[quête] Promenons-nous dans les bois, tant que le dragon y est pas... [Terminé]

Un village pas comme les autres, Une entrée singulière...

Il fit un signe de la main. Pas de réaction. Encore un autre. Toujours rien.

- Mais tu crois vraiment que j'ai pas remarqué ton manège, triple buse ?

Bon, la chose en question n'avait rien d'un volatile. Pour la bonne raison qu'elle n'avait pas d'elle. Et pas de bras pour ce qu'il voyait. Le nom lui revenait vaguement en mémoire puisqu'il avait déjà croisé des êtres semblables par le passé. Log... bond-peur... un truc dans le genre. Et, au vu de sa situation actuelle, il n'aurait su ce qui l'agaçait le plus.
Etait-ce les moustiques qui passaient leur temps à l'assaillir de toute part sans prévenir et sans lui laisser le moindre répit pour guérir de ses "blessures" ? L'humidité ambiante qui rendait la respiration difficile ? Les hurlements incessants de toute une flopée de créatures qui semblaient parfaitement invisible, en tout cas pour lui ? Le fait qu'il n'ai toujours pas trouvé ce qu'il cherchait depuis plusieurs semaines ? Ou peut-être bien tout simplement cet ahuri de créature à moitié arbre qui le suivait depuis deux jours et faisait toujours comme si il ne l'avait pas remarqué.
Dès qu'il avait le dos tourné, elle le suivait. Et pouf, dès qu'il la regardait, elle s'arrêtait. M'enfin, une jungle a beau être remplit d'arbres, un truc comme ça passe relativement mal inaperçu.
Il n'obtint donc aucune réponse à sa question et se contenta de soupirer, désespéré d'être en compagnie si pitoyable. Et lorsqu'il se retourna, il manqua de faire un arrêt cardiaque.

- Si c'est une blague de la forêt, c'est nul...

Une copie conforme à celui qui le suivait se trouvait maintenant devant lui. On se foutait de lui. C'était ça ! De l'humour du même genre que l'illustré. Il était le nouveau sujet de "journaliste caché" et un article allait sortir sur lui dans peu de temps à Equillios !
Il toussa en se massant les tempes. Soudain, la chose devant lui bougea. Un mouvement vif. Presque imperceptible. Il cligna des yeux, un tantinet surpris, ouvrit la bouche pour dire quelque chose et la créature chargea. Pile sur lui. Il bredouilla une phrase incompréhensible et se jeta sur le côté au dernier moment. L'onde de choc qu'il perçu et qui lui fit perdre le sens de l'équilibre en manquant de peu de déchirer ses tympans lui donna l'impression qu'il avait raté son esquive. Mais, lorsqu'il se redressa, chancelant, il constata, sidéré, que les deux bestioles étaient en train de se battre à coups de boules d'une violence assez surprenante. Suffisamment en tout cas pour qu'il n'ai guère envie d'en encaisser ne serait-ce qu'un seul. Pourtant, son côté pacifique ne pus s'empêcher, à son grand damne, de lâcher :

- Euh... Vous comptez pas vous battre pour moi quand même ?

Les deux choses s'immobilisèrent à nouveau. Elio apprécia grandement le silence qui remplaçait désormais la tempête. Mais ses oreilles n'eurent guère le temps de se remettre. Comme d'un commun accord, les deux choses se lancèrent à sa poursuite à pleine allure. Réflexe naturel et humain dans sa situation, il se mit à courir avec la ferme intention d'augmenter la distance entre lui et ses poursuivants. Ils étaient gros. Ils étaient patauds. Ils étaient stupides. Impossible qu'ils puissent le suivre dans un endroit aussi boisé !
Et bien si...

* Le prochain coup, tu fermes ta grande gueule...*

Il devait trouver un moyen d'échapper à ces deux grosses choses. Mais pas facile, surtout quand on était aussi doué que lui. Car finalement, le premier à trébucher sur une racine, ce fut lui. Il finit en roulade qui limita grandement les dégâts, mais acheva de diminuer sa vitesse. Il se retrouva sur le dos, observant ses derniers moments religieusement, lorsque quelque chose d'improbable se produit. Avec une vitesse fulgurante, une ombre s'abattit sur les deux arbres et provoqua une série de craquements et de déchirements à vous donner envie de passer votre prochain repas.

Sidéré, il observa les écailles noires de la taille de sa main, la queue bien plus large que son torse et les pattes immenses qui pouvaient l'écraser sans même le remarquer. Enfin, lorsque la chose leva la tête dégoulinant d'un liquide vert peu appréciable, il reconnu à cette bouille de lézard cornu le corps d'un dragon. Très sympathique créature. Surtout lorsqu'elle mangeait. Si celle-ci était herbivore, cela ne devrait pas lui poser de problème.

- Hum... merci du coup de main !

La chose releva la tête, renifla et montra des dents. Pensif, Elio remarqua qu'il pourrait tenir dans la bouche sans aucun problème de place. Plus qu'une cheminée, la bibliothèque, le frigo et il pourrait s'y installer confortablement. Pourtant l'idée ne lui plaisait guère.

* Ferme ta foutue grande gueule et cours...*

Il s'obéit aussitôt. Un jet de flammes le suivit quelques instants, manquant de lui roussir les poils de l'arrière train. Et si il avait pété...
Bon... Il devait quand même garder un minimum de sérieux lorsqu'il était en danger de mort. Il se faufila rapidement entre les arbres avec la ferme intention d'échapper à son poursuivant.
Lorsqu'il se retourna, il n'était nul part. Il n'y avait que des arbres à pertes de vue. Un silence à peine troublé par quelques cris d'oiseau. Sans doute la bête ne l'avait pas suivit, soucieuse de ne pas trop se déranger pour un si menu repas.
Il soupira de soulagement, heureux de s'en tirer à si bon compte.
De courte durée. Combien de temps allait t'il tomber de Charybde en Scylla de la sorte ? Désormais, un humain d'une vingtaine d'année lui brandissait une épée de fortune sous le menton. La chose ne risquait pas de pouvoir découper grand chose, rouillée et d'aussi mauvaise facture, mais elle était suffisamment dangereuse pour lui trancher la carotide, aussi préféra-t-il se méfier. Le type en question n'avait pas l'air d'un indigène, comme il s'y serait attendu. Ses vêtements ressemblaient plutôt à ceux d'un citoyen d'Equillios, en adapté pour la jungle : plus dénudé. Une gourde pendait à son côté et des gens étaient postés autour de lui.

- Qui es-tu ?

Ça, c'était une question très recherchée.

- Je m'appelle Elio Endral... Ravis de vous connaître...

La pression se fit un peu plus forte sous son menton.

- Que fais-tu ici ?
- Je cherche un vieil arto' paumé et actuellement, j'essayai d'échapper à un gros truc noir qui lance du feu et qu'a pas l'air commode...

Plissement d'yeux, murmures, l'assemblée s'anima subitement lorsqu'il évoqua la bête. Suspicion semblait être le maître mot de l'ambiance qui régnait. Le type super sympathique qui le menaçait s'apprêta à dire quelque chose quand une série de hurlements hystériques se fit entendre.

- MERDE, EN POSITION !!!

Et là, la définition du chaos sembla à revoir. Tout s'enchaîna avec une vitesse et une brutalité qui surpris tout le monde, l'elfe le premier. L'arrière garde se fit tout bonnement défoncé en une fraction de seconde. Elio vit vaguement deux-trois hommes voler et s'écraser contre un tronc plus loin, avant de comprendre ce qui provoquait ce raffut. Un loup dont le garrot le dépassait jaillit des rangs serrés, les crocs sanguinolents, avec la ferme intention de continuer le carnage. Ses yeux rougis semblaient montrer qu'il avait subit un traitement particulier. Il s'arrêta net devant les deux humanoïdes : une pointe de glace lui traversait la poitrine de part en part. L'humain bégaya quelque chose, incapable de se remettre. L'elfe, lui, fut plus prompt et enfonça la pointe de son épée dans la gorge d'un gnoll qui s'était approché un peu trop près.
Voyant qu'il faisait de la résistance, la totalité des troupes restantes fonça sur lui. Mauvais. Il compta en vitesse plus d'une quinzaine de gnolls et une poignée de loups. Trop dangereux pour lui, surtout ceux qui possédaient des armes longues distance. Et puis, il n'avait surtout pas envie de tuer qui que ce soit. Intention un peu débile durant une bataille.

Un geyser jaillit juste devant un gnoll qui s'apprêtait à tirer à l'aide d'une arbalète. Il fit un bond en arrière de surprise et tenta de contourner l'obstacle. D'autres sortirent du sol les uns après les autres de plus en plus rapidement. L'eau s'accumulait au-dessus de la masse d'être en formant des pointes menaçantes. Enfin, summum du spectacle, la glace au dessus d'Elio prit la forme d'un dragon de plus en plus grand qui "tentait" de dévorer ce qui lui passait à porté de la gueule...
Le résultat ne se fit pas attendre beaucoup plus longtemps. Ce fut la débandade totale, pour les humains comme pour les gnolls.
De nouveau seul, Elio se massa les tempes, conscient d'avoir quelque peu abusé sur son énergie.

- Quel bordel cette jungle...

Encore raté

- Non, non, je vous assure...

Sa première rencontre avec les villageois de Lactis avait été catastrophique. La seconde, elle, fut pire. Il faut dire que, lorsqu'il avait franchit la porte en bois et que tout le monde s'était mis à le pointer avec tout ce qui pouvait avoir le moindre effet sur son anatomie - épées, fourches, masses, fourchettes, couteaux, pierres, branches, casseroles, rouleaux à pâtisserie... - les jambes tremblants aussi bien qu'un marteau piqueur, il avait tout de suite très mal sentit la suite. Personne n'osait le toucher à proprement parler et on le mena devant le chef du village, un vieux rabougris qui était caché derrière son trône et qui le fixait encore maintenant avec un air vraiment pas convaincu.

- Je n'ai pas invoqué de dragon ni rien de ce genre... C'est même pas dans mes capacités... Tout ce que je peux faire, c'est façonner l'eau et l'animer comme je le souhaite. Je suis totalement incapable de faire vivre une véritable créature. Noire qui plus est...

Un type sortit du rang. Elio reconnu le jeune chiant qui lui avait écrasé la pomme d'adam.

- Je t'ai vu créer le monstre !!!

Il aurait bien donné des coups de boule dans un mur mais il n'en avait pas à disposition - il aurait dû pour cela franchir une muraille d'outils mal affutés.

- Tu peux me résumer le nombre de morts dus à mes créations ?

L'autre fit la moue. Ils avaient fuit bien trop vite pour compter les morts et encore moins pour voir comment ils avaient trépassé. Mais, comme si tout ce foutu coin s'était retourné contre lui, un type s'écria :

- Si ce n'est pas vous qui avez créé le monstre, vous pouvez peut-être nous en débarrasser ?

Il évita de lui rétorquer qu'en général, comme la plupart des créatures vivantes, le dragon avait été créé par un papa dragon et une maman dragonne. Sa culture aurait pu lui valoir le bûché, vu les conclusions hâtives de ces tordus. Il évita aussi de sauter dessus pour l'étrangler comme de l'envoyer chier. Si il en avait fort envie, ce n'était qu'une mauvaise, très mauvaise idée. Il ne devait pas oublier qu'il n'était pas tout seul et qu'il avait tout un village sur le dos. Et malgré ses dires, tout le monde était prêt à l'abattre, ne les retenait que la peur d'être "foudroyé sur le champs" par on ne savait quel pouvoir mystique.
Et forcément, le chef approuva l'idée.

- Soit, si tu veux prouver que tu n'es pour rien dans cette histoire, tu dois tuer la bête et nous le prouver. Tu auras ainsi toute notre considération.

Pour une fois, il réussit à réfléchir AVANT de parler.

- Mouais... Supposons. Et je fais comment pour le trouver ?

Une sorte de soulagement général éclata. Tous n'étaient pas détendus, mais cela commençait. Son approbation les avaient libéré d'un poids immense. Ils commençaient seulement à le voir comme un potentiel allié. Le chef poussa même l'audace jusqu'à revenir s'assoir sur son grand siège. Le cercle se resserra autour de l'elfe mais les armes ne s'approchèrent pas.

- Il habite dans la montagne là-bas, tout en haut, dans une immense caverne.

Mwais... pourquoi pas. Si la maison en elle même n'avait rien d'original, sa localisation était... enfin... une caverne en pleine jungle. Sur une montagne qui plus est. Et impossible de la voir d'ici. Il se demanda si ce n'était pas encore une grosse blague bien vaseuse mais, puisqu'il avait lui-même déjà croisé le monstre, il savait qu'il n'était pas que chimère. Ceci dit... Un dragon, c'est gros. Et violent. Et dangereux. Et difficile à frapper. Et.........

Il attendit d'avoir mit entre lui et le village plus d'une centaine de mètres. Puis il éclata de rire. Ces abrutis croyaient vraiment qu'il allait risquer sa vie à trucider un dragon ? Et puis quoi encore ? Il était encore jeune et... même si il n'avait pas de projet, il pouvait très bien en faire ! Et mourir ne lui disait trop rien. Non, non, au diable le dragon la gloire la richesse et la mort, il préférait son intégrité physique et son estomac plein.

- Dites, monsieur, pourquoi vous changez de direction ?

Il s'arrêta net dans son mouvement et se retourna en douceur, prêt à tout... sauf à voir un gamin de huit piges qui le regardait avec des yeux grand ouverts. Mauvais ça. Très mauvais.

- Hum... T'es pas légèrement tout seul en zone dangereuse en compagnie d'un vilain méchant aux pouvoirs terrifiants ?

Le gosse inclina la tête, pas impressionné le moins du monde.

- T'es pas méchant ! T'es notre super héros ! Donc où qu'on soit, on est pas en danger ! Et je veux te voir tuer le dragon ! Comme ça je raconterait à mes enfants comment mon papa a été vengé !

Pourquoi fallait-il que le seul qui l'ait véritablement cru, ce soit celui-là ? Bon, au moins, ce petiot était prévoyant... A tous les coups, il connaissait déjà le nombre et le nom de ses futurs gamins. Mais les histoires de vengeance n'étaient pas le fort du jeune elfe. Lui même avait la rancune assez tenace mais difficile. S'occuper des histoires des autres... Par contre, il n'avait pas vraiment le choix. Qui sait de quoi il pourrait être accusé en rentrant avec ce nain ? Kidnapping ? Viole ? Magie noire ?
Plus trop le choix donc. Il allait devoir voir le dragon. De là à le tuer, c'était une toute autre histoire.

- Bon, écoute, tu restes sagement juste derrière moi comme ça et... et... il est passé où ce con ?

A plus le gosse.
La réponse ne se fit pas attendre. Quelque chose s'aplatit subitement devant lui, ouvrant grand la gueule. Il recula d'un bon, évitant de peu des mâchoires assez étranges puisque leur propriétaire était une plante.

- Merde !

Il dégaina son épée et trancha l'air devant lui, créant un arc aqueux qui se cristallisa aussitôt. Le projectile décapita promptement la plante carnivore qui n'eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Sauf que le problème avec les plantes, c'est que le principe n'était pas couper la tête, mais de sortir les racines. Une nouvelle repoussa.
Problème neumbeurre tou, il n'y avait pas qu'UNE plante. Mais une dizaine qui l'encerclait à présent. Le pied quoi. Et dans tout ça, il devait jouer à cache-cache avec un môme même pas foutu de hurler quand il était en danger ! Cet abruti était tellement sûr qu'il allait être sauvé qu'il n'allait sûrement pas prendre cette peine. Écervelé. Demeuré. Idiot. Crétin. Dégénéré ! Déficient mental ! D...
Bon, déjà, il devait se calmer. Pas facile en dansant à un rythme de musique de corrida pour éviter les racines sournoises qui tentaient de le faire trébucher. Ni en décapitant des plantes affamées. Mais il finit par y parvenir. Du lot, une seule n'attaquait pas et restait en retrait. Elle devait donc avoir le gosier déjà plein... non ?
Maintenant, il s'agissait de calmer le jeu pour pouvoir sortir de ce guêpier. Il arrêta net de bouger et ferma les yeux. Une pellicule de glace recouvrit sa peau et alla en s'épaississant. A ses pieds, les racines commençaient à geler petit à petit. Un peu surprises, certaines plantes tentèrent de profiter de l'inactivité de leur proie pour l'avaler. Mais il restait accroché au sol comme si il y était collé. Et la glace s'étendait sans cesse, toujours un peu plus loin.
Lorsque ses paupières se rouvrirent, il n'y avait que la plante éloignée qui n'était pas complètement gelée. Il força un peu pour décoincer ses mollets et s'avança dans la direction de la créature qu'il coupa net, sans ménagement.
Il bourrina quelque peu sur la gueule de la chose pour parvenir à l'ouvrir et saisit l'enfant endormit qui y était enfermé. Au moins une bonne chose de faite. Mais ces bestioles bizarres commençaient à lui courir sur le haricot. Il avait encore été obliger d'user de sa puissance magique et cela ne lui plaisait pas. Mais il n'avait pas le choix...

- Bon, l'ahuri, maintenant, tu me suis...

L'enfant dormait paisiblement sur son épaule... Pas vraiment le moment pour le sermonner. La question qui le taraudait était plutôt... Comment avait-il bien pu dormir dans un moment pareil ?

Un petit reptile !

Le soleil teintait le paysage d'un halo orangé. Il ne se serait guère attendu à la présence d'une grotte, mais c'était effectivement le cas. Un colline plus qu'une montagne, même si la taille restait assez imposante. Il leva les yeux, guère rassuré par l'obscurité ambiante. Et l'autre imbécile, à côté de lui qui débarquait comme si c'était chez lui ! Il l'aurait claqué ! Si il avait eu une raison pour le faire. La peur est à l'origine de la prudence. Et là, il était bien parti pour se faire bouffer tout cru.

- Bon écoute. J'ai besoin de quelqu'un de confiance pour une mission d'importance majeure.

Il avait lu ça dans un livre.

- Il faut que quelqu'un monte la garde pour que je ne soit pas interrompu durant mon combat.

Oui, ce gamin avec une bonne tête de vainqueur [Musique de George Brassens ON (pour ceux qui ne connaissent ni le dîner ni le chanteur... RENSEIGNEZ VOUS !!! Incultes va...)]. Il avait sans doute trouvé le moyen de s'en débarrasser.

- ... Maiiis... Je fais comment pour te voir tuer le méchant ?

Quel chiant... Il pouvait toujours l'assommer et le laisser dormir ici. Ou le donner à manger au dragon. Deux idées à retravailler, sans aucun doute !

- Je t'appellerai avant de donner le coup final...

A traduire par "va voir ailleurs si j'y suis. Pas encore très explicite mais ce gosse allait bien finir par comprendre qu'on ne voulait pas de lui, non ? Ça irait vite...

Une demi-heure plus tard, il était déjà en train d'avancer lentement dans la caverne glaciale à tout point de vue. Pas de lumière. Pas de bruit. Pas de chaleur. Une atmosphère pesante semblait comprimer l'air qu'il respirait. Il faisait tout pour progresser à pas de loups, mais le moindre bruit résonnait à ses oreilles sans aucune discrétion.
Déglutissant, il s'avança un peu plus, cherchant la bête qui devait sommeiller au fond de la "cave". Avec un peu de chance, cela se passerait comme ça. Elle était en train dormir et il allait arriver pour... pour quoi exactement ? Il n'avait toujours pas pris sa décision vis-à-vis de ce qu'il allait faire. Pouvait-il vraiment se permettre de tuer une créature de la sorte, sous prétexte qu'elle nuisait à une population ? Quel mal lui avait-elle fait, à lui ? Et les habitants n'avaient-ils pas cherché le malheur qui s'était abattu sur eux ?
Un hurlement strident mit fin à sa réflexion. Sans qu'il ne comprenne exactement ce qui se passait, ses jambes se mirent en marche. Un vieux réflexe. Il avait sentit la détresse dans la voix et courait à présent dans l'honorable but de sauver une vie alors qu'il était venu en prendre une. Il rencontra deux intersections mais les cris s'amplifièrent suffisamment pour lui permettre de s'orienter, malgré l'immense taille du tunnel où il se trouvait. Et il déboucha finalement...

La pièce finale était plutôt jolie. On pouvait voir les étoiles dans le ciel noir à travers quelques brèches. En voyant quelques feuilles dans les interstices, il aurait pu conclure qu'il était en dessous du niveau de la mer. Quelques joyaux émettaient une faible lumière à l'instar de la lune qu'il ne pouvait apercevoir. Le tout était immense. Deux autres issue devait sans doute permettre à la bête de se faufiler malgré d'éventuels éboulis.
Mais ses yeux ne s'occupèrent pas de ces détails. Quelque chose de plus énorme attirait son regard. Une lutte de titans. Le dragon était bien là. Ses mouvements rageurs déchirant l'air autour de lui témoignaient de sa vitalité. Il n'avait rien d'endormi. Pour le moment... Parce que la raison de sa colère était enroulée autour de son torse et pesait presque aussi lourd. Un serpent immense et monstrueux qui l'enlaçait avec acharnement, resserrant sa prise de plus en plus.

- Merde...

Il profita du premier rocher à disposition pour s'y cacher, même si les deux combattants ne semblaient pas disposer à s'occuper des alentours. Bon, parti comme ça, il vaudrait mieux faire demi tour.
C'est pour ça qu'il resta là, à observer stupidement les deux créatures, cherchant à connaître l'issu du combat. Qui se devina rapidement. Les mouvements du dragon se faisaient de plus en plus lents et, si le reptile avait de multiples écorchures, il ne serrait avec plus d'entrain.

C'est donc dans le mutisme le plus complet qu'il assista à la mort d'un dragon.

Il cligna des yeux lorsque la bête s'effondra sur le sol, inanimé. Le serpent s'en détacha en douceur et sembla délaisser sa proie pour s'en approcher d'une autre qui trônait dans le fond de la "pièce", que l'elfe aperçu pour la première fois. Une version miniature. Un bébé dragon. Il aurait certes, pu se faire dévorer sans problème par l'animal, mais le mot bébé fut le premier qui lui vint à l'esprit tant il paraissait chétif face à la bête qui approchait. Il grogna, montra des dents, tentant de s'échapper mais il fut acculé contre le mur en un rien de temps. Encore un mort. Ce n'est pas vraiment comme si il pouvait faire quelque chose. Sa réserve magique en avait pris un coup à cause de ses sorts précédents et il était loin d'avoir vraiment récupéré. S'engager dans un combat aussi monstrueux serrait... Stupide.
Alors qu'est-ce qu'il foutait entre les deux créatures, exactement ?
Cette question trotta dans sans tête lorsqu'il se rendit compte que ses jambes avaient bougé toutes seules.
Évidemment, le serpent n'avait pas du tout l'air inquiet. Il se léchait déjà les babines en repérant un amuse gueule sur sa route. Que pouvait un pauvre petit-elfe contre lui ? Rien. Ils étaient trois à s'être posé la question. Trois à trouver la même réponse. Ces écailles immenses étaient impénétrables. Sauf peut-être... Là où le dragon avait déjà frappé ? Où...
Et tilt, le plan de combat germa dans sa tête. Il était temps car le reptile ouvrait la gueule pour le gober d'un coup. Projetant une volée de pics de glace, il s'écarta. Les projectiles s'enfoncèrent dans la gencive du monstre qui gémit en claquant brusquement des dents. Deuxième bon, Elio enfonçait son épée dans une plaie béante. Troisième bon, il s'écrasait un peu plus loin suite à un coup de queue plutôt violent.
Il cligna des yeux, sonné, regardant la chose qui fondait sur lui, avec un sourire de débile. Elle plongea au moment où il repris ses esprits. Par réflexe, il monta un mur de glace autour de lui qui se brisa comme un fétus de paille entre les mâchoires de l'animal. Mauvais. La langue le gifla violemment, lui intimant de rejoindre l'estomac illico presto. Mais notre casse-croûte n'était pas du même avis. Cette fois, la salive gela, lui permettant de rester sur place. Il ferma les yeux pour se concentrer malgré les convulsions sauvages du serpent. Un arbre. Un immense arbre.
Comme pour suivre ses pensées, la salive s'agita. L'eau prenait place devant lui avant de se transformer en glace et de plus en plus vite, son œuvre prenait forme, plantant ses racines dans les mâchoires de la créatures qui se tortilla de plus belle. Lorsque l'arbre fut achevé, plus rien ne bougeait, si ce n'est du sang qui gouttait par endroit.

- WOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Ça, c'était le gamin qui venait de sortir. Il lui sauta littéralement dessus. Incapable d'en supporter d'avantage, l'elfe s'écroula sur le dos.

- J'ai surveillé comme t'as dit mais j'ai entendu du bruit alors j'ai décidé de venir et...

N'écoutant pas plus le discours incompréhensible et surtout interminable de son jeune compagnon, il leva la tête pour regarder le dragonnet qui le regardait hésitant.

- Y en a un autre ! Faut le tuer !

Elio soupira. Il ne venait pas de faire face à un serpent pour achever cette "petite" créature ensuite. Et puis... Ce n'est pas comme si il en avait les moyens.

- T'inquiète pas. J'm'en occuperai après la sieste. Tu ferais mieux de rentrer raconter au village qu'il n'ont plus à avoir peur de leur dragon.

Ses tempes le faisaient souffrir et il commençait à tourner. Le noir envahit son champs de vision sans qu'il y prenne garde et il s'évanouit.

Il faisait encore nuit lorsqu'il reprit connaissance. L'elfe regarda l'animal orphelin qui était toujours en train de l'observer. Sans doute voulait-il encore avoir de la compagnie. Il ne l'avait pas entendu se plaindre depuis la mort de sa mère.

- Bon... Supposons que je reste avec toi quelque temps...

Il sortit subitement quelque chose de son sac.

- T'as intérêt à aimer le lapin...
- Greuh ?

Elio Endral --> 30xp

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