de soldat n'était visible, pas plus que de brigands d'ailleurs. Une silhouette s'avança entre les petites maisonnettes et s'arrêta devant la taverne. C'était le seul lieu où la vie ne semblait pas prête de s'arrêter. Soupirant un instant, Lucian jeta un coup d'oeil derrière lui. Il ne vit rien, bien sûr, mais il savait très bien que ses "compagnons" actuels se tenaient dans l'ombre de la forêt, l'observant, et sans doute prêts à lui balancer une dague entre les côtes s'il faisait mine de leur faire - encore - faux bond.

Enfin... quitte à jouer le jeu, autant le faire correctement.

L'Umbrien revint à l'enseigne de la taverne, "Au joyeux bûcheron", et y entra. Il salua vaguement de la tête les clients et alla s'installer dans un coin où il commanda une soupe avec du pain. Il n'y avait plus de soldats visibles, mais il aperçut la pointe d'une épée dépasser d'une cape, et il reconnut sans peine le lieutenant Lakos, malgré son déguisement de simple voyageur. Lucian attendit son repas, jouant avec sa main sous la table. Il fit apparaître cinq petits fils sombres, jaillissant du bout de chaque doigt. Discrètement, il les laissa s'élancer vers le sol, puis serpenter entre les pieds et les tables, quasiment invisibles dans les ombres du sol. Chaque fois que le petit groupe croisait un soldat, l'un des fils s'arrêtait et allait se placer contre un bout de peau accessible, en général la cheville. Bien vite, les cinq furent en place.

Lucian remercia la serveuse et se mit à manger tranquillement, tandis que les fils lui apportaient l'énergie des cinq soldats. Il se demanda distraitement pourquoi Talen n'avait jamais semblé rechercher d'autres personnes dotées comme lui de ce pouvoir fort bien pratique dans le milieu. Il était certain de ne pas être le seul à le posséder, mais était-ce si rare ? En tout cas, il faisait un plein conséquent d'énergie, autant par la nourriture que ses fils d'ombre. Les autres n'allaient sûrement pas tarder.

Et, en effet, alors que les cinq soldats semblaient piquer du nez sur leurs tables, le premier groupe de brigands entra en coups de vent, faisant voler la porte de la taverne. Ils étaient cinq également, et se ruèrent sur les habitants. Ceux-ci se mirent à hurler, les femmes se cachant derrière les hommes peu sûrs d'eux. Les soldats se levèrent, vacillèrent un instant, puis dégainèrent enfin leurs épées. Mais les brigands, en pleine forme eux, n'eurent aucun mal à les désarmer. Ils tranchèrent gaiement dans la chair offerte, riant comme les bons barbares stupides qu'ils étaient.

- Ahahahah j'adore, c'est trop facile !
- Ouais, on devrait faire ça plus souvent ! Il est bien ce gamin !

Lucian s'était levé avec les autres, détruisant aussitôt ses fils d'ombre, et restait discret dans son coin. Il n'avait pas spécialement envie que les habitants connaissent son identité ou son rôle dans cette histoire. Apparemment, le groupe de brigands revint à ses affaires, l'oubliant momentanément.

- Bon bande de femmelettes ! Si vous voulez vivre, mettez tout votre fric sur cette table, et plus vite que ça !

Personne ne songea à contester la proposition, et bien vite les habitants s'exécutèrent. Du bruit parvint soudain de l'extérieur, et un groupe de dix soldats apparut par la porte défoncée.

- Barbares ! Vous ne méritez même pas que nous vous proposions la reddition !
- Mais on s'en fout de ta reddition mon joli !

Et splatch, la hache du brigand qui avait répondu s'enfonça dans le cou du soldat avec un joli giclement de sang. L'homme poussa un râle écœurant avant de s'effondrer. Les autres soldats hurlèrent alors et foncèrent à l'attaque. A neuf contre cinq, la partie s'annonçait délicate pour les brigands, mais eux se moquaient de blesser les habitants, contrairement aux Luciniens. Ainsi, ils avaient un certain avantage, et cela équilibrait les forces.

Lucian profita du chaos pour se faufiler contre les murs et, de là, gagna l'extérieur. Personne ne l'arrêta : pour les soldats, il était un client de passage, innocent. Et pour les brigands, un allié, alors... Une fois dehors, il souffla un instant. Il devait rester un groupe de cinq Luciniens. Puis les officiers qu'il n'avait pas vus, mais ça c'était le travail des autres. L'Umbrien observa autour de lui la débandade des habitants qui courraient se cacher, ou encore chercher du renfort. Personne de la bande de Talen ? Alors peut-être que...

- Où crois-tu aller comme ça ?

Raté.

Bon au moins il avait essayé... mais la poigne de Talen qui lui broyait littéralement l'épaule droite ne valait peut-être pas le coup de tenter de filer. C'était impressionnant à quel point il était puissant alors qu'il n'avait pas autant de muscles qu'un champion d'arène.

- Je te cherchais pour prendre la suite de mes ordres.

Il pouvait bien tenter après tout. La poigne se desserra un peu, puis disparut. Talen se méfierait tout le temps, mais bon il savait très bien que ce serait inutile de massacrer son outil tout de suite. Après la bataille, pourquoi pas.

- Melk a repéré les commandants. Approche-les et vide-les de leurs forces. Cette bataille sera vite terminée.

Lucian hocha la tête et suivit son supérieur actuel.

Le chaos avait vite gagné tout le petit village. Une dizaine de soldats, dont six assez puissants, avaient rejoint la place principale où les brigands s'en donnaient à cœur joie. Ils auraient dû être cinq de plus, mais ceux-là avaient été gentiment tués dans l'ombre par les hommes de Talen. Il en restait cependant assez pour que le combat tourne en véritable pagaille. Côté brigands, plusieurs étaient tombés, et il restait quatre barbares purs sur les vingts initiaux, ainsi que sept assassins sur les dix de départ.

Tout ce petit monde s'étaient rassemblés maintenant, et il n'était plus question de tuer dans l'ombre, non : c'était bel et bien une petite guerre. Violente, sanglante, les assassins avaient l'avantage de l'agilité et du sale coup dans le dos, mais les soldats étaient plus unis et mieux organisés.

Et, surtout, les officiers supérieurs avaient rejoints leurs troupes.

Deux hommes, imposants, avaient tout simplement foncé dans la bataille. Sauf qu'eux étaient dotés de magie. L'un était totalement changé en flammes, et quiconque l'approchait se retrouver aussitôt brûlé vif. L'autre avait préféré rester un minimum humain, mais ce n'était guère mieux : du feu jaillissait de ses mains, et courrait sur deux épées imposantes qu'il faisait tournoyer avec grâce et force. Ce manège de flammes et de lames était pour le moins impressionnant. Les brigands reculaient devant eux, incertains, et les assassins étaient bien incapables de les approcher.

Lucian alla s'abriter contre le mur d'une maison, restant à distance du combat, tandis que Talen et Melk s'avançaient vers les deux officiers en feu. L'Umbrien reprit sa concentration afin de recommencer son petit manège de fils, en gardant un œil prudent autour de lui, sait-on jamais. Plus loin, les troupes s'écartèrent, continuant à se battre tout en laissant un espace pour la bataille magique qui allait avoir lieu.

Assassins et officiers se faisaient face. Ils savaient tous que ce serait délicat, mais Talen et Melk avaient une bonne carte dans leur manche. Ils n'avaient qu'à gagner un peu de temps, puis pourraient prendre la vie de leurs adversaires facilement : sans énergie, ils ne pourraient rien faire. Mais en attendant, il fallait les occuper.

Talen joignit ses mains un instant, puis les retira, laissant à leur place des ombres flotter devant lui. Elles faisaient penser à du brouillard, léger, inoffensif. Mais seulement en apparence. Sous l'ordre de leur maître, elles foncèrent sur l'officier fait de flammes. En le touchant, elles dissipèrent le feu autour d'elles, ce qui leur permit d'atteindre la chair, et de là de l'entailler méchamment. L'homme recula pour échapper à ce contact avec un cri. Il récupéra aussitôt sa couverture flamboyante et riposta en envoyant une boule de feu sur son ennemi.

Melk fit un mouvement rapide du bras, de la glace apparut dessus et un pic de le prolongea. Il toucha la boule de flammes et aussitôt la glace l'entoura avant de tomber au sol et de rouler plus loin. La sphère se mit à fumer, le chaud et le froid s'affrontant à leur façon. L'autre officier ne comptait pas rester les bras croisés et profita du mouvement de l'apprenti pour lui envoyer un solide coup d'épée de feu vers les côtes. Heureusement pour lui, l'assassin eut le réflexe de ramener son bras pour se protéger. La glace qui le recouvrait vola en éclat, et sa chair commença à brûler, mais il avait évité le pire. Une ombre nuageuse fila à toute allure vers l'officier qui n'eut que le temps de bondir en arrière pour lui échapper, voyant ainsi la possibilité de finir son ennemi disparaître.

Le combat s'annonçait difficile, mais, alors que chacun observait l'autre en cherchant le bon moment pour frapper, deux des protagonistes vacillèrent.

Lucian observa le combat d'un œil distrait. Certes, c'était impressionnant et d'un autre niveau que le sien, mais il était aussi très intéressant de suivre le reste de la bataille, car, petit à petit, les soldats reprenaient l'avantage. Mieux organisés, déterminés par la présence de leurs chefs, ils avaient la rage au ventre, et, contrairement aux brigands qui ne connaissaient pas l'esprit de camaraderie, ils voulaient tout faire pour venger leurs morts. Au final, seuls Talen et Melk feraient une différence et pencheraient la balance en leur faveur. Avec lui.

Sauf que ce n'était pas dans son intérêt.

Les deux assassins reculèrent un instant, incertains, et semblèrent prêts à tomber. Devant eux, les officiers ne comprenaient pas ce qui se passaient, et soupçonnaient un piège. Talen tourna la tête vers le petit coin où se tenait l'Umbrien, avec un regard tout sauf amoureux pour lui. Brrr il en aurait presque eu envie d'arrêter son vol d'énergie.

Presque.

Lucian s'avança un peu pour être à portée de voix des officiers malgré le boucan des combats.

- Profitez-en. Je les affaiblis de seconde en seconde. C'est votre chance.
- Mais ce ne sera pas la tienne...

Melk rassembla l'énergie qu'il avait encore et envoya un magnifique pic de glace sur l'Umbrien. Celui-ci n'eut que le temps de se jeter à terre, mais se prit tout de même le sort dans l'épaule droite. Décidément, le monde entier lui en voulait à cette pauvre épaule. Les officiers profitèrent de l'occasion pour bondir ensemble sur l'apprenti, qui n'eut d'autres possibilités que de brûler sous les flammes. Il eut cependant le temps de sentir les lames de feu lui lacérer les chairs.

Lucian se releva en grimaçant. Au moins, toute l'énergie qu'il avait aspirée depuis le début de la nuit l'empêchait d'avoir trop mal, c'était déjà ça. Mais il n'eut pas le temps de retirer le pic de glace : une main lui agrippa la gorge et serra doucement mais sûrement. L'Umbrien plongea son regard dans celui de Talen. Très calme, cruellement calme, ce qui était bien plus dangereux qu'un air haineux ou colérique. Mais, même s'il était en mauvaise posture, Lucian savait qu'elle n'était pas non plus désespérée.

- Hrem... c'est plus rapide... par le contact direct...
- Je voulais te laisser... une chance... mais... puisque tu ne l'as pas... voulue... Je m'occuperai de toi... la prochaine fois...

Les lèvres de Talen lui effleurèrent l'oreille droite avec un souffle glacé qui le fit frissonner. Il avait beau être essoufflé par le manque d'énergie, il gardait toujours cette sérénité impressionnante.

- C'est une promesse.

Puis il le lâcha et son corps prit la consistance de l'ombre sur laquelle il gouvernait tant. Doucement mais sûrement, cette brume se dissipa dans l'obscurité de la nuit et Talen ne fut plus à Hélios. Lucian soupira, affalé par terre, et se dit que, vraiment, il aurait bien voulu une nuit calme et tranquille...

Au moins, les officiers l'avaient bien vu les aider. Tous les brigands qui ne s'étaient pas enfuis avaient été massacrés. Leur chef avait disparu et ne risquait pas de revenir. Il n'y avait donc personne pour expliquer que Lucian avait aidé ce groupe à attaquer le village, et seule son aide pour terminer l'attaque avait été retenue. Ce qui bien entendu lui convenait à la perfection. Du coup, on l'avait aidé à retirer son beau pic de glace à le soigner. Il avait aussi eu droit au discours des officiers, qui vantaient le courage des soldats, ainsi que l'aide d'un étranger qui n'était même pas concerné par l'affaire.

Kof. Il n'allait pas démentir...

En tout cas, l'Umbrien avait au moins gagné un peu d'argent dans l'histoire, même si c'était plus symbolique qu'autre chose, et un peu de nourriture supplémentaire gratuite. C'était toujours ça de pris. Restait maintenant à éviter tout lieu où il était susceptible de croiser un certain Talen...

Lucian Elru --> 30xp

Les xps ont été attribués Wink

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