A l'assaut de l'île aux pirates [Terminé]

La mer pourpre... une mer mystérieuse, dont l'eau aurait prit la couleur du sang des innombrables victimes de ses tempêtes. Bordée par le désert sombre, aux innombrables dunes, il s'agissait de l'un des endroits les plus inhospitaliers inventés par les Esprits créateurs. Pour atteindre Bargadi, Sigvahad avait dû voyager durant cinq longues journées sous le soleil de plomb du désert, avec pour seule compagnie la forêt de dune et le sirocco lointain. Comment pouvait-on inventer un tel endroit ? Les esprits devait avoir un esprit particulièrement tordu, pour sur ! Pas une plante ! Pas un insecte ! Même s'il était habitué à un climat aride, la région qui entourait Bargadi était un véritable enfer sur terre, comme si le soleil avait décidé de briller si fort que les voyageurs en oubliaient le sens du mot froid. C'était un endroit absolument inhabitable ! Puis Sigvahad songea avec un sourire, que c'était justement à cause de ça qu'il avait le plus de chance de trouver le fameux navire fantôme, et ses richesses innombrables... Oh joie ! Oh merveilles de toutes les merveilles quand il tiendrait dans ses mains les joyaux et les pièces d'or ! La chaleur et les rêves de richesse lui donnaient un air assez étonnant, avec un sourire à la fois ravi et complètement demeuré. Il fallait absolument qu'il sorte de cette fournaise au plus vite, sans quoi sa santé mentale, si compté qu'il ait une santé mentale, en serait gravement atteinte...

Inutile de dire que lorsque Sigvahad arriva enfin en vue de Bargadi, ce fut une véritable libération de l'âme et de l'esprit, un émerveillement infini, une délectation proche de l'ivresse euphorique ! Que ces taudis étaient sublimes ! Que ces maisons mal bâties semblaient harmonieuses et vivantes ! Que les matelots à l'air patibulaire semblaient soudain pleins de bonhomie et de chaleur ! Et surtout, que cette fontaine au milieu du port était radieuse ! Il avait épuisé ses réserves en eau depuis une journée déjà et la vue du précieux liquide lui permit de courir jusqu'à l'épuisement pour atteindre la fontaine au plus vite.

Après avoir désaltéré sa soif, qu’il avait fort grande, le voyageur s’éloigna de la fontaine et observa les alentours. Ce village semblait particulièrement glauque. De vieilles bâtisses abîmées s’entassaient entre d’obscures ruelles encrassées. Des mendiants puants faisaient l’aumône à des marchands respirant l’avarice dans leur pauvre habit usé. Au loin, on apercevait le petit port ou quelques frêles embarcations de pêcheurs qui n’attendaient que la prochaine vague pour sombrer. Une ville pauvre, où vivaient de pauvres gens. Comme c’était répugnant ! Qui aurait pu croire que c’était chez ces gueux que mouillait l’illustrissime Navire Fantôme !

Ce n’est qu’après avoir bien observé les environs que Sigvahad se rendit soudain compte qu’un véritable attroupement s’était créé sur la place de la fontaine, chacun le regardant d’un air patibulaire. Il comprit alors que son arrivée, censée discrète et simple, était légèrement compromise. Qu’à cela ne tienne, il ne resterait pas longtemps. Pour le moment il devait trouver son contact maître Goder. Il était censé être l’un des rares marins ne craignant pas le navire fantôme et qui accepterait de conduire Sigvahad à bord du mystérieux navire pirate. Le lieu du rendez vous était la seule auberge de la ville, Au poisson sans nez. Quel nom étrange ! Ces gens étaient tous des barbares. S’il en avait eu le temps, il en aurait tué quelques uns histoire de soulager le monde de quelques fardeaux, mais il avait d’autres poissons à fouetter.

Il rabaissa la capuche ocre de son habit du désert et s’éloigna rapidement de la foule l’observant ainsi qu’un troupeau de vache regarde incrédule un train qui passe. Les ruelles délabrées sentaient la pourriture. Alors qu’il passait un croisement, Sigvahad entrevit une bande de malfrats en train de frapper une femme, un corps gisant à côté d’elle. Elle ne criait pas, juste de petits hoquets lorsque les coups la touchaient de plein fouet. Le voyageur fit alors une chose absolument ridicule et insensé, il s’interposa. Pourquoi donc s’interposer quand des hommes battent une femme ? C’est ridicule ! Sauver quelqu’un ! N’importe quoi ! Pourtant il parla en ces termes :

« Dites-moi connaissez-vous la signification du mot douleur ? »
Sans attendre de réponse il frappa simplement la jeune femme juste au dessus de l’omoplate et celle-ci poussa un véritable cri, à la fois de surprise et de souffrance. « C’est ça la douleur. A présent savez-vous ce qu’est la souffrance ? »
- J’ignore qui tu es étranger masqué, mais tu es sacrément étrange. Pourquoi t’interposes-tu puis frappes tu cette misérable piratesse ? Enfin qu’importe, tu l’as faite criée. Montre-nous ce que signifie la souffrance. »

Sigvahad eut un sourire carnassier et ses dents apparurent l’une après l’autre. Enfin il se jeta sur les hommes avec une folie démentielle dans le sourire, son masque cachant ses yeux porteurs de vérité. Pris de surprise le premier homme ne put se défendre face au vigoureux bâton de bois taillé qui s’enfonça profondément dans son estomac. Cependant les 3 autres brigands s’étaient remis de leur surprise et s’apprêtèrent à frapper. Sigvahad en esquiva un par chance, mais en eut moins pour un deuxième coup de poing qui lui arriva en plein dans la mâchoire. Complètement sonné, il comprit qu’il ne pourrait gagner à trois contre un.

« OMBRE » cria-t-il d’une voix forte.

Un petit nuage noir sortit de ses paumes et se jeta sur les coupe-jarrets. Profitant de l’effet de surprise, Sigvahad prit la main de la piratesse et courut sans demander son reste. Une fois caché quelques ruelles plus loin, il souffla un peu et demanda :
- quel est ton nom ?
- Je m’appelle Filji, homme et toi ?
- Aucun intérêt. Tu travailles sur le navire fantôme ?

Elle se mordit les lèvres, visiblement gêné. C’est à ce moment que Sigvahad se rendit compte qu’elle était jolie. Elle avait la peau halée, de longs cheveux bruns et une mimique boudeuse adorable. Il se dit intérieurement : * Bon je ne suis pas complètement fou. Sauver une jolie fille, c’est tout de même rémunératif *. Finalement elle répondit : « oui, mais c’est du passé maintenant. "
Sigvahad sourit, ainsi la rumeur était donc vraie ! Le navire fantôme mouillait bien dans ce port minable !
Il dit : « parfait, c’est parfait. Je compte m’y introduire très prochainement mais j’avais peur que le fait que le navire fantôme mouille dans ce port ne soit que des rumeurs. Tu me vois ravi, oui vraiment ravi. »
Elle le regarda d’un air complètement incrédule : Cet homme était-il donc fou ?
« Oui ravi, vraiment, à moi les richesses de l’Ile aux Pirates ! » et il l’embrassa. Puis heureux comme un gamin il s’en alla en sautillant, lui ayant à peine fait un signe de la main. Il n’avait pas bossé pour rien au fond.

L’auberge du poisson sans Nez était absolument glauque et sinistre au possible : des ivrognes étaient accoudés au bar et expiraient leur haleine fétide dans toute la salle. Sur quelques tables branlantes, d’obscurs voyageurs jouaient aux cartes avec une hostilité visible. La pièce était plongée dans une semi-obscurité désagréable et une puanteur manifeste. Le barman avait une connaissance approximative de la langue umbrienne. Sigvahad dit :
- j’aimerai une chope de bière s’il vous plait. Dites-moi c’est un drôle de nez le poisson sans Nez hein ?
- Ah très bon nom poisson Pas Nez, très bonne nourriture, vous rester autant que vous vouloir.

Après avoir reçu sa chope Sigvahad s’assit à une table et attendit dans l’obscurité. Bientôt son contact arriverait à l’auberge et il parlerait des préparatifs. De plus, on lui avait parlé de « compagnons » sans qui l’expédition était impossible à réaliser. Il se demandait vraiment de quel genre de compagnon il pouvait bien s’agir… Enfin advienne que pourra, l’aventure ne faisait que commencer !

Sigvahad attendait patiemment la venue de ses comparses... Bientôt les richesses sans nombres de l'Île aux pirates seraient à lui, à lui !! Enfin à eux, puisqu'il entendait partir avec d'autres compagnons. Il se demandait à quoi il ressemblerait... Des forbans ? Des Barbares ? Des Amazones ? Tandis que dans son cerveau germaient mille idées farfelues, il ne remarqua nullement l'arrivée d'un étrange jeune homme à l'aspect mystérieux qui le regardait assis derrière une chope de bière parfumée. C'est homme paraissait étrange, avec des sourires tout à fait incongrus. Sigvahad sourit, il adorait les sourires incongrus ! Il ne remarqua pas non plus les regards hostiles tournés vers lui à chaque instant dus sûrement à son étrangeté physique ou bien sa bêtise, ou bien les deux. En réalité il ne remarquait rien du tout tant il était complètement perdu dans ses pensées savoureuses où le métal jaune côtoyaient des pierres multicolores.

Après nombre de sourires idiots ou pas, il quitta soudain son rêve éveillé quand un étranger aux cheveux bleus et à l'air déterminé entra dans la salle. Il parla fort, dans une langue étonnante et assez gutturale. Il ne ressemblait pas aux autres forbans croupissant dans cette taverne de fortune ; néanmoins, son assurance et sa prestance lui permirent immédiatement de se faire reconnaître de ses camarades.
*quelle drôle d'allure pour un gars du coin,* pensa-t-il soudain,* je croyais qu'il n'y avait que des bouseux ici mais il semblerait que des gens avec plus de classe habite dans le coin. Tant mieux, ça fera un peu d'animation*, puis il se replongea dans ses douces rêveries. Pas pour longtemps. Il sentit soudain une main puissante l'attraper dans le dos et le soulever du sol. Par la barbe des Esprits créateurs ! " C’était l'homme aux cheveux bleus ! L'homme souriait et lui hurlait des mots complètement farfelus à la figure. Et tous les marins de l'assistance se mirent soudain à rire. Mais qu'est ce que c'était que ce cirque ? Est-ce que ce fou voulait le détrousser ? Voulait-il lui couper les jambes, lui arracher les ongles et manger le tout comme un kebab ? Néanmoins à cette pensée il sentit qu'il était ridicule. Un kebab aux rognures d'ongles serait incroyablement mauvais, assurément. Par les dieux, ou bien par chance, l'homme ne fit que le conduire assez brutalement avec son air jovial jusqu'à la table de l'homme mystérieux qui l'observait depuis un bon bout de temps. Une fois encore il parla bruyamment dans cette langue que visiblement ni Sigvahad ni l'autre homme ne comprenait, et les deux paraissait tout aussi surpris l'un que l'autre. Alors que le colosse aux cheveux bleus s'assit enfin, Sigvahad sentit qu'une tension s'était retirée de ses épaules, qu'il relâcha soudainement. Alors il comprit : Depuis qu'il était entré dans ce maudit port, tous les habitants le regardaient d'un air suspicieux et malveillant. Et d'un coup, tous les regards de l'auberge s'étaient détournés de lui, comme par enchantement ! Voilà qui était bien pratique ! Mais tandis qu’il se demandait avec force qui pouvait bien être cet étrange protecteur, l’homme s’assit à la table et regarda les regarda d’un air déterminé.

- Quand on ne connait pas les coutumes des pirates et quand on ne parle pas leur patois...on évite de se balader dans le coin...j'ai peut-être pas l'air d'être un pirate mais je pense avoir été assez convaincant...bref, lequel de vous deux a fait circuler ce papier ?

A ce moment Sigvahad reçut comme un frisson instantané dans la moelle épinière. Ces hommes étaient certainement ses fameux compagnons. Voilà qui était très intéressant… Ces guerriers semblaient particulièrement puissants. Ils lui seraient certainement d’une grande aide pour que l’opération se déroule bien. En effet plus le temps passait, plus le voyageur sentait que le formidable vol qu’il projetait ne se ferait pas seul. Cette ville était pleine de dangers qui le dépassaient déjà et ce n’était même pas un avant-goût de ce qui l’attendait dans le navire fantôme. Il allait devoir employer toute sa ruse pour mener à bien cette mission.

« Bonjour camarades ! dit-il d’une voix charmeuse, J’imagine que vous êtes les fameux complices qui vous êtes décidés à me rejoindre pour, ce qui sera, à n’en pas douter le plus grand rapt de l’histoire de la piraterie. Je me présente, Je suis Sigvahad Deathbringer, mais appelez moi Sig. Voyez-vous je suis à la recherche d’artefacts puissants et d’objets précieux, pour une raison… personnelle. Quoi qu’il en soit, j’imagine que vous avez certainement déjà entendu parler de l’île aux Pirates, cette île légendaire où le Navire fantôme dépose tous ses butins depuis des dizaines d’années. Ce lieu mythique est absolument introuvable, et nombreux furent les marins qui sont morts sur les récifs de la mer pourpre sans avoir jamais trouvé l’île de toutes les richesses. C’est pourquoi j’ai imaginé un tout autre plan quand j’ai entendu dire que le Navire fantôme mouillait dans ce… » Puis songeant que les brigands l’écoutaient toujours, il continua : « dans cet agréable bourgade maritime, j’ai immédiatement compris qu’il existait un moyen de s’introduire sur l’île aux pirates. » Il baissa d’un ton : « J’ai un contact ici qui ne devrait d’ailleurs pas tarder. Il sait quand reviendra le navire fantôme et comment s’y introduire. Mon contact à Tenamas m’a aussi assuré que l’entreprise était extrêmement risquée et que nous avions plus de chance de perdre la vie que de revenir pleins de richesses. Êtes-vous toujours partant ? »

Voyant leur air déterminé, Sigvahad eut un énorme sourire, qui dévoilait la quasi-totalité de ses dents blanches. Le sourire du jeune homme était particulièrement parlant. En effet le masque placé sur le haut de son visage l’empêchant complètement de communiquer des émotions, il en était réduit transmettre tous ses sentiments à travers sa bouche aux formes multiples et étonnantes. Il dit d’un air de complicité :

« Parfait, j’ai le sentiment qu’avec vous cette opération ne peut que se montrer gagnante. Mais je ne connais votre nom, Messieurs ? … »

[HRP: Je tiens à vous faire remarquer que certes sur mon vava Saladin a les cheveux un peu bleu...un effet de l'image...mais en réalité mon perso IN RP a les cheveux noirs, merci. ^^]

[HRPG a saladin : ah ok, excuse moi pour le coup des cheveux bleus je ferai plus l'erreur ^^']

Niamor semblait particulièrement énervé et rembarra Sigvahad d'une phrase. Un bon début... Néanmoins il sentait que cet homme était malin, quelque chose dans son regard prenait à tout instant une aura de grande violence. Il faudrait se méfier d'un tel personnage, mais pour le moment il semblait prêt à se donner à fond dans le plus grand casse de tous les temps. Par chance Saladin se montra nettement plus amical et coopératif. Sigvahad ignorait qui il était mais cet homme, malgré ses manières piratesque respirait l'assurance et l'intelligence. En quelques secondes il avait mis le doigt sur la plus grosse difficulté du voyage, et ce n'était pas la dernière... Néanmoins, Sigvahad avait eu tout le temps de réfléchir au problème avant d'envoyer le papier qu’avaient reçu les hommes. Son contact de Tenamas lui avait assuré qu'ils seraient remis à de vrais guerriers, qui n'auraient pas peur de la mort. Cela tombait bien car celle-ci allait être leur compagnon de voyage... Sigvahad répondit à Saladin d'un air particulièrement sérieux :

"Et bien, mon cher Saladin, tu as mis le doigt sur le point qui m'a torturé les neurones pendant 17 jours en continu. D'ailleurs j'ai du en perdre quelques dizaines. De neurones. Enfin inutile de parler des restes de ma matière grise puisque j'ai à peu près trouvé une solution. Et j'ai récemment trouvé la preuve, hum... vivante de ma théorie.

Voyez-vous tous ces pirates sont morts il y a bien longtemps... Et ils n'ont jamais quitté leur navire sauf pour déposer leur trésor sur l’île aux Pirates. Je suis plus que persuadé que... ce navire est ensorcelé. Il apparaît clairement que les morts ne bougent pas et pourtant ces soi-disant fantômes pillent et massacrent les autres navires. En réalité, et j'en suis persuadé Tous les pirates du navire fantôme ne sont morts que... Temporairement. C'est pourquoi il est possible de les toucher, de les faire saigner. En réalité le sort les transforme, en ... mort-vivant ? J'ignore si c'est le terme exact. Mais aussi vrai qu'on ne peut tuer un mort vivant ou détruire un bateau fantôme... et bien j'ai croisé en arrivant dans cette ville une fille, qui m'a affirmé venir du vaisseau fantôme... et elle était faite d'os et de chair véritable ! C'est pourquoi je suppose que les matelots ont reçu un sort qui les change en spectre partiellement, du moins tant qu'il reste sur leur navire. Mon plan est le suivant : nous recevrons ce fameux sort à notre tour afin de passer inaperçu parmi les spectres. Bien sûr nous devons absolument rester discret et éviter de croiser le regard avec les personnages importants comme le capitaine ou le second qui connaissent parfaitement leurs marins. Mais il serait ainsi… disons possible de s’infiltrer On m’a dit que maître Goder pourrait nous aider… »

Evidemment, un tel sort aurait forcément des effets secondaires, et absolument inconnus. Mais le jeu en valait la chandelle. Mais quel était donc ce sort qui…

Interrompant ses pensées désordonnées, un homme gigantesque entra dans l’auberge. Toutes les têtes se tournèrent vers lui et s’en détournèrent aussitôt, comme s’il fut l’envoyé du Démon lui-même. Avançant d’avantage dans l’embrasure de la porte, on pouvait voir son terrible visage éclairé à la lueur des chandelles de mauvaise facture : Il avait deux yeux blancs et des tatouages recouvrant son front, ses joues et même sa langue qui sortait de ses lèvres bleuie. Il portait un manteau de marin posé sur les épaules, qui cachait un peu l’absence de son bras droit. Il n’y eut plus un bruit pendant quelques secondes, puis les ivrognes reprirent leur conversation à voix basse. Le colosse s’approcha instinctivement de la table du groupe et s’assit sur un tabouret de bois jauni. Il regarda les personnages l’un après l’autre de son regard blanc vitreux et soudain dit d’une voix basse mais terrible : « Je suis maître Goder. Qui est Sigvahad Deathbringer ? »

Sigvahad n’osant même pas parler leva une main tremblante ce que Goder ne sembla pas remarquer. Il parla de la même voix terrifiante comme sortie d’outre-tombe :
« Un ami de Tenamas m’a dit que tu avais besoin de mon aide pour faire une petite escapade sur le navire fantôme.
- c’est exact, répondit Sigvahad d’un air plus ou moins déterminé, pensez-vous être capable de nous changer en spectre le temps du voyage ?

L’homme sourit et dévoila sa langue pointue et reptilienne. On l’aurait dit animée d’une vie propre, comme un étrange serpent décoré.
- bien sûr que j’en suis capable, je suis nécromancien depuis 50 ans après tout. Mais je me demande si votre âme tiendra le coup…

Sigvahad respira difficilement : Il était déterminé à mener à bien ce projet mais que serait le prix à payer pour recevoir le sort de mort ?

[HRP : vous pouvez contrôler Maître Goder et lui faire dire ce que vous voulez, si vous avez des idées particulières sur la nature du sortilège ^^]

Les quatre personnages sortirent de l'auberge glauque. Ce fut une véritable libération pour les narines délicates de Sigvahad, qui était sérieusement incommodé par les odeurs nauséabondes de bière sale, de vomissure et d'urine qui régnaient dans l'établissement. Saladin semblait tout à fait partant pour le voyage si dangereux qui les attendait. Niamor, quant à lui, n’y avait même pas prêté attention. Cet homme ignorait même jusqu'à la notion de peur. Les compagnons de Sigvahad étaient soit très courageux... soit très téméraires... Mais il fallait faire au plus vite car le navire fantôme n'apparaissait que la nuit dans le port, et ne restait que peu de temps. Si le groupe le manquait cette nuit-là, il faudrait attendre des mois avant que le mystérieux navire ne reparaisse. Ainsi, les quatre mystérieux voyageurs marchaient rapidement et silencieusement, ainsi que l'ombre furtive des oiseaux de mers sous la lune. Maître Goder menait la troupe à travers les ruelles obscures, évitant au maximum les villageois qui le regardaient d'un œil mêlé de crainte et de haine. Cet homme n'était pas le bienvenue dans ces terres hostiles et isolées du monde, bien qu'il y vivat depuis de nombreuses années. Ses activités de nécromancie ou de piraterie n'avait sûrement pas dû lui accorder le crédit des habitants du port. Marchant entre les bâtisses branlantes et enchevêtrées,
Ils allaient, obscurs, dans la nuit solitaire. Souvent, le nécromancien, sortait sa langue longue et fourchue comme celle d’un serpent et la remuait d’étrange façon.
Après une demi-heure de marche rapide, les voyageurs parvinrent au port. L’eau dormait, sombre et argenté sous l’éclat de la lune. Pas un bruit. A peine le murmure des vagues remuant doucement. Maître Goder se passa de nouveau sa longue langue tatouée sur ses lèvres peintes. Il emmena les voyageurs derrière un entrepôt vraisemblablement abandonné et, vérifiant attentivement que nul ne les observait, dit d’une voix basse et tranchante comme le fil d’un rasoir : « Très bien, je vais lancer sur vous les sorts de morts. Sachez que ce sortilège est bien plus puissant que celui auquel sont exposés les marins du navire fantôme. En effet, ici, seul un bateau est ensorcelé, une chose inerte, sans étincelle de vie. Vous êtes différents. »

Il leur tendit d’étrange fiole cristalline. Chaque flacon était superbe, finement ouvragé et d’une pureté formidable. Qu’un être si barbare ait pu posséder de telles œuvres d’art semblait déconcertant.
« Ces flacons sont des fioles de vie, nécessaire à l’application du sortilège. Une fois que vous serez sur l’île vous devrez m’en ramenez au moins deux autres, et ce à n’importe quel prix. Quoi qu’il en soit, soyez attentifs je ne le répèterai pas deux fois : »

Il sourit avec un air cruel et absolument dénué de pitié : « je vais introduire vos âmes à l’intérieur des ces réceptacles. Ainsi vous perdrez toute consistance matérielle dans ce monde et deviendrez d’authentiques fantômes. Néanmoins vous devrez en permanence porter la fiole auprès de vous. Ne vous en séparez sous aucun prétexte. »
- sous peine ?, dit Sigvahad
- de mort, répondit Maître Goder imperturbable. Et ce sera pareil si jamais vous brisez le réceptacle. En effet vos âmes se déverseraient alors dans l’espace et de ce fait vous disparaîtriez tout simplement.

Sigvahad remarque alors la présence d’un petit trou au fond de la fiole. A peine visible et peu significatif, il inspira soudain une idée terrifiante à Sigvahad :
« Il y a un trou au fond de la fiole. Cela signifie-t-il que nous allons perdre un peu de notre âme au fur-et-à-mesure du voyage ? »
- en effet. C’est très simple : l’âme se corrompt rapidement dès qu’elle stagne. C’est pourquoi, afin d’empêcher cette corruption démoniaque, nous vieillissons. Notre âme tandis que nous la perdons petit à petit résiste au mal qui la recherche. Ainsi vous perdrez un peu de votre âme chaque jour. Il y aura peut-être des effets secondaires, cela dépend de votre âme et je ne peux pas les connaître d’avance. Si vous revenez sains et saufs, elle se régénérera rapidement. Mais si vous restez là-bas trop longtemps… »
Il fit le signe de la pendaison.
- Vos âmes se consumeront rapidement sous le soleil de l’île aux pirates. Bon, voici un dernier objet qui vous sera nécessaire, une fois arrivé là bas. »

Il sortit un ruban bleu très banal. Il prit un air de grande méfiance :
« Ce ruban est ensorcelé par un très puissant sort d’illusion. Brisez le une fois arrivés sur l’île aux pirates afin d’avoir l’apparence de vivants que reprendront les pirates une fois sur la terre ferme. Quant au moyen de retourner jusqu’ici… A vous de le trouver.»

Il remit le ruban à Saladin. Enfin, il conclut son briefing par une simple phrase, mais une phrase terrible : « Si jamais vous ne me ramenez pas les deux fioles de vie supplémentaires, je ne retirerai pas le sortilège et vous mourrez à petit feu, privé de chair et de sang… »

Les compagnons n’eurent pas le temps d’émettre la moindre objection. Saisissant son bâton chamanique, il traça au sol une horrible rune de mort et commença à incanter. Aussitôt un filament argenté partit du cœur de chacun des voyageurs et arriva dans chacune des fioles. Un liquide argenté les emplit progressivement jusqu’à rabords. Et tandis que les fioles s’emplissaient lentement, leur corps perdait leur couleur et leur consistance, devenant absolument fantomatique. Quand ils rouvrirent les yeux, Maître Goder avait disparu. Mais ils n’avaient pas le temps de s’interroger à propos de cela. Au bout de l’horizon apparaissait lentement la silhouette d’un navire obscur et terrifiant, environné d’une brume spectrale qui brillait sous la lune d’argent.
« Allons-y », glissa Sigvahad tandis que la première goutte tombait sur le sol pierreux du port, et éclatait comme mille étoiles du firmament.

[HRPG] : excusez-moi pour le retard, mais j’étais parti ce week-end ^^’

[HRP : Ce que je raconte à la fin est vrai, y’a un RP où j’ai fait faire tout ça à mon perso…si l’un de vous fais intervenir le capitaine, à vous de voir si il nous enrôle ou pas mais en tout cas il est sensé me connaitre.]

Comme on se trouve sur le navire fantôme maintenant, j'ai déplacé le sujet vers ce lien.

Excusez moi pour le retard !