De retour de voyage ! [Terminé]

Harmonia, Lucina, et Umbra, les trios mondes reliés se cassaient lentement la gueule. Il l’avait prédit, pressenti, des forces étaient à l’œuvre, des esprits mauvais, et tous devaient se battre pour assurer la survie des trois mondes. Mais comment trois peuples singulièrement différents, ennemis de par leur nature pouvaient s’allier pour affronter des êtres malfaisants. Le destin d’Harmonia risquait de sombrer dans le chaos, l’horreur…mais qui pensait ainsi, les pensées d’un seul homme qui s’était fait oublié depuis un petit moment. Un homme qui ne croyait pas en grand chose, un homme qui marchait selon ses propres idéaux, qui se battait pour sa propre justice. Cet homme marchait le long d’une mer pourpre en pleine nuit, cet homme portait son éternel manteau noir, cet homme portait son bô dans le dos, cet homme était Saladin. Plus intéressé par la découverte des mondes que par le mal qui rongeait petit à petit les trois mondes, l’Harmonien s’était éclipsé, avait vécu de voyages, évitait au maximum la population, surtout ceux qui comme lui, étaient des « élus ». Il errait et tuait sans foi ni loi les quelques monstres qui s’en prenaient à lui, cela lui permettait de survivre, après tout il y avait toujours un paysan ainsi besoin que l’on désinfecte ses champs des galopins qui y sévissent, ou un maréchal ferrant qui aimerait que ses chevaux arrêtent d’être attaqués par des rators en pleine nuit. Avec ces petites expériences, Saladin avait appris qu’il valait mieux pour lui éviter certains monstres, bien trop dangereux, par exemple ces carnivores décharnés étaient de véritables petites saloperie, surtout une fois qu’il y en avait trois à vos trousses. Mais l’Harmonien était plein de ressources, ces monstres affreux n’eurent pas raison de lui. Il avait tout affronter, tout découvert, il venait de passer ces quelques derniers mois à admirer chaque parcelle, s’informer de tout, apprendre tout, c’était un Dieu ! Non, peut-être pas, mais il en connaissait un rayon sur les trois mondes, sa faune, et sa flore. Maintenant, ayant entendu parler des derniers échos vis à vis du fameux livre très important, et de ces esprits, il avait décidé de revenir à la civilisation.

- C’est donc ça, ce fameux navire…

Il lui restait juste un petit travail, un pécheur du coin lui avait demande de repérer un navire fantôme, d’y pénétrer et de récupérer un compas, qui soi disant indiquerait toujours la direction de ce que l’on désire le plus. Il marchait donc sur cette plage, en pleine nuit, puisque apparemment, le bateau n’apparaissait que la nuit. Un vrai truc de fantômes, sans le moindre trucage. C’est aux alentours des 2h du matin que l’Harmonien vit bateau, qui par chance était ensablé, il décida donc d’y entrer. Disons que le bateau était grand, ce genre de très grands bateaux pirates, avec une pièce pour le capitaine sur le ponts, quatre mats au total, une belle figure de proue en forme de sirène dans les bras d’un squelette. Une cale pour les canons, et les réserves de poudre et de boulets. Une autre cale pour les couchettes et dans un coin les geôles au nombre de trois. Le tout complètement vide, il y avait les cordages, les voiles, les pièces d’artillerie, les munitions, les vivres, les tonneaux, et mêmes quelques trésors. Cependant, pas le moindre équipage, mais à la place, des courants d’airs, des murmures dans le noir, des bruits de grincements de la boiserie du vaisseau, des bruits de pas à peine audibles, et parfois mêmes les rires gras et silencieux de l’équipage en fête. Saladin termina une première inspection rapide du coin, et jugea en premier lieu que l’ambiance n’avait rien d’agréable, et en second lieu qu’il valait mieux ne pas s’attarder dans le coin.

- Un compas, c’est pour la navigateur, celui qui a les cartes, et ce type là, c’est le capitaine…

Tandis qu’il prononçait ces mots, il ouvrit la porte conduisant à la pièce du capitaine, une belle pièce, il y avait là de beaux meubles faits dans un beau bois d’ébène, des fauteuils à la toile rouge et cousus avec des fils d’or ayant quelque peu perdus de leur éclats. Un tapis épais et gris, un bureau recouvert de cartes et d’instruments de mesure, c’est bien entendu vers ceux ci que se dirigea logiquement l’Harmonien. Il y avait là une longue vue, et d’autres petits trucs, mais pas de traces de ce fameux compas.

- Un compas comme ça, ça se mérite !

Saladin se retourna, un homme était là, étrangement pale, assez…fantomatique. Un grand chapeau ornait sa tête, des longs cheveux, une barbe, un ensemble assez commun pour un capitaine, détail amusant, il avait un petit singe qui se baladait d’une épaule à l’autre en poussant des petits cris stridents. Le capitaine marcha vers une table ou trônait un petit plat, et attrapa, une pomme dans le plat pourtant vide. Il croqua avidement dans le fruit et mâcha avec un sourire à la fois ravi et vicieux.

- Une pomme… ?

Sans prévenir le pirate lança la pomme à l’Harmonien, Saladin ne bougea pas pensant que le fruit était aussi fantomatique que son lanceur. Mais la pomme toucha mollement son manteau et retomba au sol. La capitaine s’approcha…

- Difficile de croire en l’incroyable, et pourtant sur ce navire tu ferais mieux de t’y habituer…tu veux le compas ?
- Non…
- Oh que si tu veux le compas, tout le monde veux le compas, mais nous ne te laisserons pas faire…pourras-tu te sauver, ou viendras-tu grossir nos rangs ?
- Avant l’aube j’aurais récupérer le compas, et j’enverrais ce bateau par le fond.

Peut-être ne fallait-il pas dire ça, mais l’Harmonien était difficilement impressionnable. La capitaine s’effaça lentement dans un rire long et rauque, il fut suivi dans son rire par tout son équipage fantomatique, qui hurlait, riait, frappait. Saladin serra son bô dans sa main, il s’y attendait après tout, ceci n’aurait rien d’une promenade de santé, il allait fouiller la pièce lorsqu’un grincement attira son attention…sa tête se tourna lentement vers l’entrée, un monstre était là, et heureusement qu’il était seul, ces rators en groupe devenait parfois très énervant. Pourtant le plafond céda et une masse imposante tomba dans la pièce, quelques mètres seulement derrière l’Harmonien…un autre rator. L’unique fenêtre de la pièce du capitaine se brisa alors…

* Et bien entendu…un troisième rator se faufile par la fenêtre…*

La nuit allait être longue pour l’Harmonien, les trois affreux rats tournaient autour de leur proie en cercle tout en se rapprochant de plus en plus. Leurs petits yeux horribles scrutaient chaque geste du guerrier, tous à quatre pattes, toutes griffes sorties, la bave aux crocs, ces monstres n’étaient pas particulièrement durs à tuer, mais devenaient assez dangereux en groupe, et de plus la moindre blessure s’infectait en un rien de temps. Les griffes et les crocs de ces animaux nuisibles étaient les pires nids de bactéries des trois mondes réunis. Saladin détacha lentement son bô du dos, puis le tint en garde, mais d’où viendrait le premier coup, sûrement de l’Harmonien lui même. En effet, la meilleure défense était dans ce cas l’attaque, Saladin bondit vers le premier rator, tandis que les deux derrière lui bondissaient eux aussi. Son bô fendit l’air et atteint le monstre en pleine gueule, le long bâton de fer éclata l’un des crocs du monstre mais eu surtout pour effet de libérer l’entrée. L’Harmonien s’engouffra dans la porte et revint sur le pont le monstre qu’il venait de cogner déjà sur ses talons. Il monta en deux enjambés un petit escalier qui menait à la barre, juste derrière celui ci se trouvait le trou par lequel était tombé le deuxième rator. Saladin s’y pencha, un monstre était en bas plié sur ses jambes afin de s’élever dans un bond fulgurant. Le rator aurait put atteindre le pont si le bô de l’Harmonien n’était pas venu le cueillir tel un marteau dès sa sortie du trou. Le gros rat s’écrasa à nouveau dans la pièce du capitaine, la gueule en piteux état. Mais le premier rat était grimpé par l’escalier et chargea l’Harmonien qui eu à peine le temps de se protéger des crocs de son assaillant. Le choc fut rude, si bien que Saladin fut projeté contre un mat. Il secoua la tête un instant pour reprendre ses esprits, le rat chargeait à nouveau, l’Harmonien s’agrippa à un cordage du mat et bondit hors d’atteinte du monstre qui vint se fracasser le crane sur le lourd poteau de bois. Le deuxième croc du monstre sauta, et l’Harmonien profita de l’aubaine pour frapper l’arrière du crane du rat, réduisant finalement la tête de ce dernier à un gros tas de chair informe.

* Et d’un…l’autre est calmé en bas…mais le dernier…

En effet pour compléter le tableau il manquait toujours le dernier et troisième rat. Saladin regarda à nouveau dans le trou, l’autre était toujours allongé en bas de la pièce, pas complètement mort, mais pas complètement vivant. Mieux valait aller tuer celui là tant qu’il n’était pas trop dangereux, agrippant son bô il sauta à travers le trou afin d’achever le rator. Mais, son corps toujours entrain de tomber, le deuxième rat caché depuis le début, bondit depuis le fauteuil du capitaine et entraîna l’Harmonien dans son saut. Tout deux ils traversèrent la vitre par laquelle était entre l’un des monstres, et en dessous se trouvait la mer. Saladin se voyait déjà plongé dans une eau froide, avec un monstre qui n’aurait de cesse d’enfoncer ses crocs et ses griffes dans sa chair, l’eau salée n’allait vraiment pas arranger l’état de telles blessures. Seulement il y a des fois ou la chance vous sourit, une corde du mat pendait là à un petit mètre du duo homme et bête, l’Harmonien d’un léger coup de bô éloigna la créature et s’appuya même sur elle pour bondir sur la corde. Dans un élan suprême, la main de Saladin se referma sur cette corde rugueuse qui lui déchira quelque peu la paume, mais qui au moins lui évitait un bain forcé avec un rator. La bête elle tomba dans l’eau, dans un gros plouf, l’Harmonien lui grimpait à la corde. Il se tint comme il put et attacha son bô dans le dos, pouvant plus facilement manœuvrer pour remonter. Son ascension fut pourtant troublée par un cri suraigu et affreux, il baissa, les yeux, apparemment le rator n’aimait pas l’eau, la pauvre bête se débattait de toute son âme pour essayer de regagner le vaisseau. Bien entendu, tout un chacun s’entendrait pour dire que la bête ferait bien de mourir noyée, mais ce n’est pas toujours le cas. En effet, le rator, à force de coups et de gris réussi à planter l’une de ses pattes griffue dans la coque du navire, puis une autre…et là ses yeux petits plongèrent dans ceux de l’Harmonien, elle allait le tuer. Saladin, sentant que le monstre ne lui ferait pas de cadeaux, grimpa sur cette corde plus vite qu’il ne pensait être capable de le faire. Il voulut sauter sur le pont, seulement la bête en furie s’y trouvait déjà, toute mouillée. Si il avait voulu faire de l’humour, Saladin aurait bien regardé ce gros rat, tout trempé, l’air fou, mais ce n’était pas le moment. Il grimpa encore à la corde, aussi vite qu’il pouvait, arrivant enfin en haut du mat, là il grimpa sur des cordages attrapant son bô. La bête tournait, une quinzaine de mètres plus bas, autour du mat, regardant ce monstrueux humain qui avait osé la pousser à l’eau. Saladin, en haut, murmura, tout en tenant fermement son bô.

- Allez…viens…

La bête poussa un cri, l’assaut final commença. Elle bondit sur le mat, et grimpa à toute vitesse sur ce dernier, ses griffes étant assez puissantes pour s’agripper au bois. Elle monta à une vitesse surprenante, tandis que Saladin la regardait, n’arrêtant pas de dire « Viens ! Viens ! » de plus en plus fort. Le rator bondit sur Saladin alors qu’ils n’étaient plus tout deux qu’à trois petits mètres de distance, et dans un cri l’Harmonien bondit lui aussi. Le bô de l’Harmonien s’enfonça dans la gueule du monstre et il posa ses pieds sur le buste du monstre, ils chutèrent ensemble, mais ce fut le monstre qui toucha le premier le sol. Le poids de la chute fit exploser le plancher et le duo s’écrasa lourdement dans la pièce du capitaine, l’Harmonien sur la bête, ses pieds lui enfoncèrent la cage thoracique, son bô traversa sa gueule et se planta dans le plancher. Une forte poussière s’éleva, le silence retomba. Saladin se tenait là, debout sur le monstre, victorieux. Il retira son arme de la bouche du rator dans un bruit de sussions assez horrible et s’écroula. En effet, même si le gros du choc avait été amorti par le corps de la bête, l’Harmonien avait les jambes flageolantes, et cette chute lui avait fait une belle peur. Il s’allongea par terre, à coté du monstre mort et souffla un grand coup…un peu de repos. Oui du repos si la bête qui était allongé là depuis le début du combat, celle qui avait voulu l’attaquer en sortant du trou ne s’était pas réveillé à cet instant. Ce troisième et dernier monstre s’était levé et avait sauté sur Saladin sans ménagement, enfonçant ses griffes dans son abdomen, ce à quoi l’Harmonien ne put s’empêcher de pousser un cri. La bête était à quatre pattes sur lui, la gueule grande ouverte. Le coup que lui avait porté précédemment Saladin lui avait réduit une oreille en lambeaux, et l’un de ses yeux pendait lamentablement hors de son orbite.

- MAIS CREVES !!

La main de l’Harmonien enserra la gorge du monstre de toute ses forces, le rator lui même dans son petit esprit étriqué fut lui même surpris de voir un hominidé déployer une aussi grande puissance. Saladin plaça son autre main juste devant la gueule de la bête suffocante, et dans sa main une boule verte aussi grosse qu’une ballon de football apparue. La boule frappa le monstre en pleine face et à bout portant, le rator fut expulsé contre une grosse armoire et poussa un cri horrible…le monstre resta là, le visage à moitié carbonisé, de la fumée s’échappant de sa bouche, et dans un dernier spasme, le troisième et ultime rator rendit l’âme. Saladin se releva, chancelant, les plaies aux ventres n’étaient pas profondes mais elles allaient vite s’infectées. L’Harmonien sorti de la pièce du capitaine, il y avait bien du rhum, ça ferait un très bon désinfectant, et aussi, il fallait aussi trouver ce satané compas.

Le plus ennuyant, au final, restait cette fichue blessure à cause de ce sale rat…franchement, faire preuve de si peu d’attention, s’allonger au sol alors qu’un rator à demi conscient est allongé deux mètres à coté, il fallait être fou, ou complètement crevé. Dans ce cas là, il ne s’agissait d’aucune de ces deux conclusions, en réalité les jambes de Saladin tremblaient tellement qu’il ne se sentait plus capable de tenir debout. Quoiqu’il en soit, maintenant il était descendu à la cale, et avait percer d’un coup de poing l’un des tonneaux puant le rhum à plusieurs mètres à la ronde. Il sortit de l’une de ses poches un linge blanc et le trempa totalement dans le rhum vieux d’aller savoir combien d’années. Lorsqu’il plaça l’alcool sur ses plaies à l’abdomen, l’Harmonien pourtant adepte de la chose ne put réprimer un gémissement de douleur. C’est cet instant peu recommandé que choisit le capitaine et son petit singe pour réapparaîtrent, le capitaine était accoudé sur le tonneau percé, tout près de Saladin.

- Surprenantes tes petites pirouettes avec ces vermines, mais on dirait que l’on souffre…une femme à bord ?
- Je…t’ai pas sonné…
- En plus, en voilà des façons, gaspiller un si bon rhum, tu devrais avoir honte !!

Le capitaine avait terminé sa phrase sur un ton plus dur, et avant que Saladin n’ai le temps de faire le moindre geste, il sentit la main, froide, mais bien réelle du marin venir lui tâter la plaie de la façon la plus brusque que l’on puisse faire. L’Harmonien sous la douleur voulu pousser son agresseur fantomatique, mais autant la main était réelle, autant le bras de Saladin passa au travers du corps de son agresseur. Lentement, sous la douleur, le flageolement des ses jambes recommença, un genou toucha le sol tandis que son bras s’agrippait en haut du tonneau.

- La douleur te ferait-elle abdiquer petit homme ?

Le plus vexant était qu’en plus des brimades du capitaine, Saladin pouvait entendre les rires gras des autres matelots s’entrechoquer dans toute la cale, une véritable capharnaüm de rire et de moqueries, et il était la cible. Il n’allait qu’en même pas se laisser faire, si la main était réelle…il attrapa la main du capitaine qui lui enfonçait toujours ses doigts dans la plaie, et oh joie, la main était solide. Mais dès le premier contact, le capitaine se dissipa pour se re-matérialiser assi sur un canon. L’Harmonien se releva et lava à nouveau sa plaie avec le linge détrempé de rhum, puis il jeta le torchon imbibé sur le capitaine, ce dernier ne broncha pas le moins du moindre vu que le projectile lui passa au travers. Saladin plongea sa main dans l’une des poches de son manteau et en tira une petite allumette qu’il gratta sur le tonneau, elle s’enflamma et finalement vint brûler la plaie soignée au rhum. Bien entendu se faire cramer une partie de la peau n’avait rien d’amusant, d’où cette fois ci le cri de douleur que poussa Saladin…mais la douleur se dissipa vite, et il se releva, presque plus en forme que lorsqu’il était entre dans la cale, cette provocation de la part du chef de ce rafiot lui avait donné encore plus envie de trouver ce fichu compas.

- Je suppose que…que tu ne me diras pas où se trouve le compas…
- Tu viens pour me voler, pourquoi un pirate renseignerait-il un homme qui aurait l’intention de lui dérober quelque chose, débrouilles toi…et surtout tentes de survivre.
- Il y a d’autres festivités après les rators ?
- Il y a mes petits…et surtout, ELLE ne devrait plus tarder…
- Elle ?!

Pour toute réponse, le capitaine se mit à rire, mais cette fois ci plus doucement, plus calmement, un rire plus malsain que joyeux. Il y avait une chose dans le coin qu’apparemment il valait mieux craindre, mais Saladin était du genre à dire « Qui vivra verra ! ». Il entama donc la recherche du compas dans la cale, il regarda dans chaque recoin, sous les canons, déplaça quelques boulets pour vérifier en dessous, vida une grande quantité de sac de provisions pour voir si le compas n’était pas caché dans l’un deux, il se refusa par contre de casser les tonneaux de rhum, l’odeur dans la cale aurait été insupportable, ainsi que les barils de poudre, trop dangereux. Au bout d’une bonne heure il s’assit sur un canon, relevant quelques signes de fatigue, pas corporelle, juste cette fatigue des premiers instants qui vous donne envie de plonger votre tête dans un oreiller, mais…au delà de ça, l’Harmonien était déterminé à continuer ses recherches. Tandis qu’il plongeait sa main dans une autre poche de son manteau d’ou il sortit une gourde d’eau, il songea à l’extérieur. Il ne connaissait pas grand monde, et le monde était grand, pourtant il aurait bien quelque chance de tomber sur ses quelques connaissances…en particulier Chiyo. Une demoiselle d’Umbra qui lui avait laissé une trace indélébile dans le corps. Mais pourquoi il pensait à ça maintenant, mieux valait se concentrer, à en croire le capitaine fais-moi-peur, le rafiot était infesté de saloperie en tout genre. Un vrai cirque des horreurs, et il fallait le croire, il y avait déjà eu trois rators après tout. Et quoi d’autre ? Peut-être ce petit galopin qui l’épiait sournoisement…ce petit galopin qui l’épiait sournoisement ?!!

* Et merde…*

Un léger vent de panique souffla sur l’Harmonien, il agrippa solidement son bô, rangea la gourde et se mit debout…le galopin voyant l’homme bouger s’enfuit à toute vitesse et disparu bientôt sur l’escalier. Bête petite et faible, ces choses étaient féroces comme pas deux, et jamais seules…rencontrez un galopin, vous pouvez être sûr qu’une petite dizaine se promène non loin. Et c’est ça qui inquiétait l’Harmonien, un jour un paysan lui avait demandé de retrouver sa chèvre, un certain Seguin, quelle peste cet homme, Saladin était tombé sur un groupe de galopins qui faisait rôtir la chèvre en question à la broche, l’Harmonien ravagea le barbecue et ceux qui comptaient en profiter, et dans les cinq minutes qui suivirent débarquèrent, peu enclines à laisser Saladin manger la chèvre…30 galopins qui vous attaquent, c’est assez monstrueux, surtout quand on a le ventre plein de chèvre rôtie. Encore une fois il s’était bien sorti de cette merde de situation, non sans séquelle, en revanche Seguin fut très triste…par sympathie pour l’épreuve qu’avait dut endurer l’Harmonien, il lui offrit le gîte durant deux jours, le temps pour lui de se remettre de ses blessures. Mais à cet instant, il n’y avait pas de chèvre, ni de Mr Seguin, seulement les galopins…les galopins, car il les entendait, sur le pont ils marchaient sans la moindre discrétion. Et leur pas s’approchaient lentement de l’escalier qui menait à la cale. A les entendre comme ça, Saladin paria entre 10 et 15 galopins, le destin lui donnerait raison ou tort. Mais il n’allait pas les attendre comme ça, faisant vite, il pointa l’un des canons vers l’escalier et courut chercher un boulet, il chargea son arme, terminant le tout alors que les trois premiers galopins étaient arrivés au milieu de l’escalier…il gratta une autre allumette et enflamma la mèche. Le temps que la mèche ne se consume entièrement, deux autres galopins avaient suivis, et le coup fit mouche. Le boulet meurtrier faucha les cinq petites bêtes, le plus proche fut presque pulvérisé, les quelques autres eurent seulement un morceau arraché, mais les blessures dans l’ensemble les tuèrent sur le coup. La confusion s’installa dans le groupe et c’est ce moment que choisit l’Harmonien pour charger, faisant tournoyer son bô entre ses mains, il grimpa l’escalier en deux enjambées…surprise. Son bô faucha trois d’entre eux…mais à coté de ça, il y en avait bien une dizaine d’autres sur le pont, et au moins une autre dizaine entrain de grimper sur le rafiot. Mais maintenant qu’il s’était jeter dans la mêlée, faire demi tour signifiait la mort, et ça c’était bien la chose qu’il voulait éviter. En furie, il se jeta au milieu des galopins tout aussi furieux et la bataille commença. Pas de description pour un tel carnage, Saladin s’avérait plus rapides, plus fort, plus habiles, il frappait avec précision et force avant même que les bêtes ne lui portent le moindre coup, de temps en temps son bô paraît un coup faible pour en placer un autre bien plus fracassant. Pourtant, au bout de cinq minutes d’affrontement, seul six d’entre eux était tombés, les autres étaient toujours là, des troupes en forme là où Saladin se fatiguait…il gesticulait trop le pauvre. Un galopin désarmé lui agrippa bientôt la jambe, et le tira de toute ses forces en arrière, l’Harmonien ne céda pas, mais fut déconcentré, donc une autre bestiole en profita pour se jeter sur son bras…essayer de manier efficacement un bô à une seule main. Saladin recula de quelques pas sous la prise de ses deux sangsues, revenant bientôt au bord de l’escalier, un coup d’épée d’une de ses bestioles passa tout près de lui, par crainte il recula, chancela et roula dans l’escalier, se retrouvant bientôt face contre terre dans cette cale sordide. Il ne s’en rendit compte qu’une fois par terre, sa blessure à l’abdomen n’était peut-être pas infecté, mais à force de bouger elle le lançait méchamment.

* Chier…relèves toi imbécile…*

Complètement étendu, dans la position la plus faible qui soit, une bête lui entailla le dos avec son épée, une longue blessure de l’épaule au rein, un cri de l’Harmonien. Il se retourna plus furieux que jamais assénant un coup de bô monstrueux sur le crane du petit monstre, et se releva aussitôt, en fauchant deux autres venus pour l’attaquer…la totalité des galopins étaient là, dans la cale, un peu plus d’une dizaine…il en tuerait 7, 8…et mourrait. Mais il n’en avait toujours pas l’intention…il se rua à nouveau sur eux, et un large coup circulaire de bô eu raison de cinq d’entre eux placés en première ligne, les autres, toujours un peu plus furieux à chaque fois qu’une de leur camarade tombaient, se ruèrent sur Saladin. La lutte reprit, fracas et bris d’arme, un galopin tomba, deux galopins tombèrent plus que sept, une blessure pour Saladin sur la cuisse, un autre galopin meurt, une entaille pour l’Harmonien sur l’épaule, une autre à l’abdomen sur la blessure qu’il avait déjà, une autre au mollet, un dernier galopin meurt…plus que cinq. Saladin recula, chaque entaille laissait échapper des filets de sang, peu important maintenant, mais qui à la longue mettrait sa vie en danger…et il était fatigués, ces cinq là étaient fou furieux, comme en transe, il frappaient sans relâche, sautaient, hurlaient…des galopins en mode berserk ! Là ils ne bougeaient plus, ils voyaient leur ennemi, fatigué et blessé. Saladin recula, et buta contre quelque chose, le fameux tonneau de rhum qu’il avait percé…il tomba à terre, à genoux devant ses agresseurs. Des petits cris échappèrent de la bouche des galopins, vu le son cela faisait penser à de la satisfaction, une profonde satisfaction. L’Harmonien lacha son bô qui roula une vingtaine de centimètres devant lui…vaincu. Les galopins bondirent comme un seul homme, ou plutôt une seule bête sur Saladin, épées en avant. La mort…non, dans un cri de rage, l’Harmonien déplia les bras et bomba le torse, de son propre corps une puissante et intense onde de choc balaya toute la cale, les galopins furent les premiers touchés, leurs os furent broyés, leurs épées se brisèrent, et ils tombèrent mort une fois que l’explosion fut passée sur eux. Les canons furent tous renversés, les boulets s’éparpillèrent un peu partout, les divers tonneaux éclatèrent déversant rhum et poudre un peu partout, les provisions furent écrasés, pressés, anéanties, la coque du navire subie une pression sans pareille, à l’extérieur, des morceaux de bois cédèrent et furent projeter dans l’eau, des clous sautèrent même pour aller rouiller dans la mer. Le carnage était complet, mais le combat venait de prendre fin.

- Faut…pas trop m’ emmerder…

Saladin ramassa son bô, essoufflé il jugea de l’état de ses blessures, pas trop grave, Maintenant qu’il ne se battait plus, le sang coulerait moins vite, les entailles finiraient bientôt par coaguler. La seule assez grave était sûrement celle dans le dos, elle saignerait un peu plus longtemps…pas besoin de se soigner, il avait été aspergé de rhum et il sentait les picotements de l’alcool partout sur ces blessures. Il se releva lentement, le jour se lèverait maintenant dans deux petits heures, il ne fallait pas tarder. Quand le jour se levait, le bateau disparaissait avec le compas, et le contrat de Saladin ne tenait que jusqu’au lendemain.

* Pas question d’avoir fait tout ça pour rien…je me casse pas le…je ne me fatigue pas autant pour au final ne rien recevoir…cherchons encore…

Saladin était retourné sur le pont, des cadavres de galopins gisaient ça et là, c’était assez glauque à voir, même quand on en était l’auteur. Il devait se reposer, rien qu’une peu, juste cinq petites minutes le temps de vraiment reprendre son souffle. C’est vrai quoi, on avait beau être un combattant confirmé, après un tel assaut on ne pouvait qu’avoir besoin de repos, les bras d’une femme aussi pourrait être sympathique, une doctoresse de préférence qui en même temps qu’elle vous soignerait vos plaies vous offrirait le plaisir mutin de reluquer son décolleté pigeonnant. Encore une fois Saladin s’était embarqué dans un délire, ça lui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps, il avait vraiment besoin de revenir à la civilisation. En tout cas, la sensation de tout ce rhum dégoulinant sur son corps n’avait rien d’agréable, d’une part parce que l’odeur était insoutenable, d’autre part parce que l’alcool, inondant ses plaies lui picotait méchamment le corps. C’était de sa faute aussi, il avait lui même créé cette explosion, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. De toute façon, si il n’avait pas agi ainsi, il serait sûrement mort à l’heure qu’il est…ce pouvoir de l’arcane, il l’avait pas mal intensifié durant son long voyage, il était plus fort, plus rapide, et sentait en lui ce quelques chose de magique. La puissance était un véritable enjeu en fin de compte dans ce monde, si on était faible on ne survivait pas…c’est vrai, prenez un paysan, quand des rators attaquent son troupeau et qu’il va le défendre, il y a de fortes chances pour que le paysan mange les pissenlits par la racine accompagné par ses quelques vaches. Alors que, un guerrier confirmé, comme pouvaient l’être Saladin et bien d’autres, contre quatre, cinq, six, et même plus de ces vermines, avaient de bien plus fortes chance de s’en sortir. Une fois toute ces pensées terminées, Saladin se mit debout et s’étira quelque peu, les quelques plaies ne saignaient plus, à part celle dans son dos, mais ce n’était pas encore trop grave. Son souffle était revenu, près à trouver ce fichu compas dans les deux heures qui lui restaient avant le lever du jour. Et là, adossé contre le mat principal, une présence qui lui était presque devenue familière, le capitaine du navire fantôme.

- Je suis toujours pas mort…
- Je vois ça, tu en as bien de la chance, d’autres auraient déjà succombé à ta place !
- Je connais pas mal de gens qui, comme moi, ne serait pas impressionnés par ton rafiot…
- Tu dis ça parce que tu n’as pas encore fait connaissance avec la plus merveilleuse des surprises du coin…crois moi, vas-t-en, il serait dommage que tu y restes…
- Parcequ’il reste encore quelque chose…c’est bizarre j’en étais sûr !
- Fais le malin, lorsqu’elle sera là, tu ne riras plus, tu auras envie de pleurer, tu te repentiras, tu peux en être certain !
- Nous verrons…

Les plaisanteries, les moqueries, les sous entendus du capitaine fantôme commencèrent à sérieusement agacé l’Harmonien, mais impossible de lui filer un bon coup de bô, ça lui passerait sûrement au travers. Mais dans le fond, avait-il raison, il n’était pas impossible après tout qu’une énième chose se promène dans le coin, attende son heure pour surgir. Saladin prit une bonne résolution, plus vite il trouverait ce compas, et plus il aurait de chance de ne pas tomber sur cette fameuse dernière surprise.

- Tu sais, le monde n’est plus ce qu’il était, qu’est-ce que je vois, Umbra relié au deux autres mondes, toi même tu es un intrus ici…autrefois nous étions sanguinaire, maintenant, qu’est-ce que je vois, des Luciniens, des Harmoniens et des Umbriens, pratiquement mains dans la main pour combattre des esprits fouteurs de troubles, j’espères bien que ces esprits réussiront à semer les graines du chaos sur tout ce joli spectacle…quoique, nous pourrions bien tous en souffrir.

Sur le coup Saladin fut surpris, ou était passé de moqueur, le sarcastique capitaine du navire, voilà qu’il se laissait aller en mélancolie et nostalgie…remarque, en tant que fantôme, il avait bien dût être humain un jour. Pour ce qui était de ces fameux esprits, le fantôme en savait plus sur la situation que Saladin lui même, quelques infos étaient toujours utiles, mais venant d’un être spectrale, ça rendait à l’info un coté presque mythique. Saladin s’approcha du bord du navire.

- Je ne sais pas de quoi serons capable ces esprits, mais en effet, il y aura toujours quelqu’un pour les combattre…certes nos trois peuples sont très différents, mais si il y a bien une chose identiques à tous…c’est l’envie de survivre.
- C’est peut-être de dont j’ai manqué…remarque je me faisais vieux !

Un silence pesant s’installa, c’était assez gênant d’entendre un revenant parler de sa mort, mais bon, c’est presque comme quand un vivant parlait de son anniversaire…dans un certain sens. C’est seulement à ce moment là, sur le pont du navire, regardant la mer, que l’Harmonien remarqua que le bateau s’était déplacé, en effet la légère brise qui soufflait avait gonflée les voiles, et le rafiot avançait très lentement à la surface de l’eau lisse comme du verre. Il tourna son regard vers là côte, si le bateau voguait trop longtemps, un retour à la nage serait bien trop épuisant…et puis cette mer devait être pleine de saloperie. Saladin courut alors jusqu’à l’escalier, il lui restait encore la dernière cale, cette tout en bas du bateau, à fouiller.

- Tu es pressé n’est-ce pas, tu n’as pas envie de te mouiller pour rentrer ?

Saladin ralentit le pas, mais ne répondit pas, apparemment le petit coup de mélancolie du capitaine était passé. L’Harmonien était arrivé à l’escalier lorsque la brise se renforça quelque peu, et elle était plus glaciale que jamais, un froid pas vraiment normal…cette fois ci par contre il resta immobile. Il sentait le froid, glacial et paralysant, s’insinuer partout dans son corps, le brise si fraîche lui picotait le yeux. Il se tourna vers le capitaine qui affichait un petit sourire en coin, vicieux et satisfait.

- La voilà…

Lentement le capitaine se dissipa, et en même temps le froid s’intensifia, et une peur s’installa dans Saladin, lui même n’avait pas peur, c’était plutôt comme si une chose autour de lui, une force le contraignait à craindre son milieu, craindre ce qui allait arriver. Si cette force existait, elle avait réussi son coup, une goutte de sueur perla sur son front, pourtant il avait si froid, ses yeux allaient de droite à gauche, cherchant l’ennemi, car ennemi il y avait. Et le monstre apparu, lentement derrière lui elle se posa sur le pont, comme descendue du ciel, Saladin le savait, il se retourna lentement. L’un des pires monstres que l’on pouvait trouver, et ce sur les trois mondes confondus, l’une des créatures les plus puissantes mais aussi l’une des plus meurtrières. Elle n’avait goût que pour la mort et se plaisait à la répandre partout où elles allaient. Saladin en avait déjà rencontré une, il y avait bien longtemps, mais il avait put fuir tandis que ce monstre massacrait tout un village. Seule elle avait anéantie le village, sa population et ses gardes. Et il y en avait une, là, à seulement un petit mètre de l’Harmonien, le toisant de toute sa hauteur, ses yeux étant à peine visible dans le halo vert qui lui servait de visage. Saladin connaissait maintenant cette fameuse surprise, ce monstre final, ce rafiot était le repère d’une liche du néant. Le problème avec les liches, c’est qu’en plus d’avoir des pouvoirs de contrôle très puissants, elle étaient capable de maîtriser tout types de magie. Quel était le pouvoir de celle ci ? Soudain, avant même qu’il n’ai put faire le moindre geste, la liche leva son arbre, et une sorte de flèche de glace lui transperça l’épaule gauche. En plus de lui causer une sérieuse blessure, la vitesse du projectile le projeta aussitôt au sol, et alors qu’il était allongé au sol un autre de ses glaçons meurtriers vint se planter dans la paume de sa main gauche…il poussa un cri, la liche rampa vers lui et se pencha sur son corps.

- Tu ne survivras pas à cette nuit…

La liche avait parlé, c’était vrai alors que ces monstrueuses expériences de la magie pouvaient causer, selon l’Harmonien, ceci classait ces monstre déjà très dangereux dans la catégorie des dangers de premier ordre. Mais il ne voulait pas mourir, une liche il ne manquait plus que ça…il s’en foutait du compas maintenant, il devenait évident que ce rafiot n’était vraiment pas l’endroit où il fallait mettre le pied. Il se jura de se relever, de s’en aller, quitte à fuir comme un lâche, mieux valait être sage que fou. Il serra le poing de sa main meurtri par la flèche de la glace et la brisa entre ses mains, profitant de l’effet de surprise, il envoya une boule d’arcane en pleine face de cette chose…un autre point ennuyeux, les liches ne craignaient que la magie, son bô était complètement inutile. La boule d’arcane explosa au visage de l’abomination, Saladin roula sur le sol et se releva avec une belle pirouette avant de courir vers le bord du bateau…le but étant de sauter à l’eau…mais une fois au bord, il s’immobilisa. La liche avait utilisé des flèches de glace, et ce pouvoir…tombait très mal, en pleine mer, sur un bateau, Saladin allait devoir survivre, puisque affronter serait un bien grand mot, survivre à une liche contrôlant l’eau et la glace. Il chargea une boule d’arcane dans chacune de ses mains et les envoya sur son ennemie, qui les contra avec un simple mur d’eau. La différence de puissance entre les deux êtres étaient vraiment flagrante. Saladin, dos à la mer ne vit pas que la liche venait de créer une vague haute qui submergea le bateau, l’Harmonien fut emporté par le rouleau et se cogna durement contre le mat, sous l’eau il cria, deux de ses cotes venaient de se briser. Puis l’eau s’écoula en dehors du bateau, ce dernier tanguait dangereusement, la liche se reposa au sol. Saladin lui se releva péniblement, s’agrippant de sa main valide à l’un des cordages, la liche chargea, tenant dans chaque main des sortes d’épées de glace, Saladin ne pouvait esquiver…la liche frappa, et à nouveau l’Harmonien déclencha une onde de choc d’arcane, la glace se brisa sous le choc et la liche fut projeter en arrière pour finalement atterrir sur le cadavre d’un des rators dans la pièce du capitaine. Les voiles furent déchirées, les mats les plus fins se brisèrent avant de tomber à l’eau, le plancher du pont subit une forte pression et craqua à plusieurs endroits. Saladin s’agrippait toujours à sa corde, la souffle court.

* Une solution…trouve une solution…*

Il fallait réfléchir vite, la liche s’était déjà relever, et juste devant elle se formait une boule d’eau tourbillonnante. Vu le critique de la situation, il n’était pas facile de réfléchir. La douleur des blessures, la respiration saccadé, et cette insupportable odeur de rhum n’arrangeaient rien à l’affaire…odeur de rhum ! Il tenait son idée, Saladin se permis même un sourire à cette idée, en effet il pouvait s’en sortir…mais il lui manquait beaucoup de détails. Retrouvant des forces à l’idée de pouvoir en finir, il évita de justesse la boule d’eau qui vint se planter dans le mat, et chose surprenante, au lieu que la boule d’eau ne s’éclate contre le bois, la partie du mat qui fut touchée fut réduite en morceaux et tourbillonna ensuite dans la boule, cette dernière dépassa le bateau et alla mourir en mer. Tandis que le mat tombait, Saladin sortit une allumette de sa poche et la porta à sa bouche, mais il prit trop de temps, la liche était au dessus de lui, tenant une sorte de poignard de glace dans la main, cette fois ci il ne put pas éviter. La lame glacée s’enfonça profondément dans son abdomen, légèrement en dessous du foie, un filet de sang coula de sa bouche, il ne bougeait plus.

- Tu es fini !

Saladin allait mourir, non, ses lèvres ensanglantées s’étirèrent en un sourire en coin de pure satisfaction, serrant l’allumette entre ses dents, sa main gauche enserra son poigner droit et il éleva sa main sur ce qui pouvait être considéré comme le torse de la liche. Et au bout de chacun de ses cinq doigts apparurent de petites sphères d’arcane. Le monstre retira alors le poignard de glace, et le leva bien haut pour porter un coup fatal, mais Saladin hurla et les cinq sphères frappèrent le monstre, le faisant reculer, et à peine ces cinq boules furent lancées que d’autres apparurent et furent lancées à leur tour et ainsi de suite. L’Harmonien, tout en hurlant de rage, envoyait toutes ces sphères à une cadence effrénée et sans la moindre interruption faisant reculer encore et encore le monstre qui ne semblait pas apprécier le traitement. Mettant un pied devant l’autre, Saladin avança toujours en continuant son attaque, la liche reculait…et tomba par l’escalier, étalée dans la cale. L’Harmonien arrêta alors son attaque, et gratta l’allumette…la liche se releva, regarda autour d’elle, et regarda Saladin. Il tenait une allumette, la cale était pleine de rhum et de poudre, la liche au milieu de tout ça.

- Bye bye !

Il jeta l’allumette dans la cale, le rhum prit feu, de grandes flammes se répandirent partout, encerclant l’abomination, Saladin lui courait déjà sur le pont et plongea dans l’eau, sa dernière chance était de nager jusqu’à la plage à un petit kilomètre de là. Il tomba dans l’eau, fit quelques longueurs, même si son bras gauche lui faisait un mal de chien il était poussé par une force merveilleuse appelée l’instinct de survie. La liche gesticulait au milieu des flammes, apparemment apeurée, elle ne savait même pas que sa proie avait bondie hors du bateau. Les flammes touchèrent alors la poudre elle aussi répandue sur le sol…le bateau éclata, mats, voiles, boulets de canons, pointes, débris de planches furent expulsés dans l’eau, dans les airs, un vrai feu d’artifice. Saladin lui nageait de toute ses forces, se disant qu’il pourrait crier sa victoire une fois allongé sur le sable…les vagues produites par l’explosion le poussèrent, il atteint rapidement la plage. Se traînant lamentablement sur la rive, il fint par s’allonger, les vaguelettes atteignaient ses pieds, son regard se perdit dans le ciel un peu plus clair qu’auparavant.

* Un peu de repos…j’ai besoin…d’un peu de repos…*

Allongé sur le sable, à bout de soufflé, blessé et meurtri…avait-il encore la force de se lever, en plus il n’avait même pas trouvé le compas. Il se retourna tant bien que mal, roulant plus sur le sable humide qu’autre chose, sa main droite s’enfonça dans le sable et le souleva difficilement, mais il parvint finalement à se mettre à genoux. Saladin avait des blessures multiples, des cotes cassées, un trou en dessous du foie, un autre à l’épaule et un dernier dans la main gauche. Pour ainsi dire, l’Harmonien était en piteux état, chaque blessure le faisait souffrir, et les plus graves saignaient trop, bientôt il aurait perdu trop de sang pour pouvoir bouger…il fallait qu’il aille ailleurs, trouver du secours. Posant sa main encore valide contre sa plaie au ventre, il se releva difficilement, et tituba une fois sur ses jambes. Sa vue se brouillait, mauvais signe…mais malgré cela, il apercevait cette forme, maintenant connue…le capitaine fantôme était là, sur la plage. Saladin eu un petit rire, allez savoir ce que ce rire voulait signifier. Le fantôme s’approcha, et posa sa main sur l’épaule de l’Harmonien qui n’eu même pas le force de reculer. A cet instant, la douleur disparue, ses yeux retrouvèrent toute leur clarté, ses jambes ne tremblaient plus, son cœur s’était calmée, sa respiration avait repris un bon rythme. Il tata ses blessures, elles ne saignaient plus, mieux, elle s’étaient refermées. L’Harmonien leva les yeux d’un air interrogateur vers son sauveur pour le moins original.

- Pourquoi ?
- Je n’aurais aucun mérite à tuer un homme autant affaibli.

Le capitaine s’écarta de quelques pas et tira son sabre d’abordage du fourreau, une chose faisait penser à Saladin que la lame du fantôme ne lui passerait pas au travers. L’Harmonien serra son bô entre ses mains, un duel, le capitaine voulait son duel…

- Non, pas de bâton, prends plutôt ceci !

A seulement un petit mètre devant lui, un autre sabre d’abordage apparu, il planta son bô dans le sol et empoigna le sabre, heureusement pour l’Harmonien, l’escrime était aussi l’un de ses talents. Le capitaine salua son adversaire et attaqua, le premier coup fut paré, la joute serait longue. Ce combat n’avait rien d’extraordinaire, ce n’était que de lame ordinaire qui s’entrechoquait, les coups n’était pas non plus portés à une vitesse effarante, pas de pouvoirs magiques, rien qu’un simple duel, un véritable langage de l’acier entre deux hommes. La capitaine se débrouillait merveilleusement bien, habitué à cette arme il frappait avec précision et habileté, Saladin n’arrivait pratiquement pas à contrer, il se contenter de parer chaque coup lui étant destiné, et à ce petit jeu, il maniait sa lame comme un chef. A l’horizon, le ciel commença à prendre une teinte rose, signe du prochain lever du jour. Saladin compris une chose, lorsque le soleil serait là, le capitaine disparaîtrait, il lui suffisait de tenir jusque là, et il jugea que cette tache ne lui poserait pas trop de problèmes. Pourtant le capitaine semblait vouloir en finir, il donna des coups moins précis, mais plus violents, ses attaques devenaient plus dangereuses, mais laissaient plus d’ouverture à l’Harmonien. Puis, le capitaine donna un grand coup vertical, Saladin fit deux pas de coté pour éviter la lame, et son propre sabre vint se poser sur la gorge du capitaine, un filet de sang coula, tout petit, tout fin. Le capitaine comprit qu’il était vaincu, il lacha son arme.

- C’est du sang que je vois là…les fantômes peuvent être tués…
- Oui, alors ne traînes pas !

Saladin leva sa lame et…la planta dans le sable.

- Pourquoi ?
- Parce Que je perdrais tout mérite à tuer un homme qui m’a sauvé la vie…

Le capitaine sembla un instant surpris, et éclata d’un rire long et gras, un vrai rire de pirate. Puis il se tourna vers la mer, le soleil pointait ses premiers rayons.

- Au moins je me serais amusé avec toi, tu es surprenant !
- Et toi tu es bien étrange, tu fais en sorte que je meurs toute la nuit sur ton bateau, et tu me sauves la vie ensuite…tu aurais put me tuer sans problème, après tout j’ai détruit ton bateau.
- Réveilles-toi petit, nous sommes un équipage fantôme dans un navire fantôme, la nuit prochaine mon vaisseau sera à nouveau là sur cette mer, aussi intact qu’à ton arrivée, j’espères juste que tu reviendras nous voir !
- Histoire d’essayer à nouveau de me tuer ?
- Hey, j’ai pas les mains sales dans l’histoire, les choses qui sont venues s’en prendre à toi n’étaient que des créatures poussées par l’envie de tuer…moi je suis juste là…pour faire peur aux touristes disons.
- Alors je reviendrais peut-être, un jour où je serais plus puissant…
– Alors nous nous amuserons…je dois te laisser, le jour est ma fin !

En effet, le soleil était là, petite sphère ronde à l’horizon, le capitaine se dissipa lentement dans un rire joyeux qui sembla envelopper toute la plage. Saladin regarda cet être spectrale disparaître, et sourit de bon cœur, énigmatique. Il se promit pourtant de ne pas remettre les pieds sur le navire de si tôt…petit pincement, il n’avait pas le compas. Le soleil dardait maintenant ses rayons sur la plage, l’eau faisait miroir et l’endroit tout entier devint éclatant, et là, dans le sable, à l’endroit même ou le capitaine se tenait quelques instants plus tôt, le compas. Saladin se jeta dessus et regarda l’horizon, sûrement une sorte de récompense pour les efforts fournis. Durant la matinée, Saladin avait couru jusqu’à chez son contractant, et le pécheur fut particulièrement content de posséder ce compas, il récompensa grandement l’Harmonien en lui offrant une belle quantité d’argent et un sabre d’abordage du plus bel effet, lame parfaitement aiguisée, fourreau en bois d’ébène, et garde sertie de petits coquillages bleus. Il était ni trop lourd, ni trop léger, sa lame contenait, en plus de l’acier habituel, un extrait de pierre marine extrêmement solide, de plus, malgré les coquillages, la garde avait été faite parfaitement pour tenir dans la main. En plus de ça, le pécheur invita l’Harmonien à déjeuner chez lui, ce repas du midi composé de poissons et crustacés fut fort à l’honneur pour Saladin qui se rassasia suffisamment pour récupérer de sa nuit dantesque. Aux alentours de 14h, l’Harmonien salua une dernière fois le pécheur, et s’en alla, sabre accroché à sa ceinture, son bô attaché dans son dos. Il allait trouver un portail, sa première destination serait Harmonia, et son premier objectif, trouver quelqu’un qui pourrait lui parler de tout ce qui s’était passé durant son long voyage.

* Je me demande ce qu’il va advenir désormais…d’autres combats sûrement…la destinée des trois mondes est entre nos mains…à tous !*

Arpentant les sentiers avec fougue et entrain, Saladin quittait sa retraite, bien décidé à reprendre du service, les trois mondes connaîtraient bientôt son nom, il se voyait déjà en héros, en sauveur ! Encore une fois, l’Harmonien s’emporta dans son délire égocentrique…

De retour de voyage ! [Terminé] Notati10

Saladin : 9 xp

Bien que je ne sois pas très friande de rp solo, ce qui va un peu à l'encontre de l'altération entre joueurs, j'avoue que celui-ci est vraiment bien ficelé, un très beau voyage que tu fais vivre à ton personnage, bref, une aventure des plus palpitantes ! Mais attention, pas que cela devienne une habitude de faire seul Wink

Les xps ont été attribués