Perdue, moi? Euh.... Peut-être bien que oui, en fait. [Terminé]

Je marche. Droit, de préférence. Parce qu’à force de marcher croche, on finit par tourner en rond et ça, ça me fait perdre du temps. Je vous vois déjà en train de me dire que de toute façon, j’ai tout le temps du monde puisque je ne fais rien de toute façon. Je ne vous démentirez pas, mais seulement vous dire qu’au moins, je peux donner l’illusion d’être une personne occupée et ça me convient paaaaarfaitement. Les gens de la ville sont trop stressés, de toute façon. Ça doit être le manque d’air frais qui les rend ainsi.

Parlant d’air frais, je crois qu’on ne peut faire mieux en ce moment. Une légère brise souffle dans mon dos, une brise que j’apprécierais sans doute si ce n’était que de ce ciel lourdement chargés de nuages noirs et menaçants. On dirait presque qu’ils disent : «Tu vas voir, toi! Soit prêt pour le déluge!». Mais justement je ne suis PAS prêt à affronter un orage. J’ai mon arme, mon sourire à demi-dissipé par ce temps de chien et surtout, pas de linge de rechange. La poisse, quoi. Qu’est-ce que je peux faire? Trouver un refuge? Bien sûr, l’idée de partager une grotte avec une bête féroce ou bien un terrier avec des renards me semble attrayant mais justement, il n’y a pas de ça dans une vallée. Seulement de gros mégalithes laids et moches qui pointent vers le ciel. Je suis sûr qu’ils rient tous de moi, disant des trucs genre : «Regardez ce petit idiot qui marche dans la vallée quand il va y avoir un orage.» Moi, j’ai envie de leur répondre, mais je sais que j’aurais l’air encore plus idiot. Alors je m’approche de l’un d’entre eux, le plus gros, le plus imposant. Sûrement le papa ou le mâle alpha, je ne sais trop. Après une bonne respiration, je me décida de marteler de coups de pieds ce stupide rocher en disant : «On fait moins le malin, hein? On se fout moins de ma gueule comme ça?».

J’avais l’air imbécile et surtout retardé. Qu’importe, personne n’était là pour me juger mis à part ces immondices rocailleuses qui me regardaient de haut. Après avoir respiré un bon coup, les nerfs à vif, je décidai de continuer ma marche parce que de toute façon, si je ne marchais pas, je ne pourrais pas trouver d’abris contre la pluie. Je ne pris pas la peine de m’excuser au mégalithe et je continuai ma route, marchant des heures et des heures avant de revoir encore et encore le même paysage défiler devant mes yeux. Décidément, la journée sera longue.

Après des heures interminables de marche rapide, j’arrivai au premier signe de vie humaine de la journée. C’était une immense grille, rouillée de surcroît, qui n’inspira pas vraiment la confiance. Je m’approchai doucement, tâtant le vieux métal défraîchit par le temps et l’usure et m’arrêta pour regarder autour. Bon, c’est glauque et j’ai légèrement peur. J’ai surtout peur de voir ce qu’il y a derrière cette grille. Peut-être qu’il y a un vieux laboratoire abrité par des savants fous mutants, ou encore un repaire de voleurs.

Bon tant pis, je rentre. Je tiens ma lance à deux mains, aux aguets. La température se fait plus grave, tout comme le son produit par la porte qui grince. Tentant de garder mon calme, je marche doucement, mais sûrement. De toute façon, ce n’est pas comme si un monstre ou quoi que ce soit allait me tomber dessus.

À peine une minute à marcher au travers de ces mini mégalithes et même de ces pièces de bois, la foudre retentit, faisant presque éclater mon cœur. Ok, ça commence TRÈS MAL. Pourquoi est-ce que le tonnerre tomberait en même temps que mon entrée dans ce jardin de mini-mégalithes, d’ailleurs? Ce ne peut être le hasard. Le hasard ne peut être si précis, si, si, si, attendez une minute. Ce n’est pas des mégalithes, si? Je pris la peine de regarder quelques instants, une grimace s’affichant sur mon visage au moment où je m’aperçu que ce n’était pas tout à fait tout à fait des rochers miniatures, mais bien DES PIERRES TOMBALES. Parfait, tout simplement parfait. Le ciel est noir, il fait froid et sombre et pour rajouter à mon malaise, je suis dans un CIMETIERRE. Je sens mes jambes vouloir se dérober sous mes pieds. Qu’est-ce que je peux y faire, moi? Me sauver, oui, très bonne idée. Mais j’ai les jambes molles comme de la guenille. Respire, respire, c’est tout ce que je peux faire.

«J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur, j’ai AFFREUSEMENT PEUR».

Oui, je hurla ma peur au monde entier. Et puis, j’ai cette sensation que si quelque chose de pire peut arriver, eh bien que ça va arriver. Vous savez, la loi de Murphy? C’est exactement ça. Je sais que je dois faire un homme de moi, mais j’ai cette caractéristique fondamentale qui me fait défaut en ce moment même. Vous savez, le courage? C’est tout à fait ce dont j’aurais besoin. Une bonne injection de courage dans les veines. Bon, du calme, Lucas. Tu es un grand garçon et cela ne te fait pas peur, n’est-ce pas?

Tranquillement, je repris ma marche, mais cette fois-ci, en insistant un peu plus sur chaque pas, comme si je cherchais à m’assurer que c’est une bonne idée. Même si je me dis qu’il faudrait mieux que je parte d’ici, je suis étrangement attiré à aller plus loin, comme un vrai petit masochiste. Je m’enfonce, je m’enfonce et à chaque pas, on dirait qu’il fait de plus en plus noir. Comme si le soleil était en train de se coucher.

Un bruit, je sais que j’ai entendu un bruit, comme si quelqu’un marchait. Ça venait de derrière moi. Je me retourne et commence à marcher à reculons. Fiou, rien derrière moi. Je dis tout doucement, comme si je ne voulais pas quand m’entende, ce qui est très ironique avec ma phrase.

«Il y a quelqu’un? Si oui, ce n’est vraiment pas drôle et j’ai très peur, alors montrez-vous! Je vous ne ferai pas de mal!»

Bien sûr il espérait ne pas avoir de réponse. Puis, puisque tout ne dois pas toujours bien aller, je sentis quelque chose se cogner sur mon dos. À la limite, je me serais retourné pour voir un truc tout à fait banal. Sauf que là c’était vivant ( et surtout humain). Tranquillement, l’air horrifié, je me retourne pour voir une jeune femme aux oreilles sur la tête, velues et pointues. Et là, comme un idiot, j’ai hurlé.

«AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH, ARRIÈRE, MONSTRE DE LA NUIT!»

Je déguerpis pour aller me cacher derrière une pierre tombale qui ne recouvrait même pas le quart de mon corps. Tremblotant légèrement, je fixais toujours la jeune femme aux oreilles de chats qui ne semblait pas offensive pour une pièce d’or mais je ne pouvais m’empêcher d’exprimer ma frousse à ce moment même.

«Ne me faites pas de mal, je vous en supplie! Je vous donnerai tout ce que j’ai, tout, tout, tout! Ne me mangez-pas, s’il vous plaîîîîîîîîîîîîîîît! Je-»

Bien sûr, la loi de Murphy s’applique. Le tonnerre retentit à nouveau. Je lâcha un autre hurlement de terreur avant de cacher ma tête avec mes mains.

«J’ai peur, ça y est, j’ai vraiment peur»

Tout de même, je leva un œil vers elle.

Si j’étais un type malhonnête, je serais vraiment, mais VRAIMENT du genre à dire que tout est sous contrôle, que cette jeune fille ne m’a pas fait peur et que je vais tranquillement me relever, prendre une pause confiante et m’en aller sans même lui adresser la parole. Mais il n’en est rien, rien de rien du tout. J’ai peur, j’ai les jambes qui tremblent comme des feuilles balayées par le vent et j’ai même envie de m’évanouir pour que tout cela se passe plus vite. Cependant, je sais que je ne dois pas m’en faire. De un, parce que je n’ai pas affaire avec un monstre mais bien avec une jeune dame et de deux, parce qu’à part nous deux, il n’y a personne d’autre que le bruit du tonnerre qui martèle la terre de ses odieux rayons.

C’est le choc qui m’a effrayé et si je criais comme ça, c’est surtout parce que je ne voulais pas vraiment me remettre du choc causé par cette rencontre. Mon cœur battait toujours à tout rompre dans ma tête et l’autre, pour rajouté à mon malheur, m’enterrait de sa voix féminine et sans aucun portance. Non, elle avait sans doute détruite ses cordes vocales en criant comme ça. Et moi, ça ne me plaisait pas. Parce que d’abord, ça lui donnait un air barbare, du genre Roaaah, je suis une femme moderne qui veut s’imposer plus que l’homme (enfin, même si on est loin d’être un couple ou quoi que ce soit, hein). D’ailleurs, je vais lui montrer qui mène!

D’ailleurs, je commence par m’arrêter de hurler. Il faut en venir à l’évidence, elle a tout de même réussie à me faire taire en criant à tue-tête. Je la fixais, les yeux ronds comme des billes, l’air de dire : «Mais qu’est-ce que tu fous, bon sang? Cesse de hurler comme ça, tu vas réveiller les morts!» Enfin, c’est que ça commençait à devenir dérangeant. Une fois qu’elle eut remarquée que je m’étais calmé, elle fit de même et m’observa et elle…NON, ELLE A PAS OSÉE! Elle a commencée à me faire la MORALE! Comme quoi je beuglais comme un con et tout et tout. Non mais qui hurlait à m’en écorcher les tympans, il y a quelques secondes? Ce n’est pas moi, oh non! C’est elle. Elle, elle et re-elle! Moi j’ai rien à faire et c’est pourquoi je me permets de le lui rappeler dans les règles de l’art.

«Wo-ho-ho! Une minute mademoiselle! Moi, beugler? Mais c’est parce que vous ne vous êtes pas entendue! Vous…enfin, tu étais en train de crier comme si tu voulais que tous els morts sortent de leur tombe pour me sauter dessus! Je veux bien croire que c’est à la mode de jouer à la pauvre femme victime, mais y’a des limites! J’suis peut-être un homme, mais je suis sensible et fragile, moi aussi! J’ai des émotions comme tout le monde! Je l’avoue tu m’as fait peur, très peur. Et t’as heurtée mon égo, qui plus est.»

Oui, j’avais envie de bouder et de ne plus parler à cette jeune femme, mais le problème était que la température ne me le permettrait pas. Du moins, pas jusqu’à ce que ce que la pluie arrête. Car oui, un autre coup de tonnerre retentit. Et celui-ci emmena un invité désagréable avec lui, c’est-à-dire la pluie. Rooooh, c’était pas une petite bruine agréable, en plus. Une pluie qui tombait par plusieurs gouttes, sans pour autant, être forte ou meurtrière. Mais si je ne me dépêchais pas, j’allais finir trempé en moins de deux. Par contre, on dirait que quelqu’un d’autre à eu cette idée avant moi car avant même que je puisse me relever, on m’agrippa par le bras –encore elle- et je lâcha une nouvelle plainte qui marquait très bien mon désaccord. Elle était méchante et se prenait pour le centre du monde! Vous savez, ce genre de personnes qui croient tout savoir ou bien qui connaissent les choses mieux que tout le monde? Je trouvais qu’elle s’apparentait très bien à ces individus. Bon, vous allez dire que je suis pas mieux et que j’avais comme un enfant gâté… PEUT-ÊTRE, MAIS MOI JE SUIS PLUS GENTIL QU’ELLE, BON! En plus, elle se permet même de me faire à nouveau la morale, la démone! Cette fois, j’ai envie de craquer et de partir en courant, mais un facteur abiotique m’en empêche. Cette satanée pluie. Puis, je dois l’avouer (à contrecœur, bien sûr) qu’elle a raison. Il faut se mettre à l’abri, sinon on va choper un truc pas bien ou même une grippe! Marmonnant mon «saoul», comme elle l’a dit si bien, j’ai fini par résigner à mon entêtement et à la suivre dans une sorte de tombe ou je ne sais quoi. Il faisait noir et l’ambiance était vraiment, mais vraiment désagréable. Et puis, j’avais cette impression que nous n’étions pas tous seuls.

Je pris la chance d’observer pour la première fois cette jeune femme. Jeune, c’était le mot, puisqu’elle ne semblait pas très très vieille ou quoi que ce soit. J’avais de la difficulté à bien remarquer, mais on dirait qu’elle avait des oreilles de chat. La curiosité prenant le dessus sur la raison et puis, il avait cette envie irrépressible de s’assurer de ce qu’elle était réellement. Ainsi, il tira sur un de ses oreilles, forçant un peu pour voir si ce n’était pas une décoration puis affirma, sûr de lui (et mal à l’aise, mais il ne l’avouera pas).

«Oops… Je croyais que c’était des fausses oreilles….Hem…mais bon..c’est des vraies! Ahahah…haha…ha»

Mais quelle merveilleuse façon de mettre de l’ambiance, dites donc! D’ailleurs, je prend la peine de répondre à ses informations de tout à l’heure, juste pour me faire pardonner mes gestes et mon comportement, en quelque sorte…

«Moi, je suis arrivé ici parce que le cimetière est sur mon chemin. C’est aussi bête que ça. Je viens de la vallée des mégalithes et comme j’avais besoin d’un endroit où me mettre à l’abri, j’ai pensé qu’il y aurait peut-être une maison ou un truc du genre ici. Faut croire que j’avais pas tout faux! Mon nom c’est Lucas. »

Je marqua une pause, regardant un peu partout, mal à l’aise de l’ambiance créée entre nous deux, compagnons d’infortune. Un autre éclair retentit, me faisant sursauter à nouveau, comme toutes les autres fois, d’ailleurs. Plaçant une main contre ma poitrine, je lui rendis la pareille.

«Eh bon, à ton tour maintenant! Que fais-tu ici? Comment t’appelles-tu mais surtout, qu’es-tu? Tu sais, c’est la première fois que je vois une personne avec des oreilles de chats. J’ose croire que c’est de vrai, mais je me trompe peut-être. Aimes-tu le chocolat? Si t’avais le choix préfèrerais-tu dormir dans un lit avec des draps bleus ou rouges? Préfères-tu manger une tarte aux fraises ou aux cerises? Je te donne un indice, je préfère celles aux cerises.»

Soit, avec ces questions, nous allons être occupés pendant….une minute tout au plus! Mais une question me trottait dans la tête. Que ferions-nous pendant le reste de l’orage? Peut-être avait-elle une idée.

«Dit, tu saurais pas ce que nous pourrions faire en attendant? Je vais t’avouer que j’ai plein d’idées, mais je suis pas sûr que ce soit réalisable dans un caveau».

Nan mais franchement, qu'est-ce qui lui avait pris de dire ça.'J’suis peut-être un homme, mais je suis sensible et fragile, moi aussi!'
Je crois bien que si la situation avait été moins, comment dire, urgente et humide, j'aurais éclaté de rire. Comment c'est trop mignon. Heureusement que j'étais de dos à ce moment-là, aussi ne put-il pas deviner le sourire qui s'était étendu sur mes lèvres. Et dire qu'il m'avait foutu une de ses trouilles. J'ai bien l'impression qu'en réalité, ce n'était pas moi qui me sentais le plus en danger. Cependant, je n'en menais pas large non plus.

Il est plutôt du genre têtu en plus celui-là. Et dire que je fais tout pour l'aider. Je comprends pas, il est où son problème? Je vais pas le manger, je lui propose juste un coup de main. Peut-être un peu obligatoire, d'accord, mais c'est pour son bien. Est-ce que tous les garçons sont comme ça ou c'est juste lui? Bah, après tout, c'est pas grave. L'important était qu'il était enfin au sec. Certes, un caveau n'était sans doute pas l'endroit rêvé ou faire connaissance mais parfois, il faut savoir s'adapter.

Prenant le temps d'observer leur abri, elle le trouva encore plus effrayant que la première fois. Sans doute à cause du battement de la pluie sur les vieilles pierres de la sépulture. L'endroit sentait le renfermé pour ne pas dire carrément la mort. Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'un nouvel éclair zébra le ciel accompagné du grondement sourd du tonnerre. Finalement, le fait de savoir qu'elle n'était pas seule la rassurait beaucoup plus qu'elle n'osait se l'avouer. Cessant un instant de fixer le temps qui se dégradait toujours à l'extérieur, une pression incongrue sur son oreille lui arracha un cri.

"- Kyaahh!!!"

Se retournant à toute allure, elle découvrit le jeune garçon la main encore levée au niveau de son appendice félin et qui semblait aussi surpris que désolé. D'ailleurs, il s'excusa aussitôt, prétextant vouloir s'assurer que ses oreilles étaient bien réelles. Quel drôle d'idée. Elle se frotta un peu l'oreille, plus pour se rassurer qu'à cause de la douleur avant de froncer les sourcils, un peu perplexe.

"- Bien sûr que ce sont des vrais, regarde."

Elle se mit à les faire bouger, séparément d'abord puis les deux en même temps afin de lui prouver la véracité de ses dires. Cependant, je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre que déjà, il reprenait la parole. Je fus agréablement surprise de l'entendre répondre à mes questions. En fait, bien qu'il soit un peu grognon au premier abord, il était plutôt gentil. Je crois que le temps orageux mêlé à l'ambiance du cimetière n'a rien fait pour nous mettre à l'aise. Du coup, nous étions partis sur de mauvaises bases.

Alors mon compagnon de caveau s'appelait Lucas et apparemment, il connaissait le coin. Peut-être pourrait-il m'aider alors? Enfin, il pourrait peut-être si je savais ce que je cherchais. Un nouvel éclair le fit sursauter avant qu'il ne se mette à m'inonder de questions. Wouah, ça faisait beaucoup d'un coup. Elle se gratta un instant la tête avant de lever les yeux au ciel, autant pour réfléchir à sa réponse que pour se souvenirs de toutes les questions qu'il lui avait posé.

"- Heu... bah moi, je suis complètement perdue. Je n'ai pas la moindre idée d'où je suis, à part dire que je suis bloquée dans un cimetière à cause d'un orage, bien sur. Je m'appelle Tsukino et je suis une neko, une fille-chat pour faire plus simple. C'est bizarre que t'en ai jamais vu. Dans mon village, on était tous pareil pourtant.
Sinon, euh... J'aime beaucoup le chocolat. Si je peux, je choisis les draps bleus. Pour les tartes, bah, comme j'ai du mal à me décider, je goute un morceau de chaque. Comme ça, pas de jaloux."

Je me détendais sensiblement à mesure que je parlais. Assise en tailleur, je lui souris, ne sachant trop si je donnais les bonnes réponses ou pas. Elle écouta sa question et commença à se creuser les méninges. Lucas avait raison, vu l'état du ciel, ils risquaient d'être bloqués ici pour un bon bout de temps.

"- Moi, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'on pourrait faire ici. Franchement, ce lieu me fiche la trouille. Y fait humide, ça sent pas bon et puis.... Enfin j'aime pas cet endroit. Tu pensais faire quoi, toi? A part mon ocarina, je n'ai pas grand chose. Ah si, peut-être un dé qui traine au fond de ma poche."

Quand on se dit que ce qui a de mieux aurait pu arriver, mais qu’au contraire, c’est le pire qui est survenu, on pense à Murphy. Ainsi, au lieu de retourner chez moi, de manger un repas chaud, de dormir dans un lit DOUILLET, bah je me retrouve ici, dans une crypte froide et humide, relativement protégé de la pluie battante mais contraint à supporter tous ces autres facteurs qui rendent ma vie difficile. La noirceur, ces bruits étranges qui résonnent toujours autant, de plus en plus, qui me glacent le sang (et c’est peu dire). AU MOINS, j’ai quelqu’un d’autre pour m’accompagner dans mon marasme. Une victime de circonstance, je crois, avec qui , j’essaie dans la limite du possible de passer le temps. Mais cette limite, elle est mince, faible, elle craque à la moindre pression. Elle est une inconnue qui n’a probablement rien à faire de ma présence tout comme je n’avais pas conscience de son existence jusqu’à présent. Les secondes, les millisecondes, les microsecondes semblent éternelles et ma seule envie est de fondre et de me disperser dans le sol. Oh, détrompez-vous, la compagnie de la jeune dame n’était pas désagréable, sauf que…vous voyez, les conditions étaient loin, mais très loin d’être parfaites. Une crypte, de la pluie, du tonnerre, la terrible sensation d’être observé par une étrange créature (qui n’était pas la jeune dame aux oreilles de chats). En parlant d’étrange, ses oreilles étaient bel et bien des vraies. Même qu’elle les avait fait BOUGER. Oui, oui, bouger. Comme dans un mouvement de rotation digne des félins. Deux possibilités s’offraient à moi. SOIT c’était un chat dans un corps d’humain (ce qui serait plutôt gore, avouez-le), SOIT c’était bien un mixte entre homme et chat. Je préférais envisager la dernière solution, comme ça je ne méfierais moins de cette charmante jeune créature. Vous savez, c’est plutôt rare de croiser autre chose que des humains, en fait, croiser des gens tout court se révèle être d’un hasard fou. Donc, c’est surtout la surprise qui s’empara de moi à cet instant.

Bref, les choses s’annonçaient plutôt mal. Mais ce n’est pas en pensant négatif que ça va s’améliorer, oh non. Pour commencer, je lui posai tout plein de questions pertinentes et intéressantes. Tandis qu’elle réfléchissait à ce qu’elle allait répondre, j’en profita pour examiner sous un nouvel angle l’étrange créature qui se dressait à mes côtés. Il faut dire qu’à part ses cris et son humeur de chien, elle était une charmante personne, en somme. Niveau physique, du moins. Elle était petite…peut-être que c’était pareil partout…NON, pas de pensées comme ça, c’est mal, très mal, TROP mal. C’est de sa faute, de toute façon. Avec toutes les réponses qu’elle me donna, comment penser autrement? Déjà en partant, elle ne savait pas où elle était. Au moins, ils avaient ce point en commun, non? Elle s’appelait Tsukino…ce qui n’était pas vraiment comme Lucas, mais c’est pas grave. Elle se présentait même comme étant une neko, une sorte de race de femme-chat. DOOOONC, ce n’était pas l’esprit maléfique d’un chat dans le corps d’une jeune fille fragile. Voilà qui est rassurant, en tout cas. Car bon, personne n’aime être en présence d’un démon, non? Elle aimait le chocolat? Génial, troisième point commun! Qui n’aimait pas le chocolat, de toute façon? C’était comme ne pas aimer dormir. C’était IM-POS-SI-BLE. Pour les draps…bah on peut pas être pareil dans tous les domaines, n’est-ce pas? Pour les tartes…mouais, ça marche!

«Dooooonc, tu préfères les draps bleus? Mais pourtant, les rouges sont bien plus…accueillants, sensuels et tout et tout! Si tu veux, on peut essayer en sortant de là! *pause de silence* Mais noooon, je rigole!»

Bon, je voulais détendre l’atmosphère, mais on dirait que c’était une proposition perverse…Que je peux être bête, parfois! Trop bête, mais vraiment, vraiment TROP bête. Quoi qu’elle dise, ça ne changera pas ma vision d’elle. De toute façon, je ne voulais même pas faire des trucs cochons pour de vrai. C’était une blagueuuuuuh. Une mauvaise blague, certes, mais une blague. De toute façon, c’était elle la pire si elle s’offusquait pour si peu, hein? Je lui ai proposé de dormir, pas de faire crac-crac. Bon. Oh, elle parle à nouveau. Oui bon, lui non plus n’aimait pas trop cet endroit. Par contre, il n’avait aucune idée de ce qu’ils pourraient faire non plus. Peut-être pouvaient-ils….dormir? Non. Les bruits étranges se faisaient de plus en plus près.

«Dis, tu entends ces bruits? On dirait quelque chose qui frotte sur le sol, un peu plus loin…Peut-être une souris qui gratte. Tu dois aimer, les souris, non? Attend, je vais te la chercher avant qu’elle ne se sauve!»

Femme-chat peut-être, mais pas une bête pour autant. De toute façon, je voulais m’assurer de ce qui faisait ce bruit. Je me levai d’un coup et dans un geste presque héroïque, je m’avança, comme si de rien n’était, même si mes jambes voulaient fléchir sous mon poids qui me semblait bien plus lourd, tout à coup. Un bruit de respiration. Est-ce qu’une souris ça respire aussi fort? Je commence à avoir vraiment peur. Plutôt, insécurisé. Plus que le tonnerre qui tombe dehors, en tout cas. J’avance petit peu par petit peu et je tourne le coin avant de me cogner contre quelque chose…

Quelque chose de mou, de puant et qui bouge, donc d’organique. Je recule d’un pas, puis, de deux, puis de trois, et lâchant un hurlement sonore, je recule de plusieurs pas avant d’arriver contre le mur. C’est…C’EST VIVANT, NOM DE MERDE. VIVANT, MAIS MORT. Un…un mort-vivant…un…vrai…vrai de vrai...zombie. Je tourne la tête vers Tsukino, le visage blême comme un drap, et je lui dis d’une voix cassé, avec un léger trémolo témoignant de ma frayeur.

«Tu…tu disais qu’on était seulement nous deux, hein?....Alors…c’est qui…c’est qui…LUI»

Je pointa la chose qui tourna le coin à son tour, probablement excité par l’odeur chaude de chaire humaine. Je recula jusqu’à ma compagne et prit ma lance, déglutissant à énième fois. J’ai peur… Mais je suis un homme et c’est mon devoir de la protéger. Je tends mon arme devant moi, respira un bon coup et fonça sur la bête qui boitait vers moi. Elle tendit les bras vers moi et d’un coup rapide, je réussis à repousser son bras avant d’enfoncer mon arme dans son cœur, de l’adosser sur un mur avant de le soulever. Utilisant mon pouvoir sur l’électricité, je créa un dipôle entre moi et la chose, lui donnant une charge positive. Ensuite, une fois les électrons accumulés en mon sein, je déchargeai le tout sur la bête qui reçut le choc de plein fouet, le faisant même gémir. Je me retournai vers la neko, lui souriant, fier, jusqu’à ce que la main de la chose ne se soulève avant d’effleurer mon visage, me faisant hurler à nouveau.

«AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH. Il…il est…IL EST ENCORE DEBOUT. Vite, aide-moi! Tu dois bien avoir un truc pour le tuer, non? S’il-te-plaît!»

Je tourna ma tête vers elle, l’air suppliant et une vision d’horreur me happa. Si la mâchoire aurait pu me fendre et tomber jusqu’au sol, elle l’aurait fait. Debout, en haut des escaliers, trois autres mort-vivants se tenaient, gémissant dans l’optique d’un repas chaud. Je bégaya, apeuré :

«A…a…att…attention…en...haut... des…des escaliers»

En temps normal, je crois que je me serais évanoui. Va savoir pourquoi, ce n’était pas le cas maintenant.

Hirashikiyama Tsukino > 5 xps
Lucas Heartfield > 4 xps

RP clôturé pour non réponse

Edit by MdH : Xps Attribués