Un faux pas de trop. [rp solo-terminé]

Spoiler:

« Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ... »

Le troisième vase de fine construction artisanal qui avait orné son petit appartement encore quelques courts instants auparavant s’écrasa au sol avec grand fracas, joignant ainsi ses frêles débris aux deux précédents. Elle grogna de rage tandis qu’une faïence venait se planter dans sa jambe, et balaya les débris d’un grand coup de pied rageur avant de s’éloigner de son salon à grands pas. Le messager qui se tenait immobile à ses côtés la suivit en trottinant sans se laisser impressionner le moins du monde par la colère dévastatrice de la jeune femme. De petite taille mais possédant cependant une musculature forte bien dessinés, cet homme là possédait la peau noire et les grandes oreilles caractéristiques du peuple Drow. Elania faisait à présent les cents pas dans sa chambre sous les grands yeux empreints de neutralité de ce petit Elfe qui l’observait avec patience. L’envie de balancer un autre objet de son mobilier par la fenêtre tentait fortement la jeune femme, mais elle n’en fit rien. Cette rage dévastatrice lui permettait d’empêcher des larmes salées de monter jusqu’à ses yeux, mais détruire entièrement son appartement ne lui apporterai aucun réconfort. Comme elle était lasse ! Qu’y avait-il à faire ? Comment pouvait-elle s’empêcher de soulever cet homme par le col et de l’envoyer s’écraser contre le mur voisin ?

« Que suis-je censée faire ? »

« Nos loies, ma Dame, vous rappellent auprès des prêtresses. Il vous faut regagner au plus vite les Monts Lunaris afin de procéder à l’exécution. »

« Vous me demandez de vous suivre docilement jusqu’à mon propre échafaud ? ALLEZ AU DIABLE ! »

« Seriez-vous capable de condamner votre peuple à mort ? »

« Je n’ai que faire de ces coutumes idiotes. Qu’ils sacrifient qui veut, moi je ne connais plus cette vie. »

« … »

« Voulez-vous prendre connaissance du testament de votre père ? »

Elania leva les yeux au ciel, espérant ainsi que les larmes repartiraient peut-être dans l’autre sens.

« Mon père est vivant. Ce testament a été élaboré dans l’unique but de me piéger, je ne suis pas idiote. »

« Votre père a été exécuté par Lloth pour avoir assassiné une prêtresse et aidé une condamnée. Inutile d’espérer encore. »

Ca en fut trop pour la jeune femme qui se leva d’un bond, plaqua le Drow contre le mur sale de l’appartement et dégaina rapidement son fidèle poignard.

« Mon père est vivant, et si vous êtes assez stupides pour continuer à me pourchasser, vous courrez à votre perte. »

L’arme s’enfonça alors dans la chair molle de l’homme, droit vers son cœur, révulsant ses yeux étonnés et lui arrachant un dernier râle. Elle retira le poignard en grognant : Décidément, elle ne pouvait pas laisser de témoin. Ce fils de chien l’avait retrouvé, elle ne pouvait pas le laisser divulguer sa position actuelle à qui le voulait, si ce n’était déjà fait. Elle ouvrit alors la fenêtre et balança le corps inerte du Drow qui alla s’écraser lamentablement sur les pavés, un peu plus bas. C’était bien sa veine, cette histoire. Elle allait devoir surveiller ses arrières puisque son peuple avait juré sa perte. Elle secoua la tête, envahit par une immense lassitude.

* Saloperies… Allons nous changer les idées avant de virer dans la folie. *

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Une bouteille à la main, elle évoluait difficilement parmi les rues délabrés des quartiers mal famés de Tenamas. Elle avait trouvé –une fois de plus- son salut dans l’alcool, comme si cette boisson pourrait un jour lui faire oublier l’immense manque qui la caractérisait depuis toujours. Une aura de folie douce prenait le dessus, l’enveloppant peu à peu, lui rabattant sa solitude à la gueule. Elle était au plus mal, apprenant qu’elle était toujours pourchassée, fuyant même la moindre hypothèse évoquant la mort probable de son père. C’était impossible. En tout cas, elle n’avait personne, comme d’habitude. Elle, si méfiante, si connue dans le quartier mais si inaccessible. Elle qui jouait avec les sentiments, qui volait des instants de bonheur, retombant toujours sur ses deux pieds à la recherche de son intérêt personnel. Elle qui s'amusait de tout le monde avant de disparaître. Elle était aujourd’hui comme un animal traqué et il n’y avait personne, personne pour elle sur qui elle puisse vraiment compter. C’était désespérant. Alors, à quoi bon chercher ? Elle divaguait dans la rue, parlant toute seule, sa bouteille de liqueur à la main, cherchant une compagnie chargée de faux sentiments qu’elle ne connaissait que trop bien. Les hommes étaient brutaux, idiots, animaux. Mais ils ne posaient jamais trop de question quand à son besoin de chaleur humaine et, quand elle cherchait des bras accueillants pour oublier un peu les périples de la vie, elle trouvait toujours de quoi se satisfaire.
C’est les yeux déjà floutés par l’alcool, un grognement indistinct s’échappant de ses lèvres, qu’elle poussa la porte de la taverne du coin. Un vrai trous à rats où était rassemblé toute la misère de Tenamas. Cette pauvreté grouillante qui révulsait la noblesse Umbrienne, elle y trouvait son compte. Ces braves gens savaient se montrer forts chaleureux quand l’envie se faisait sentir.

« Bacchus, le vrai, le seul, c’est Bacchus conservant les mêmes grâces qui touchèrent Ariane.
Aussi tendre et brillant c’est un dieu à suivre et non à craindre.
Toujours agréable à Vénus, il ne connut d’ivresse que l’ivresse de l’amour. »

Le bruit était assourdissant, mêlant la musique, les cris, les rires et les chants. Elania déambulait entre les tables, trébuchant de temps à autre sur une paire de bras qui la rattrapaient et la remettaient sur pieds, profitant au massage des forme attirantes de la belle par quelques mains plus ou moins baladeuses. Elle s’en fichai, elle ne s’en rendait pas compte. C’était comme si elle flottait au dessus de son propre corps : Elle voyait tout, vivait tout, mais d’un regard tellement passif qu’un piano aurait pu lui tomber sur le coin de la tête sans qu’elle réagisse. Il faut dire aussi qu’elle en était à sa quatrième bouteille. Un soulagement pour son cerveau et une torture pour son foie. Cependant, voilà longtemps qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien, s’écroulant à droite à gauche à la recherche d’un fond de bouteille qui voudrait bien de sa compagnie.
Elle sentit qu’on l’agrippai quand elle vit son corps partir dans une direction opposée à celle qu’elle espérait atteindre. Une énorme main l’avait attrapé par la taille, la tirant en arrière sans qu’elle puisse opposer la moindre résistance. Si encore elle avait voulu résister, elle aurait pu être frustrée. Mais ce n’était pas le cas. Elle était à présent assise sur les larges genoux d’une créature qu’elle reconnu avec ravissement : Un immense démon noir qui possédait une magnifique collection de cornes sur le sommet de son crâne. Subjuguée, elle l’admirai d’un air béat tandis que ce dernier entreprenait de la déshabiller en lui susurrant à l’oreille :

« Délicieuse Drow, me ferais-tu l’honneur de me tenir compagnie pour cette nuit ? »

Elle ne répondit pas et se contenta de glousser en se laissant manipuler à la guise de cette créature, puis elle senti son corps partir à nouveau, comme entrainé par une force invisible. Un homme lui tirai le bras, couvrant de ses paroles les hurlement de frustration du démon qui s’était levé en renversant sa table.

« Hé la Drow, viens par ici. »

« ELLE EST A MOI, PACO ! »

« Calme-toi Kelen, le patron veut la voir. »

L’homme qui la tirai lui broyait le bras et lui retournai l’épaule mais elle se laissai faire, telle une poupée de chiffon, un sourire béat peint sur son joli minois. L’homme la projeta vers l’avant, sans délicatesse aucune, et c’est la tête la première qu’elle atterrit contre le comptoir. Elle se redressa, cracha un peu de sang et leva une main en direction du barman dont elle ne distinguait même pas le visage.

« A BOIRE ! »

Elle hurlait comme un homme, sa voix ayant perdu le joli timbre qui la caractérisait habituellement. Elle s’en fichait, elle avait soif. Elle tapai même de ses deux mains sur le comptoir, accompagnant les deux nains à ses côtés qui faisaient de même.

« A BOIRE !!!! »

Et voilà qu’on posait une bouteille devant elle, et elle, heureuse comme tout, elle buvait la boisson bienfaitrice qui lui brûla la gorge bien plus que d’ordinaire, lui laissant un goût âcre et désagréable dans la bouche.

« C’est quoi cette m… »

« Eh la Drow ! Tu me rendrais bien un petit service hein ?! »

On l’agrippai au menton, on la tirai vers l’avant, on lui parlait dans l’oreille, et cette bouche dégageai une haleine imbibée d’alcool et de fumée. Elle se débattait, reculait, donnant des coups de mains ça et là, grognant car sa mâchoire lui faisait un mal de chien. Encore des mains autour de sa taille, et voilà maintenant qu’on la soulevait. Où allait-elle ? Elle n’en savait rien. Elle était debout sur le comptoir, et la voix du barman derrière elle :

« Danse, saleté d’Elfe ! Donne à mes clients une raison de consommer.»

Elle n’arrivait pas à poser un pied devant l’autre, comment voulait-il qu’elle danse cet idiot ? Mais la musique s’accélérait peu à peu et elle, elle hurlait son bonheur en fermant les yeux : Jamais elle ne se sentait aussi vivante que dans ces moments là. Elle était debout sur le comptoir et dansai la danse vulgaire des bars. Sa robe à moitié descendue laissant un peu trop apparaître ses chairs, elle se déhanchait furieusement, déclenchant ainsi les cris d’un public déchainé. Se laissant porter par la musique couverte par les hurlements et les bruits de chaises qui raclent le sol, elle dansait la joie, elle dansait l’ivresse. Elle dansait la vie.
Et puis, elle tombait. De haut, d’ailleurs. Il n’est jamais agréable de tomber du haut d’un comptoir. Elle savait qu’elle aurait du avoir furieusement mal, mais il n’en était rien. Elle riait, heureuse d’être là, laissant ces mains baladeuses la relever brutalement. Elle était de nouveau sur pieds, une bouteille dans la main que ses doigts peinaient à maintenir. Bousculée de toutes par, elle continuait à danser, les yeux fermés, un sourire emprunt d’innocence sur ses lèvres.
Et puis voilà qu’on l’entrainait, la trainant à moitié par la main. Elle tombait, se mangeait des marches d’escaliers dans le menton, râlait de douleur, se laissai soulever à nouveau. On l’allongeait : Un lit. Un homme. Elle passa alors ses bras autour de son cou, signant ainsi une nuit de débauche qui devrait lui faire maudire l’alcool dès le lendemain. Nuit qui devrait également lui faire maudire son inconscience quelques mois plus tard, quand elle se rendrait compte qu’un habitant, un intrus était venu habiter son corps à compter de ce moment là.
Le mot « maternité » la faisait vomir, et elle s'en rendrait compte bien plus tard, réalisant qu’elle avait ce soir là effectué le faux pas de trop.

« Je demeurais haletant, si grisé de sensations, que le trouble de cette ivresse fit délirer mes sens.
Je ne savais plus vraiment si je respirais de la musique, ou si j'entendais des parfums, ou si je dormais dans les étoiles. »