Demoiselle en détresse [ PV Lilith ]

Spoiler:

« Qu'est-ce que l'impossible ?
C'est le foetus du possible. La nature fait la gestation, les génies font l'accouchement. »

Quelle connerie ! Quelle foutue connerie ! Le Destin faisait décidemment preuve d’un véritable sadisme pour qu’elle se soit retrouvée dans un pétrin tel que celui-ci. Rien à faire : Elle avait eu beau retourner le problème dans tous les sens dans sa petite tête de Drow dégénérée, il n’y avait qu’une seule solution : Il fallait qu’elle trouve un médecin, et vite. L’après midi touchait à sa fin et dans les petites rues d’Equillios, on pouvait voir que le soleil commençai à décliner doucement, lui rappelant ainsi que le temps passe, inexorablement. Neuf mois. Neuf mois que ce foutu Drow à la solde des prêtresses était venu la voir chez elle, à Tenamas. Neuf mois qu’elle l’avait flanqué par la fenêtre sans le moindre scrupule. Neuf mois qu’elle était entrée dans cette taverne Umbrienne pour noyer ses craintes dans l’alcool. Elle songea en se massant douloureusement le ventre que pour le coup, elle avait drôlement bien oublié. Mais au fond, c’était sans doute mieux ainsi.
L’intrus qui squattait son ventre lui refila un bon coup de pied, à son habitude. Elania jura et se courba en deux, le souffle quelque peu coupé, se retenant de ne pas se déchiqueter le ventre à grands coups de poignard pour évacuer la bestiole. Il était là, en elle, et ça c’était vraiment insupportable. Une espèce de petit microbe qui s’était installé confortablement sans permission aucune, et qui apparemment se plaisait bien là où il était. Rien que d’y penser, elle avait envie de vomir. Pourquoi elle alors que tant d’autres désiraient avoir toute une tripotée de rejetons et n’y parvenaient pas ? La jeune femme regarda son ventre avec nostalgie, regrettant l’apparence plate et lisse qu’il arborait auparavant. A présent, sa peau semblait presque déchirée par endroits et de grosses veines bleutées parcouraient son abdomen gonflé à bloc, pour le plus grand malheur de la jeune femme.

* Il faut que je me débarrasse de ce truc ! *

Cette pensée obsédante qui revenait sans cesse, la même qu’elle avait eu quand elle s’était rendu compte de l’inévitable. C’était à peine deux mois après sa folle nuit d’ivresse, elle qui se regardait dans le miroir tous les matins avait trouvé son petit ventre bien déformé, surtout pour le peu qu’elle mangeait. Elle avait fait des régimes, se soumettant à une diète draconienne et faisant encore plus de sport que d’habitude : Le maître d’arme de la ville avait accepté de l’entrainer tous les matins à l’épée, et elle avait couru de longues heures des semaines durant. Elle s’était musclée mais avait malgré tout perdu du poids, beaucoup de poids : Son visage s’était incroyablement creusé et elle était devenue presque squelettique, telle une malade sur son lit de mort, perdant d’un seul coup toutes ses jolies formes. Son ventre, lui, avait semblé la narguer, dépassant toujours un peu plus chaque jour malgré les efforts, malgré le refus même d’envisager cette éventualité. Il avait fallu attendre presque neuf mois enfermée chez elle à vomir à longueur de temps pour qu’elle accepte enfin la réalité : Elle était enceinte.
Elle avait pleuré, énormément pleuré. Elle avait donné des coups de poings dans les murs, des coups de pieds dans les meubles et avait insulté tout son voisinage. Puis, elle avait réfléchit. Que faire ? Comment enlever ce truc ? Elle ne pouvait pas le faire elle-même sans prendre le risque de se tuer, et elle ne connaissait personne capable de déclencher son accouchement. Ainsi, elle en était vite arrivée à la seule solution envisageable : Un médecin. Sans perdre plus de temps que ça à se lamenter, elle avait prit quelques affaires, sellé Mirage et était partie en direction d’Equillios, car nombreuses étaient les rumeurs flatteuses envers les médecins Harmoniens, et elle ne tenait pas à mourir en accouchant entre les mains d’un médecin incapable, non mais sans blagues !
Le voyage avait été éprouvant pour elle, mais elle avait été plutôt chanceuse et n’avait fait aucune mauvaise rencontre. Cela aurait en effet pu lui poser soucis car elle était quasiment dans l’incapacité de se battre, ce qui l’énervait au plus haut point. Elle était arrivée à Equillios considérablement affaiblie, le visage plus maigre que jamais, passablement déshydratée et complètement hors d’elle : Cette saleté de mioche l’assaillait de coups de pied et de coups de poing à longueur de temps. Elle n’en pouvait plus, il fallait qu’elle le sorte, et vite !
Cela faisait maintenant une bonne heure qu’elle errait ainsi dans la rue, perdue dans ses sombres pensées, et tenant vaguement sa jument par les rênes, se renseignant à droite à gauche à la recherche de quelqu’un de compétant. On lui avait indiqué un espèce de dispensaire un peu plus loin où on pourrait sans doute s’occuper d’elle, et elle s’était dirigée dans cette direction en marchant doucement, tant son ventre lui faisait mal. Et, tandis qu’elle passait dans une ruelle vide, elle sentit soudain la tête lui tourner et un énorme poids s’appuyer sur son ventre, comme si ce microbe n’avait attendu que le moment le moins propice pour se pointer.

* Espèce d’idiot… Ne me pourri pas la vie et j’épargnerai la tienne… *

Elle eu à peine le temps de songer à une insulte qu’elle se sentit mal. S’appuyant contre le mur d’une maison, elle se força à respirer pleinement et calmement. Mais elle ne pu empêcher son cœur d’accélérer quand elle eu la sensation que son ventre se déchirai et qu’une liquide de nature indéterminée commença à couler le long de ses cuisses. Elle ne savait pas ce que signifiait le fait de perdre les eaux, et après tout elle s’en fichait éperdument. Tout ce qu’elle voulait, c’était trouver un médecin rapidement, histoire de ne pas crever sur les pavés et de pouvoir se débarrasser du mioche au plus vite. Une pierre sous son pied lui fit perdre l’équilibre et elle se retrouva bientôt à terre, incapable de se relever, pleurant sur le sol la douleur qui lui déchirait l’abdomen.