Il y a deux moyens d'oublier les tracas de la vie : La musique et les chats (Albert Schweitzer) : [PV Cheshire's Cat][Terminé]

« Quand on retourne dans sa ville natale, on s'aperçoit que ce n'était pas l'endroit qu'on regrettait, mais son enfance. »
Sam Ewing.

Les Monts Lunaris, cela faisait si longtemps. Elania soupira tout en offrant son visage gelé au vent frais qui soufflait doucement. Ce paysage impressionnant, ces montagnes aux sommets inaccessibles, ce froid mordant malgré un soleil timide. Tout était comme avant, identique à ce qu'elle avait quitté quelques années auparavant. Elle n'était jamais revenue ici depuis sa fuite. Elle n'avait pas osé, de peur d'être repérée et reprise par les prêtresses. De peur d'être contrainte à rester ici, d'être torturée. D'être tuée. De peur de voir la tombe de sa mère, et d'apprendre la mort de son père. Elle savait que la vengeance de l'Araignée était terrible : Vanil n'avait pu survivre à l'affront qu'il avait commit. Il avait tué de sang froid une prêtresse : c'était comme avoir arraché de ses mains une patte à l'Araignée toute puissante.
La jeune Drow poussa un long soupire. Pourquoi elle était revenue ici ? Elle-même n'en savait strictement rien. Elle se trouvait devant le Temple de la Lune, une étrange bâtisse abandonnée par des moines d'on ne savait trop quel peuple ni quelle religion. Tout ce qu'elle savait c'était que ce lieu servait autrefois à rendre hommage à l'Astre Lunaire lui-même. Quel curieux moment : Une Elfe de la Nuit devant le Temple de la Lune. Ca en était presque drôle. Elania admira encore l'étrange bâtiment quelques secondes, prononça une rapide prière en langue sacrée Elfique, et s'éloigna à pas lents.
Elle savait qu'elle ne risquait pas grand chose ici. Son peuple vivait plus dans les environs de la Montagne aux Hurlements. Et même si par hasard un de ses semblables devait s'aventurer jusqu'ici, elle se savait capable de se battre et de se défendre. Même si les siens devaient attaquer, par devoir, traitrise ou vengeance, elle n'hésiterai pas à tuer. Voir couler le sang de ses frères Drows ne l'effrayait plus désormais. Ils avaient fait trop de mal, trop de douleur. Tant de tristesse ...
Le visage fermé, elle marchait aux alentours du Temple. Le bâtiment était d'un blanc délavé par le temps et la plupart des murs étaient à moitiés écroulés. Passant derrière l'immense bâtisse, elle en admira une fois de plus l'architecture plutôt réussie, se demandant une fois encore quel peuple avait pu édifier cela. Sûrement pas les humains : Un bâtiment si beau et si sobre ne pouvait être leur œuvre. Ils étaient plutôt dans le genre richesses tapageuses, or et pierreries à profusion. Trop voyant. Moche.
Tandis qu'elle passait délicatement sa main noire sur la pierre poreuse qui constituait un des murs, elle entendit un bruit, une sorte de frottement derrière elle. Tous ses sens aux aguets, elle fit volte face et observa le paysage qui s'offrait à elle : Derrière le Temple il y avait une espèce de prairie sur laquelle quelques arbres se dressaient. Son regard fut notamment attiré par un magnifique pommier qui s'élevait là, dans la force de l'âge : Sa beauté resplendissante frappa l'Elfe. Elle regarda à droite, à gauche, mais ne vit rien. Elle écoute encore quelques secondes puis, n'entendant rien de suspect, elle s'approcha doucement de l'arbre.

* J'ai du rêver ... *

Spoiler:

Il paraissait vraiment très vieux mais cela n'enlevait rien à sa mystérieuse beauté, au contraire. Son tronc était clair, un peu tordu, mais montait très haut. Ses feuilles possédaient une couleur verte brillante et ses branches croulaient sous le poids des innombrables pommes rouges qui s'y trouvaient. Elles étaient très rondes et très grosses. Très appétissantes en somme. Ne pouvant résister à l'envie de planter ses dents dans un de ces fruits, elle grimpa agilement dans l'arbre. Quand elle eu repéré sa cible, elle tendit la main avec application mais ne parvint pas à attraper l'objet de son désir. Elle grogna alors de mécontentement, s'accrocha de manière plutôt acrobatique à une autre branche, et se saisi enfin la pomme. Satisfaite, elle sauta à terre et atterrit dans l'herbe fraiche de la prairie.
L’air s’était énormément rafraichit entre temps et le vent forçait de plus en plus. Le soleil illuminait encore l’endroit, mais moins fort. De plus, le ciel était couvert et chargé, offrant une étendue bleu marine au regard de l’Elfe. Elle espéra qu’il ne pleuvrait pas, elle détestait la pluie.
Elania s'assit par terre, et, adossée contre l'arbre, commença à grignoter le fruit. Il avait un goût succulent, sucré au possible, comme elle aimait. Quand elle eu fini de manger, elle posa sa tête contre le tronc de l'arbre et ferma les yeux.
Tant de pensées lui venaient en tête qu'elle ne pouvait pas les contrôler. Elle était lasse et fatiguée. Elle pensa à son père. Une larme, une unique larme coula le long de sa joue tel un diamant glissant sur un océan d'ombre. Elle somnolait.

Perdue dans le vague océan de ses sombres pensées, moitié endormie/moitié éveillée, Elania était toujours appuyée contre le magnifique pommier qui lui offrait un appui des plus favorables. Elle était aussi bien installée qu’on pouvait l’être : Dehors, le visage et les cheveux au vent, à l’abri d’un arbre immense, des effluves de pommes mûres parvenant doucement à ses narines. Cet environnement paisible lui faisait oublier l’impression de malaise qu’elle avait ressentit auparavant, et pourquoi elle était là.
Mais, soudain, elle ouvrit ses grands yeux rouges. Un pressentiment. Un malaise. Elle sentait comme une présence, une présence toute proche, mais indétectable. Silencieuse. Ressentant un certain malaise, elle s’apprêta à se lever quand elle entendit un long ronronnement et une voix suave lui lancer :

« Allons, belle enfant, une si belle journée ne dois pas être sous le signe de la tristesse. »

La jeune Elfe leva la tête précipitamment et vit enfin le propriétaire de la voix : C’était un chat, un simple chat perché sur l’arbre. Comment n’avait-elle pu le voir avant ? Il ne ressemblait guère aux chats qu’elle avait pu croiser jusqu’à maintenant. Etonnée, elle plissa les yeux et le détailla rapidement : Premièrement, il parlait. Bon, admettons. Deuxièmement, il était d’une couleur très étrange : En effet, son pelage se dégradait d’un vert bouteille à un violet vif, et était parsemé de rayures rouges. Elle n’avait jamais rien vu de tel avant cela. Troisièmement, il était coiffé d’un chapeau haut de forme, plutôt joli soit dit en passant. Puis, enfin, le plus troublant : Il souriait. Il souriait d’un air mesquin, exhibant au monde entier toutes ses canines plutôt pointues. Un chat qui sourit, ça n’existe pas, non ? Et pourtant, lui, il souriait. Puis, non content de sourire, il empoigna son chapeau et s’en servit comme d’un petit parachute, planant doucement jusqu’au sol. Tandis qu’il faisait cela, il continuait à sourire tranquillement et se présenta :

« Je me présente, Cheshire, Chat et Gentilhomme pour vous servir. Alors belle demoiselle, dites moi ce qui vous émeut donc a ce point sur ce pommier pour qu'il vous arrache une quelconque larme ? »

Elania se frotta vigoureusement les yeux, pensant qu’elle était victime d’une hallucination, ou alors qu’elle était complètement et définitivement folle. Mais non, le chat était toujours là et continuait de la fixer tout en souriant tranquillement.
Alors, elle décida qu’il serait quand même plus poli de lui répondre et déclara :

« Euh… C’est une longue histoire. Disons que je ne devrais pas repenser à de tristes moments. Mais passons, c’est un plaisir de vous rencontre, ‘sieur Cheshire. »

Le chat passa alors derrière l’arbre et réapparut dans un écrin de brume. Où tout du moins, la Drow supposa que c’était lui car on ne le reconnaissait plus. En effet, celui qui venait d’apparaître était un humain élégant, vêtu d’un costume et du chapeau haut de forme qui trônait sur la tête du matou quelques secondes auparavant. Il était d’une élégance rare et l’Elfe ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Celui-ci lui, en gentleman, lui tendit un mouchoir de soie qui lui permit de sécher les quelques larmes qui étaient demeurées sur son visage. D’une voix qui rappelai étonnamment celle du chat, il lui demanda ce qu’elle faisait ici. Tandis qu’elle lui expliquait qu’elle venait souvent en ces lieux étant plus jeune, il lui effleura la main et prit place à côté d’elle. Il continua à parler de sa voix envoûtante et lança, en souriant toujours :

« Veuillez excuse ma question, belle demoiselle mais c'est la première fois que je vois quelqu'un comme vous. Vous semblez elfique sans pour autant être comme les elfes que j'ai déjà pu croiser. Qu’êtes-vous donc belle jeune femme dont j'ignore le nom ? »

Ce chat-homme était décidément bien bavard… Et fort curieux ! Cependant, elle déclara d’une voix lente :

« Il est normal que vous ne croisiez pas souvent mes semblables, ils vivent dans les endroits les plus reculés des Monts Lunaris. Ils ne se mêlent pas aux humains ni aux autres créatures qui peuplent ces bas mondes. Je suis une Elfe de la Nuit, plus communément connue sous le simple nom de « Drow ». Et pour ma part, mon nom est Elania. »

Alors qu’elle voulait lui demander ce que diable il pouvait bien faire là, lui, il s’était levé et avait à nouveau disparu dans un petit panache de fumé. Il était redevenu le chat au sourire diabolique et flottait doucement dans les airs, ronronnant près de son oreille gauche. Elle recula vivement d’un pas : Cet animal avait des côtés passablement effrayants. Tandis qu’elle le regardait de travers, il la regarda d’un regard brillant et lança :

« Belle jeune Draw, derrière cet arbre il y a... Un terrier. Mais pas n'importe lequel, celui du lièvre de mars, je vous propose d'y jeter un coup d'œil, ce que vous allez y trouver risque de vous émerveiller. »

Ah bon ? Décidément, elle n’arrivait pas à déterminer qui de eux deux était le plus fou. Tandis qu’elle se demandait qui pouvait bien être le lièvre de mars, le chat s’était dirigé à petites foulées, derrière le pommier. Il y avait là, en effet, un gigantesque terrier, bien plus grand qu’elle. Elle fit la grimace.

* Si ce fameux lièvre de mars creuse d’aussi grands terriers, je ne tiens pas particulièrement à entrer dedans et à me retrouver face à lui... *

Cependant, comme le chat mystérieux lui lançai un regard encourageant, elle se baissa pour jeter un coup d’œil dans le fameux terrier. C’est alors qu’elle se sentit tirée de force vers l’avant, comme si une main avait agrippé ses vêtements et voulait absolument la faire tomber. Et lutta comme elle put, mais finit par pousser un petit cri et chuta dans le terrier, qui ressemblait finalement plus à un puits. Le chat n’était plus là, mais elle le maudit de toutes les malédictions Elfiques possibles et inimaginables.
La chute était longue, très longue. En fait, elle ne savait pas si c’était le puits qui était très profond où elle qui tombait très lentement, mais toujours était-il qu’elle eu le temps de jeter un coup d’œil vers le bas. Elle ne vit rien. Les parois du puits étaient chargées de divers placards et bibliothèque. Etonnée, Elania aurait voulu s’arrêter pour admirer tout cela plus en détails. Mais elle continuait sa chute. Inlassablement.
Les minutes passaient, longues comme des oreilles d’Elfes, et Elania n’en pouvait plus à force d’être apeurée et énervée. Elle tombait toujours, les bras croisés cependant. Elle boudait. Enfin, elle atterrit doucement sur un tas de coussins en soie colorée. Il y en avait des bleus, des rouges, des blancs, des jaunes. C’était plutôt joli, quoique un peu kitsch. Elle le releva en se massant les tempes : La chute lui avait refilé un mal de tête pas possible. Devant elle, Cheshire flottait dans les airs. Elle voulu l’attraper et l’étrangler pour se venger de cette blague de si mauvais goût, mais elle n’en fit rien. Elle avait trop le tournis. Il déclara, toujours souriant :

« Vous voici au pays des merveilles ma chère. Amusez-vous a l'explorer il regorge de féerie et de beautés. Si toutefois l'envie de le quitter vous prenait vous n'aurait qu'as dormir ici et à votre réveil, vous serez sous votre pommier... »

Sur ces mots, le chat disparu et l’homme réapparut. Il ouvrit une porte devant elle, et elle put apercevoir un immense jardin. Cependant, à cet instant précis, le seul désir d’Elania était de se rouler en boule par terre et de dormir, pour revenir sous son pommier. Mais Cheshire sembla lire dans ses pensées car il déclara :

« Pourquoi vouloir repartir maintenant, alors qu'il y a tant à explorer, à voir et a s'émerveiller devant vous... Me suivrez-vous? Tout ceci n'est qu'un rêve après tout. »

* Un rêve… Si c’était un rêve alors. *

L’homme chat franchit la porte sans attendre.

« Attendez ! Attendez-moi !!! »

Elania courut bien vite pour rejoindre Cheshire, de peur que la porte se referme mais surtout de peur de se retrouver seule dans ce monde de fou. Elle passa la porte et s’arrêta quelques instants. Elle se trouvait dans un immense jardin très coloré. Tout était immense, elle n’avait jamais vu cela. Les fleurs, les feuilles… Tout était plus grand qu’elle. Elle se sentait minuscule et vraiment vulnérable. Et se remit alors à courir bien vite pour rattraper Cheshire, mais il avait disparu.
Elle vit alors passer devant elle un animal qu’elle reconnu comme un lapin. Il était blanc et paraissait très pressé. Il se tenait sur ses deux pattes arrière, comme un bipède, et était vêtu d’une petite veste. Il courrait tout en regardant une montre. Elania voulu lui demander où elle était, mais il ne la regarda même pas, et s’éloigna en courant aussi vite qu’il pouvait. Elle haussa alors les épaules et continua son chemin.
Comme elle mourrait de faim, elle voulu chercher de quoi manger, mais ne vit rien. Dépitée, elle avança dans ce qui ressemblait de plus en plus à un bois. Tandis qu’elle déambulait ainsi, elle se retrouva nez à nez avec un champignon géant, d’une couleur beige claire. Elle regarda à droite, à gauche, et sous le champignon, mais ne vit rien. Elle voulu alors aller voir ce qu’il y avait dessus. Alors, elle se hissa avec difficulté sur le chapeau du champignon, regarda autour d’elle et poussa presque aussitôt un cri de stupeur : Face à elle se trouvait une énorme chenille verte qui était allongée de tout son long sur le champignon et qui fumait tranquillement le narguilé. Effrayée, Elania appela d’une voix tremblante :

« Cheshire, où êtes vous … Cheshire ?! »

Cheshire était là, apparu comme par magie, fidèle à la détresse de la demoiselle. Il se trouvait sur son épaules droite et lui massait doucement le crâne. Elania était plutôt mal à l'aise et ne disait plus rien du tout. La chenille paraissait en effet plutôt mécontente de la voir, bien qu'elle ne sache pas trop pourquoi. C'est alors que Cheshire prit la parole d'une voix douce, comme pour la rassurer. Il déclara :

« Calmez vous, belle jeune Drow. Cet être est Absolem, un vieux sage qui peuple cette terre. Il ne vous fera rien de mal hormis vous parler. »

Ah, bon. Cependant, le jeune femme le regardait de travers. Elle recula un peu. Elle était de plus en plus perdue et cette scène des plus loufoque lui semblait tellement irréaliste... Que faisait-elle là ? Elle n'en savait fichtrement rien mais tout cela ne lui disait vraiment rien qui vaille. Cheshire se tourna alors vers l'être singulier qu'était la chenille et lui accorda une révérence qui lui fut rapidement rendue. Apparemment, les deux êtres s'étaient déjà rencontrés. Puis, après quelques secondes d'un silence pesant, Absolem parla en ces mots :

« Ce n'est pas Alice.. Elle n'est même pas humaine. Et bien chafouin, qu'est ce que le Chat du Cheshire nous emmena donc ? »

Elania n'avait pas comprit un traître mot de cette phrase. Qui était donc Alice ? Il était sûr que ce n'était pas elle. Alice, un stupide prénom d'humain.

* Tss ... *

Tandis qu'elle se demandait où les deux être voulaient en venir, Cheshire sauta au sol, ou plutôt sur le champignon, et s'approcha de la chenille. A chaque pas qu'il faisait, il se transformai peu à peu en l'humain élégant qui lui était apparu auparavant. Il marchait avec assurance et se planta devant Absolem. Elania sourit. Cheshire avait-il la moindre once d'autorité sur l'insecte géant ? Rien n'était moins sûr ... Cependant, il déclara d'une voix autoritaire :

« En effet ce n'est pas Alice ... »

* La bonne blague ! *

« ... et loin en faut pour cela. Mais le pays des merveilles n'est pas fermé aux visiteurs et cette femme en est mon invitée d'honneur. Je comptait lui montrer notre monde et un peu de féerie vois tu, et discuter avec le chapelier aussi. »

Le pays des Merveilles ? Le Chapelier ? Qu'étaient-ce donc toutes ces diableries ? La jeune Drow en avait vraiment assez de ces deux personnages qui parlaient de choses inexistantes tout en l'ignorant superbement. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait là, mais apparemment elle n'avait absolument rien à y faire. Et cela était très bien comme ça. Elle se trouvait dans un pays de fou et avait bien l'intention d'en sortir. Mais, tandis qu'elle venait de prendre la décision de descendre du champignon et qu'elle s'apprêtait à le faire, Absolem aspira une grande bouffé de fumée et la fixa pendant de longues secondes. Paralysée, elle ne bougea plus. La chenille la jaugeait d'un œil sévère. La jeune femme ne savait pas ce qu'elle avait fait de spécial, mais apparemment cela déplaisait à la chenille. Puis, la bestiole lui recrache négligemment la fumée sur le visage tout en parlant à Cheshire :

« Tu es parti dans l'autre monde trop longtemps Cheshire, le JabberWookie est libéré et le bandersnatch parcours ses terres a la recherche d'une hypothétique Alice. Rester ici pour une étrangère serais trop dangereux. Tu ne peux pas rester ici Elania. »

Elania, qui avait commencé à insulter Absolem en langue Elfique, s'arrêta net : Le JabberWooki ? Le bandersnatch ? Mais qu'est ce qu'ils racontaient ? Après une réflexion de plusieurs secondes, Elania en déduit que le narguilé de la chenille devait contenir des herbes hallucinogène. C'était la seule explication plausible. Par contre, le fait qu'on veuille la mettre dehors ne l'agaçait pas le moins du monde, au contraire. Elle était très contente de la décision de la chenille et souriait de toutes ses blanches dents. Cependant, elle ne dit rien et attendit la suite des évènements.
Elle ne put pas en voir grand chose. En effet, la tête commença à lui tourner d'abord légèrement, puis de plus en plus vite. Sa vision se troubla et elle ne distinguait plus que les contours flous des choses et leurs couleurs. Absolem s'estompa rapidement dans un nuage de fumée, ainsi que Cheshire. Elania voulu crier, mais elle ne put pas car sa voix ne répondait plus. Elle était là, flottant entre deux mondes. Elle n'était ni sur terre ni au ciel. Elle était dans ... rien. Tout était blanc, puis, tout devint noir.

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Elania ouvrit brusquement les yeux. Il faisait froid, il pleuvait. Elle était allongée au sol, à moitié appuyée contre quelque chose de dur. Elle se redressa lentement, puis se retourna. Derrière son dos, un arbre. Elle leva les yeux : C'était un pommier en fait. Elle s'assit dans l'herbe et, étonnée, regarda autour d'elle : L'arrière du Temple de la Lune se dressait tout droit devant elle. Plus loin, les Monts Lunaris. Elle était revenue. Mais enfin, était-elle partie ?
Elle se releva doucement et entreprit d'essorer ses longs cheveux vermeilles, puis sa robe assortit. Il pleuvait très fort et le ciel n'était qu'un amas de nuages noirs. Et, alors qu'elle allait s'en aller, elle sentit quelque chose dans sa main droite. Elle l'ouvrit et, étonnée, y découvrit un petit mouchoir de soie, tout trempé lui aussi. Elle se rappela alors d'une rêve avec un homme qui lui donnait un mouchoir. Un chat plutôt. Puis, une chute, un jardin, une chenille ... Tout était flou. Elle rit doucement en mettant le mouchoir dans sa poche : Il fallait qu'elle cesse de laisser traîner ses affaire partout.
Alors, elle s'éloigna du pommier, sans remarquer le gigantesque terrier creusé derrière celui-ci. Elle marcha doucement pendant plusieurs heures, et bientôt le temple fut loin derrière elle. Elle entendait souvent des cris et des rires : Elle savait que ses frères Drow étaient tous près, dans la montagne aux hurlements. Alors, elle s'arrêta tout en haut d'une colline et regarda au loin : En bas, sur la plaine, s'étendait Umbra, sa nation, son pays. Elle voyait les toits d'une ville : Tenamas. Puis, le désert. Immense. Elle ne voyait pas la mer mais elle savait qu'on la trouvait après le désert. Son monde était grand. Son monde était beau. Alors, elle reprit sa lente marche, tellement près de son peuple mais tellement loin en même temps. Elle allait ainsi, inlassablement. Et, quand elle passa près d'un immense pommier au tronc sombre, elle ne vit pas, perché sur ses branches, un grand chat violet et rouge qui la regardait passer avec un sourire moqueur.

FIN