Tient, une grande maison ! [Terminé]

-Qu'on me serve un vrai repas d'homme! Qu'on me serve de la viande crue et de la bière!

Des rires gras fusèrent dans la taverne. Des rires aussi gras que leurs propriétaires, aussi sales. Qui aurait pu dire qu'un jeune homme dont la physique tirait plus vers celui de la femme que de l'homme, les courbes en moins, pouvant tant leur ressembler. Aaah, préjugé quand tu nous tiens. Ces barbares parlaient de tout, principalement de rien. C'était un gros concours de celui qui dégageait le plus de testostérone, en fait. Comme des singes, ils exhibaient leurs muscles, se lançaient des défis, tentaient de dominer les autres. Un peu plus et ils faisaient pipi partout pour marquer leur territoire. Au milieu de cette foule puante et saoule, se tenait Jeremiah. Il n'aimait pas la bière. Il trouvait que ça goûtait le pipi. En fait, il avait jamais goûté à de l'urine mais imaginait fort bien le goût que ça pouvait avoir. Ainsi, il se tenait là, au milieu de ces échanges des plus masculines, un homme devant lui. Le genre de colosse qui cachait un tatouage «J’aime mon chien» ou qui avait un nom comme Chantal ou Marie. Il brandit sa montagne sur la table, fit un commentaire sur le physique de Jeremiah, ce qui fit bien rire ses copains et provoqua Jerem’

-Allons, voyons voir ce que tu as dans le pantalon , jeune homme.

Jeremiah lui serra la main. C’était drôle à voir, puisqu’il avait de la difficulté à serrer la main de l’autre tellement la sienne était petite. Ou bien c’était lui qui était difforme. Peu lui importait de toute façon. Un homme fit le compte à rebours, bière en main.

Trois secondes. Voilà le temps que Jeremiah mit pour battre l’homme. Était-il si fort que cela? Non, pas du tout. L’homme devait être trois fois plus fort que lui, même. Seulement, il usa d’un petit tour de passe-passe. Durant le compte à rebours, il activa son pouvoir, qui vola l’énergie vitale de l’homme sans qu’il s’en aperçoive, le rendant aussi solide que…disons, une brindille sèche. Trop saoul pour comprendre ce qui c’était passé, il lui accorda la victoire.

Finalement, un homme lui lança le défi final.

-Si tu passes une nuit dans le fort abandonné dans la vallée des mégalithes, je te considérerai comme un homme.

Il montra sa main à laquelle il manquait trois doigts et lui dit.

-Je te le dit, ça sera pas une partie de plaisir.

Jeremiah lui sourit et dit fièrement :

-Parfait, mission acceptée.

Ça faisait quelques jours qu’il marchait en direction du fort abandonné. Ce n’était pas le défi en tant que tel qui le motivait mais bien ce qui avait à l’intérieur de ce fort. Il voulait voir ce qui causait tant de problèmes aux hommes d’equilios. Finalement, il arriva près du fort, et les nuages se faisaient menaçant. Comme il avait horreur d’être mouillé, il se dépêcha à arriver au fort. Malheureusement pour lui, l’averse lui tomba en plein dessus, lui arrachant quelques jurons. Jeremiah n’était pas content.

Le reste du chemin se fit dans le silence, il était bien trop occupé à vouloir rentrer au plus vite qu’il ne se soucia pas de ce qui se passait autour de lui. Au diable les mégalithes, la porte d’entrée, la cour intérieure. Tout ce qu’il ressentait, c’était cette pluie qui lui tombait dessus comme des aiguilles qui lui transperçait la peau. Tout ce qu’il entendait, c’était le bruit de la pluie qui, après son long périple de chute, s’écrasait lamentablement sur le sol de verdure et de roche. Il avait devenir fou. Il était tout collant, mouillé et il n’aimait pas ça.

Il entra dans le fort et vit un homme qui était déjà là, accompagné d’unes bestiole. Un renard, probablement. Il fit comme s’il ne els avait pas vu, enleva sa chemise trempée et la posa sur une table. Il ramassa un couteau planté dans cette même table, le fit tourner autour de sa main et l’agrippa fermement dans sa main. Alors, il regarda en direction du jeune homme et feignit un air surpris. Lentement, il lui dit.

-Oh, désolé je ne vous avais pas vu…Il pleut beaucoup dehors, vous ne trouvez pas?

Il se rapprocha, regarda le renard et renchérit.

-C’est votre bestiole? Comment s’appelle-t-elle?

Il se pencha pour regarder le renard dans les yeux. À ce moment, ses yeux plongèrent dans les siens. Il remarqua que son regard était comme le sien. Vide, froid et hostile. Enfin, c’était un renard, après tout. Il se retourna vers Elio, se donna un petit coup sur la tête et lui dit.

-Mais où avais-je la tête! Je me nomme Solstice…Solstice Gryning, et vous?

Un mensonge pour commencer. Parfait. Il lui tendit la main comme pour la serrer.Allait-il le faire?

Elio…Eh bien, il ne connaissait pas ce nom. Pas du tout, même. C’était dommage, car il aurait pu avoir une idée du genre d’individu qu’il était. Après tout, ce n’était pas n’importe qui, qui explorait comme ça les forts abandonnés, voire hanté. C’est comme demander à un homme d’aller courir à sa perte. Soit il fallait être fou pour y aller, soit il était très sûr de lui. Dans les deux cas, il devait faire attention. Les deux cas étaient aussi imprévisibles que dangereux. Troisième option, il ne connaissait rien de l’endroit et tentait de trouver refuge à cause de la pluie. Dans ce cas-ci, il avait l’avantage. Cependant, il écarta cette possibilité. Mieux vaut rester sur ses gardes, au cas où.

Si son cerveau travaillait à classer le jeune homme, son apparence laissait plutôt suggérer le contraire. Un sourire au visage, l’air au-dessous de tout, de francs éclats de rires très faux, mais réalistes et la sensation que presque tout allait bien.

Car tout n’allait pas bien. L’animal, qui ne semblait pas appartenir au dénommé Elio, le regardait avec insistance. Que lui voulait la boule de poil rousse? Pourquoi fixait-elle Jeremiah avec un tel regard, une telle animosité dans le regard. La bête était plus qu’elle ne semblait vouloir le laisser entendre. Elle n’agissait pas comme un prédateur qui tranquillement, laissait sa proie guidée par des faux espoirs. Elle se sentait menacée, oui. Menacée par Jeremiah qui plus est. Sinon, elle aurait pu sauter sur Elio avant qu’il n’arrive. À présent, elle semblait presque ignorer l’autre pour se concentrer sur lui. Jeremiah perdit son sourire. Il fit un pas en arrière, puis deux. La bête, quant à elle, avançait. Il n’était pas plus paniqué que cela, en vrai. Il savait qu’Elio l’aiderait. À moins qu’il ne soit suffisamment fou pour le laisser mourir aux mains de la bête, quitte à être seul face à elle. Non, s’il voulait vraiment tuer Jeremiah, il l’aiderait à achever la bête et il profiterait de l’innocence, des blessures et de la reconnaissance de celui-ci pour l’achever. Encore une fois, il analysait les possibilités. Cependant, il agissait comme s’il était réellement paniqué. Le regard de Jerem’ rappelait l’homme qui regardait la mort. Il la voyait venir, déstabilisé et vulnérable. Ainsi, il donnait cette impression d’être la proie faible.

Alors qu’il reculait, il heurta la table. Il se retourna vers celle-ci, afin de voir ce qui lui bloquait la vue et lorsqu’il se retourna vers son agresseur, celui-ci avait profité de son instant d’inattention. En fait, tout ce qu’il voyait c’était une masse énergie qui se dirigeait droit sur lui. Il ferma les yeux et mit les mains devant lui. Il attendit, puis…plus rien.

Comme un cauchemar qui tire à sa fin, la menace venait de disparaître, comme un fantôme. Il resta surpris un instant, puis un vacarme. Il tourna la tête vers la source du bruit et remarqua la même masse dense et opaque. Même s’il ne pouvait rien voir, il pouvait tout de même entendre. Il pouvait distinguer les bruits du combat qui faisait rage en ce moment. Qui était ce bon samaritain qui l’avait empêché d’une blessure fatale? Elio? Non, il était toujours là. Il tomba à genou, comme si on l’avait volé de toute sa force vitale. Il posa les mains sur le sol, regarda en direction du combat qui se déroulait des la sphère d’énergie obscure. Il prit place sur le sol froid et hostile et ramena ses genoux à son menton. De là, il contemplait le spectacle, impuissant.

Soudain, plus aucun bruit. Que venait-il de se passer, exactement? Nul ne le savait. Jeremiah bougeait un peu, comme un enfant en attente d’une des plus grosses surprises de sa vie. Il savait qu’Elio était tout aussi intrigué que lui par la masse d’énergie sombre qui virevoltait, se séparait en serpentin et disparaissait dans l’air, graduellement. Il lança un regard à Elio qui voulait dire : «Tu sais ce qui se passe, toi?», et replongea son regard sur la personne qui apparaissait au travers du champ de bataille improvisé. L’animal n’était plus là. Où était-il? Elle l’avait mit où? Mangé? Disparut? Quoi qu’il en soit, la menace n’avait pas disparue. Elle venait simplement de changer de forme.

Il regarda la personne se diriger vers lui, poser son regard sur le sien, tentant de le jauger, sans doute. Il regarda l’individu cacher sous sa cape, la regardant de haut, apparemment intimidé par rapport à elle. Il la regarda dénoué ses cheveux, regardant une masse sombre comme la nuit, s’étendre autour d’elle. C’était donc une fille…Ou un homme avec les cheveux vraiment longs. Il serra ses jambes, un peu plus fort, regardant toujours la femme en avant de lui. Décidément, c’était pas n’importe qui, vaut mieux se tenir à carreaux avec elle.

« -Solstice ? Si j’étais d’humeur il y aurait moyen de faire quelques jeux de mots divertissants. »

Son regard s’assombrit, il baissa la tête. Elle était comme tous les autres. Rabaisser les gens pour son propre plaisir. Il détestait ces gens, il les détestait, il les détestait…Il serra les poings, la tête penchée sur ses genoux. Lentement, il lui répondit.

-Vous êtes tous pareil…Chacun d’entre vous. Toujours supérieurs aux autres…

Il se tut. Il devait gérer ses émotions. Il inspira profondément, desserra les poings et reprit une proposition plus normale. Comme pour tenter de régler la chose, il se reprit.

-En tout cas, merci de m’avoir sauvé contre la bestiole…est-ce que je peux faire quelque chose pour vous remercier?

Son regard était empreint de reconnaissance, une reconnaissance fade, mais présente. Il s’épousseta doucement, en regardant la femme qui semblait vouloir diriger Jeremiah et Elio. Autant lui donner ce qu’elle veut. Elle mentionna quelque chose à propos des animaux et des apparences, auquel il ne prêta pas attention. Elle s’approcha de la cheminée et affirma qu’elle était venue et que tout semblait réglo. Elle alluma le feu et entreprit de préparer le lapin, leur demandant s’ils préféraient le lapin cuit. Jeremiah répondit tout bonnement.

-Non merci…J’ai pas faim…

De toute façon, il avait emmené un peu de viande séché au cas où. Il n’avait pas besoin de manger du lapin dans lequel ils pouvaient mettre je ne sais quoi. Il se prit soudain d’intérêt pour ses deux compagnons d’infortune et leur demanda.

-Alors, quelle est votre histoire? Pourquoi êtes-vous ici?

Il aimait les histoires…Depuis qu’il avait tombé sur le livre de Momoe, il y a quelques mois, il était fasciné par les histoires en tout genre. Aussi bien lui apaiser l’esprit l’espace de quelques temps. Histoire d’oublier. Histoire de se rapprocher.

Qui étaient donc ces deux personnages? D’un côté, le sympathique voyageur blasé qui voyait la vie comme une chose anodine et de l’autre côté, l’incarnation de la divine providence venait purger la terre des hérétiques (enfin, selon son point de vue, car il n’avait accroché qu’à la phrase ‘’L’un de vous deux mourra Rawrrr’’) Sinon, elle ne semblait être qu’un simple voyou en mal d’aventures. Soit, ces deux personnalités aux antipodes ne semblaient pas mal s’entendre, si on ne prend pas en compte la subtile odeur d’hypocrisie et de mépris qui régnait dans l’air. En Jeremiah dans tout ça? Il se sentait au milieu de quelque chose qui le dépassait, sans pour autant être à part. Il attirait l’attention des deux de temps à autre, même s’il aurait préféré rester tapis dans l’ombre un peu plus. En effet, sa dose de sensation forte, il l’avait eu. Déjà qu’une immonde bestiole lui saute dessus, le voyant comme un repas, lui avait mit le moral dans les talons, l’attitude nonchalante d’Elio et l’animosité refoulée de Valiane lui déplaisait grandement. Alors que lui, petit garçon dans un cœur de grands et aux réflexions trop songées pour quelqu’un de son âge se contentait, en vain, de mettre un peu d’ambiance en cette fin d’après-midi nuageuse. Attention les amis, ça sentait la mauvaise volonté.

Déjà, Elio semblait bien au-dessus de la demande pourtant noble de Jeremiah. Il voulait qu’on lui raconte une histoire, rien de plus. Si l’histoire d’Elio était bien ennuyante (il n’avait que compté son histoire de la journée), celle de Valiane était encore pire (un assortiment de faits plus ou moins amusants qui rajoutait à son statut de délinquante). Il ne pouvait pas les blâmer de ne pas comprendre le fond de sa pensée, non plus. C’était tout à fait normal, après tout. Moins on en sait, mieux c’est. Il ne porta que très peu d’attention à ce qu’il dit à celle qui s’était nommée comme étant Valiane. À son tour, la mine un brin déconfite, il prit la parole.

-Je vais vous avouer que je suis déçu. Je m’attendais à une histoire avec un minimum de structure, de belles péripéties bien amenés et un dénouement qui m’aurait jeté par terre! Pas à une énumération de faits et à une plaisanterie.

Il ménagea un peu ses mots. Il se foutait bien qu’ils n’aient que très peu de choses à dire sur eux, mais ils auraient pu user de débrouillardise. Un mensonge bien placé et il n’y aurait vu de que feu. Il l’espérait, du moins.

Autre fait qui attira l’attention de Jeremiah. Un des deux mourrait en cette soirée. Manquait plus que les quatre cavaliers de l’apocalypse et ils avaient une prophétie digne des plus grandes gueules d’Équilios (car oui, de ces temps-ci, on parlait beaucoup de loyauté envers les chers esprits créateurs et à l’opposé, de les chasser du monde qu’ils avaient créé. Nonsense. S’ils avaient le pouvoir de créer, ils pouvaient le détruire en quelques secondes.) Enfin, il laisse le côté prophétique de la chose et se concentra sur les faits. Elle semblait les aimer ces faits alors aussi bien étudier ce point. Elle l’avait dit avec tant d’assurance qu’elle semblait sûre de son coup, la Valiane. Le suite dépendrait d’eux, sans doute. Une alliance envers la menace? Bof, trop cliché. Il lui fallait le souci de l’originalité pour fonctionner, sinon ça ne marcherait pas. Bien sûr, Jeremiah ne souhaitait pas mourir, car mourir, c’est douloureux. Il avait suffisamment souffert au point physique et psychologique pour se laisser faire par n’importe qui, qui se croyait supérieur à lui.

Ses lèvres le brûlait. L’envie d’ouvrir la bouche et de répondre à son avertissement le tentait dangereusement. Il laissa tomber toute résistance et lui demanda, tout simplement, sans aucune émotion visible dans la voix ou sur le visage.

-Vous allez tuer un de nous deux? Très bien, mais laissez-moi vous demander une chose : Pourquoi?

Il se tut, quelques secondes qui de toute façon lui parurent comme une éternité affreusement longue et renchérit.

-Votre silence me suffira comme réponse.

Provocation? Non, curiosité et possible prédiction. Combien de gens avait-il vu que se prétendaient comme étant des assassins qui, au final, ne tuait pour aucune raison, ce qui enlevait toute crédibilité à leurs actes. Vouloir sortir de la masse? Se prouver qu’on est fort? Nooon, ça valait rien, tout ça. À moins d’une raison valable, Valiane serait d’un pathétisme si elle en venait à verser du sang inutilement.

Alors qu’il divaguait, dans ses pensées, il n’avait pas vu Valiane l’aborder, n’étant pas habitué à se faire appelé ainsi. Il eut un instant de surprise, le temps qu’il analyse ce qu’on venait de lui dire. Il ouvrit la bouche à nouveau pour laisser aller, dans un souffle.

-Non.

Il ramassa ses affaires, regarda Valiane manger son repas avec appétit et se rendit à la porte où il dit, solennellement.

-Je crois que c’est tout pour moi! Je ne souhaite pas mourir alors j’ai un petit bout de chemin à faire, je crois! Elio, je te donne le choix, tu peux venir avec moi ou resté ici, dans ta nouvelle tombe…

Il ne comptait pas partir vraiment. Seulement voir la réaction de Valiane, bien qu’il n’en montrait rien. À leurs yeux, il ressemblait ni plus ni moins à un type prêt à partir.

- Ma nouvelle tombe... Valiane aurait des talents de prophétesse que je serais le seul à ignorer ? Enfin, comme tombe, ça me paraît plutôt sympathique. C'est... énorme, même si ça tombe un peu en ruine. Pas mal de gens ont eu beaucoup moins d'honneur.
Enfin, comme ça, tu tiens encore vraiment à ton histoire ? Si oui, j'ai du temps à perdre ce soir. Et si personne n'est contre, je peux vous raconter quelque chose qui est loin d'être original. C'est à dire une partie de mon histoire.

Mélange de curiosité et d’appréhension du moment qu’il allait bientôt passer en compagnie de ces deux individus. Premièrement, il n’avait que faire des talents de prophétesse de cette dénommée Valiane. Ce qui était dit était dit. La mort arrivera et puis quoi? On l’attend dans la joie et la sérénité? À moins d’être totalement imbécile ou naïf, il y a matière à réflexion. C’est comme se promener dans un endroit rempli de pièges et en être pleinement conscient. Ça relevait un peu plus de la folie que de la raison. En même temps, Elio lui proposait un conte pour rassasier son envie d’histoire. C’était comme s’il se jetait délibérément dans la gueule du loup. Malgré cela, il ne put s’empêcher de lui répondre.
«Tu sais vraiment me prendre par les sentiments, toi! Néanmoins, laisse moi te dire que peut-être que notre charmante amie n’est pas une prophétesse, mais est-ce un risque reste un risque. À moins d’avoir les choses en main, ce qui n’est pas le cas, je préfère prendre mes distances. Je te priverai de commentaire sur la confiance.»

« Tu veux sortir ? N’est-ce pas toi qui viens de dire qu’il pleut beaucoup dehors ? Allons… »

Il arqua un sourcil. Niveau comédie, il avait vu mieux…Néanmoins, même si sa réplique était aussi sincère que celles de Jeremiah, elle avait plutôt raison. De toute façon, ce n’était pas dans son intention de quitter les lieux…enfin…pas tout de suite. Il jeta un œil autour de lui et décida qu’il valait mieux se passer de commentaire quant à sa réplique. Il lui offrit un sourire convaincu en guise de réponse et chemina vers la table où il était installé plutôt. Alors qu’il fit un premier pas, un objet attira son attention. Enfin, c’était plus une bestiole qu’un objet. Le renard qui lui avait sauté au cou tout à l’heure était revenu, comme ça, l’espace d’un instant le fixant comme si il était devenu sa proie. Il cligna des yeux et l’instant suivant, plus de renard. Son regard remonta légèrement vers Valiane, qui ne semblait pas le moins du monde perturbée par cette étrange appariation. Ainsi, il y avait un lien entre ces deux entités, s’il peut s’exprimer ainsi.

Il jeta un regard choqué à Valiane avant de lui répondre avec une pointe de malice

«Un peu de tenue, franchement! Vous n’êtes pas seule, tout de même.»


« Tu m’excuseras Elio mais je tiens avant tout à connaître l’histoire de ce jeune ami avant de découvrir la tienne Car après tout, qui ici semble vouloir rester le plus mystérieux si ce n’est lui ? Sans compter que ses origines me semble des plus douteuses…Entame ton histoire étranger, je suis curieuse de la connaître… »

Il prit le temps d’analyser ce qu’elle venait de dire. Lui, le plus mystérieux? Si tout le monde avait participé convenablement, il y aurait passé, lui aussi. L’intérêt que portait soudainement cette dernière à son égard lui fait arquer un sourcil de nouveau. Pourquoi lui? Qu’avait-il de si ‘’intéressant’’. Ne souhaitant pas trop se dévoiler et ainsi confirmer les dires de cette dernière sur son aspect mystérieux, il décida de jouer sur le même terrain qu’eux : l’imprécision.

«Alors, alors…qui suis-je? Je vais vous donner une réponse dans le même style que la vôtre. Je suis pas trop du genre à vouloir se démarquer, vous voyez? Alors, je suis tout ce que je veux, je ne suis rien de ce que je subis. Je deviens celui que je suis.

Il marqua une légère pose avant de s’enquérir de leurs opinions.

«J’espère ne pas en avoir trop fait…»

Il regarda Valiane et entendit un grognement familier. Que pouvait-elle lui vouloir? Il ne la connaissait ni d’Ève, ni d’Adam et elle se permettait ainsi de le voir comme un ennemi. Cette façon de voir les gens lui rappelait un peu la sienne à vrai dire. Il lança un coup d’œil à Elio et se reconcentra vers Valiane qui dégainait une de ses armes dans son dos. Avoir un timbre de voix qui ne lui plaisir pas vraiment, qui l’agaçait surtout, puisque la situation ne le gênait pas tellement, elle lui dit :

« Car après tout, aucune de mes paroles n’était une menace. Il ne me semble pas vous avoir dis que c’est MOI qui sèmerais la mort. Dès lors, pourquoi me craindre ? »

Il eut un léger rictus nerveux avant de lui répondre :

«Excusez-moi d’associer les paroles prononcée par quelqu’un à cette personne. Mais, c’est vous qui avez mit le sujet sur la table, donc vous devez très certainement savoir quelque chose à ce sujet. À moins que vous soyez du genre à sombrer dans un délire…Mais, est-ce vraiment votre genre? Je vous le demande parce que moi, j’en ai aucune idée…Qu’en dis-tu, Elio? J’admets mes torts, c’est vrai qu’elle n’a pas dit que ce serait elle, la cause, mais elle a tout de même initialisé le sujet. Enfin, peut-être que je raconte n’importe quoi, aussi. »

Il reprit le couteau planté dans la table et commença à le faire tourner autour de son doigt avec habileté, tandis qu’il s’appuyait contre la table avec l’autre, reculant le haut de son corps pour avoir une meilleure vue d’ensemble de ceux qui l’opposaient.

«Pourquoi dégainer votre arme? Vous n’avez rien à craindre puisqu’apparemment, «la mystérieuse source de mort» ne s’abattra pas sur vous, si je me fie à vos paroles. Et franchement, je ne vous cacherai pas que je suis légèrement intimidé par cette situation. Bref, comme je suis resté parmi vous, j’aimerais bien me laisser divertir par l’histoire de notre cher ami Elio, si vous n’y voyez aucun inconvénient.»

Il valait mieux changer de sujet, pour le moment. C’est qu’elle se faisait plutôt, menaçante, la Valiane…même si elle prétendait le contraire. Durant tout le long de son discours, il avait garder un petit air joueur sur la figure. Au fond, ce qu'il voulait savoir était: pourquoi se concentrait-elle sur lui et non sur son complice d'infortune?

Valiane encaissa coup sur coup les paroles des deux protagonistes. Chacun d’entre eux s’exprimait à sa manière, tous les deux dans le vain espoir de calmer la situation. Valiane sentait la haine et la violence faire vibrer chacun de ses muscles. Solstice serait sa première cible. Il n’avait rien de plus ou de moins qu’Elio mais pour son malheur il était un umbrien. Jusqu’ici il ne l’avait pas encore avoué mais Valiane en était certaine, elle reconnaissait cette race à des kilomètres à la ronde. Tout comme avec Yun et Gaël un irrépressible sentiment d’attirance et presque même de fraternité l’habitait. Adès venait de passer des journées entières à l’endoctriner sur son devoir et ses responsabilités. Les umbriens étaient sa faiblesse et elle devait à présent prouver qu’elle était capable d’en tuer un.

Même si elle doutait encore de ses capacités Valiane se concentra au mieux, évitant toute les interférences possibles entre elle et sa proie. Elle le tuerait, elle devait le tuer. Tel était son destin. Son avenir. Adès attendait beaucoup d’elle en cette soirée pluvieuse. Ses invités inattendus allaient servir de cobaye. Le jour était venu pour sa jeune élève de faire ses preuves. Aucun échec n’était toléré.

Mais bientôt une musique envoutante parvint aux oreilles de Valiane. Braquant son esprit, les premières notes furent faciles à ignorer. Elio prit la parole, décrivant un petit village paisible et agréable. Les secondes passèrent et Valiane sentit sa volonté fondre comme neige au soleil. Alors que l’elf racontait sa vie antérieure la demoiselle vit la sienne défiler devant ses yeux. Elle aussi avait eut droit à une vie agréable et paisible. Elle aussi avait eut ses instants de paix. Et maintenant ? Elle s’apprêtait à tuer. Le doute s’insinua dans son esprit, elle lança un regard interrogatif au renard, espérant peut-être y déceler une once de compassion. Elle n’y vit que le regard noir du maître comprenant que son élève lui échappait. Il détourna son attention de l’umbrien et s’approcha de Valiane en grognant, le regard brillant. Elio continuait de parler, achevant peu à peu la détermination de la jeune fille. Celle-ci crut un instant qu’Adès allait lui l’égorger pour avoir ainsi osé compromettre son autorité sur son élève. Mais il n’en fit rien, ses yeux braqué sur ceux de l’ange noir.

Elle…elle ne voulait plus tuer. La simple musique d’un elf venait de réduire sa volonté à néant. Adès fulminait. Son élève n’était pas encore prête, elle venait d’être démolie par un simple avorton aux oreilles pointues ! Il se mit à tourner autour d’elle, grognant de plus belle. Elio termina alors son discours par une question. Une simple question. Le renard se retourna dans la seconde et lui montra les crocs. La haine pure et authentique se lisait dans ces yeux.

« CELA SUFFIT ! »

La voix avait emplit la pièce en une fraction de seconde. Une voix grave et autoritaire. Valiane sursauta, prise de court. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait plus entendu cette voix. Même si le son ne semblait pas venir directement de la gueule du renard elle ne douta pas une seule seconde de son origine. La respiration de la guerrière s’accéléra, elle n’était pas certaine de savoir qui avait la position la plus enviable.

« Tue-le maintenant ou je m’en occupe »

Sur le coup Valiane hésita entre la panique et la terreur. Elle n’avait pas droit à l’échec, elle le savait pertinemment bien. Mais rien qu’à l’idée de tuer un étranger ses cheveux se dressaient sur sa tête. Alors quoi ? Affronté Solstice ou Adès ? Rien qu’à l’idée de s’opposer à son ange gardien elle avait des sueurs froides. Ses yeux passèrent de l’un à l’autre en passant par Elio. Le doute et l’hésitation venait de prendre place en elle. Elle ne savait plus quoi faire ni ou aller. Décevoir Adès c’était compromettre sa vie. Tuer solstice c’était aller à l’encontre des toutes ses valeurs. Le démon n’avait que méprit pour celles-ci et tentait depuis des mois de les éradiquer de l’esprit de son élève. Alors qu’il avait presque atteint son but voila qu’une vulgaire musique venait de tout foutre en l’air. Malgré son âge ancestral sa patience avait de limites et Valiane était en train de forcer dessus. Ni tenant plus il reprit sa forme originelle dans un nuage de magie noir. C’est ainsi qu’un représentant de la mort apparu, entité crainte adulée depuis des siècles. Sa faux commença à se balancer de gauche à droite. Son regard de prédateur se posa sur sa jeune élève. Il allait lui donner une leçon qu’elle ne serait pas prête d’oublier…

« Soit. Nous règlerons nos comptes plus tard jeune fille. »

À peine eut-il terminé sa phrase qu’il se retourna vers sa cible, sa première cible. La seconde viendrait après. Ses yeux de braises perçaient l’âme aussi profondément qu’un couteau en plein cœur. Valiane trembla légèrement, incapable de faire quoi que ce soit. D’un geste théâtrale Adès s’empara fermement de sa faux et lançant un grand sourire à Solstice. D’un bon il s’élança, sûr de la précision de son coup. Aucune parade ne pouvait contrer une telle attaque. Seul un sort magique pouvait changer la part des choses. Mais ce freluquet était tellement faible qu’Adès ne songea même pas qu’il pouvait posséder un don magique. Ces pourquoi il s’élança directement, sans faut semblant ou ruse.


La pointe de son arme était maintenant à moins d’un mètre de sa proie. Un frisson parcouru le démon, savourant d’avance la venue de la mort. Mais alors qu’il touchait au but, il fut arrêté net dans son élan. Quelque chose venait de s’interposer entre lui et sa victime. Il ne mit pas longtemps à comprendre l’auteur de ce tour. Peu de gens ici présent était capable d’invoquer une entité arcane pour envelopper l’umbrien et le protéger. Dans un hurlement de rage Adès se retourna. Valiane s’attendait à se qu’il détruise son entité, il devait la prendre de surprise. Et puis l’idée de s’opposer directement à elle ne lui plaisait pas. Ses longues mèches de cheveux sombres s’agitaient autour de lui.

Son énervement était culminant. Ses iris brillèrent d’une haine froide et machiavélique alors qui s’élança à nouveau. Puisque la première cible était protégée…voyons la deuxième. Il adopta exactement la même attaque que le première, filant telle une flèche sur Elio. Une mort rapide, précise, net. Il touchait au but. Mais à nouveau, cette même opposition. Valiane avait fait disparaître sa première entité pour la faire réapparaître devant l’elf, le protéger comme une mère protège son petit. D’un geste vif il rangea son arme dans son dos. Puisqu’elle semblait retissante à ses leçons il allait devoir utiliser la manière forte. Écumant sa rage il se dirigea alors droit sur son élève, hurlant son mépris. Cette fois Valiane ne s’attendait pas à ce revirement et n’eut même pas le temps de prédire ses lames qui tombèrent au sol dans un bruit cristallin. Adès l’attrapa d’une main à la gorge et continua sa course jusqu’au mur le plus proche. Les ténèbres l’enveloppaient, il n’était que magie et noirceur. Il plaqua son protégé vers le haut sur le mur et la maintint en place par la gorge. Terrorisé Valiane essaye de se défaire de se lien en vainc. L’air lui manquait et elle s’immobilisa rapidement, voulant économiser son oxygène.

« QU’EST-CE QUE TU LEUR TROUVE À CES MISÉRABLE ? Est-ce la mort que tu cherches en me défiant ? »

L’entité qui protégeait Elio disparu et un silence de mort s’installa. Valiane lança un regard désespérer à l’ensemble de la salle. Elle était paniquée et ne voyait aucune solution pour résoudre le problème. Tout attaque magique contre le démon serait voué à l’échec, elle le savait pertinemment bien.

« Je…je refuse le destin…que tu m’imposes. Je re...refuse…croire…dé…destin. »

Adès ricana, les yeux pétillant de colère et de puissance. Il grogna ensuite, soufflant son haleine froide sur le visage de sa protégée. Il finit alors par la lâcher. Elle s’effondra au sol, incapable de faire quoi que ce soit. Sa vue se brouilla légèrement mais elle se força à rester éveiller. Elle gisait, à moitié inconsciente, sur les dalles froide du château. Elle était la seule ici à pouvoir s’opposer à Adès, elle devait tenir…Ce dernier lui tourna le dos et fit face à Solstice et Elio. Il reprit sa faux d’une main et attendit, patient.

« Bien, où en étions-nous ? »

Sa voix se fit chaleureuse, mielleuse presque.

[Adès est le perso dans ma fiche. Il mesure un pu plus de 2m]

Que dire, que dire ?
Elle avait une totale confiance en ses capacités - et avait visiblement la fâcheuse manie de pouvoir annuler ses attaques - et réagissait presque avec exaspération. C'était mauvais et bon à la fois. Si elle avait été trop tendue, il aurait facilement pu la surcharger avec des attaques inutiles. Mais elle ne semblait pas assez méfiante pour cela, certaine qu'elle avait le dessus. Il ne pouvait peut-être pas gagner ce combat, si ses attaques élémentaires n'avaient absolument aucun effet. Mais il pouvait la faire redescendre quelque peu de son nuage. L'environnement n'était pas à même de l'aider particulièrement, mais il y avait des choses par-ci par là qui pouvaient toujours servir.
Il fit glisser son pieds sur la glace qui recouvrait le sol, admirant la splendeur de ce qui venait d'être créé. Amusant. Et assez sympathique. Ses oreilles lui renvoyaient le schéma de la nouvelle salle de combat.

Il se retourna et ouvrit les yeux avec un sourire moqueur. Des flammes cyan semblaient y brûler et même le manque d'obscurité ambiante affirmait qu'ils brillaient d'eux-même. Il sentait la magie affluer dans ses veines. Son visage semblait d'ailleurs lui-même éclairé de quelque sentiment joyeux. Il savait qu'il allait sans doute jouer avec la mort. Mais il était en train de s'amuser et pour rien au monde il n'aurait raté un moment comme celui-ci, même si cela devait être son dernier. Bien évidemment, il n'avait pas du tout l'intention de rester jusqu'à en décéder. Mais ressentir à nouveau la fièvre du combat ne pouvait pas lui faire de mal...

- C'est que... C'est ma première arrivée dans une salle de balle... Les lieux comme les personnages m'intimident et je ne sais si j'aurai suffisamment de talent pour m'affirmer dans un milieu si impressionnant... Oh, par contre... Je me vois désolé de constater qu'il reste encore quelques objets ne seyant guère à des ornements de cette splendeur...

Appuyant ses dire, la table et toutes les chaises qui l'entouraient volèrent en éclat, se brisant aussi soudainement qu'un éclair s'abat du ciel. Le principe était simple. Le bois absorbe l'eau. Lorsqu'elle change d'état, cette dernière change aussi de densité et s'élargit, notamment en gelant.

Il s'avança a pas lents vers la jeune femme, laissant l'eau s'élever de toutes part et prendre la forme de lames pointues assez menaçantes.

- J'aime contredire mes aînés. Et je suis d'un tempérament assez têtu ce qui m'a valut pas mal de soucis... On y va ?

Il n'attendit pas de réponse. De toutes façon, il savait qu'elle était positive. Il n'avait pas abandonné ses épées doubles et envoyait constamment des projectiles de glace en direction de la jeune femme. Aucun ne visait ses points vitaux car, malgré ses coups d'épées violents, il n'avait nullement l'intention de la tuer. Il continuait à sauter en l'air de-ci de-là, tentant d'être le plus imprévisible possible. Puis...
Et puis un détail changea. Simple. Infime. Les dagues, épines et autres armes du genre étaient certes composées de glaces, mais chacune contenait au moins une des échardes de bois venant des défunts meubles et, si les tailles étaient variées, le danger n'en était pas moins présent. Elle se méfiait trop peu de ses attaque et il comptait jouer là-dessus un minimum. Et non content de sa trouvaille - il n'avait, il faut l'admettre, guère eu l'occasion de jouer de la sorte avec ses précédents adversaires - il augmenta encore la difficulté juste après que les premières épines qui n'étaient plus inoffensive arrivèrent à leur cible en laissant fondre la glace sous les pieds de la jeune femme. Il tenta ensuite de frapper le plus fort possible à l'aide de son épée métallique et finit le tableau dans un geyser d'eau venu du sol d'une puissance assez impressionnante qui aurait presque pu envoyer la jeune femme sur le lustre si bien que les attaques dangereuses s'enchaînèrent à une allure folle, rompant soudainement avec la monotonie des coups d'épée et des simples aiguilles.
Lui avait reculé afin de ne pas se prendre sa dernière attaque et d'observer les résultats. Curieux, il se demandait quand elle allait elle-même se décider à attaquer et si ce serait lorsque lui aurait décidé de mettre fin au jeu et d'aller dormir un peu, même si il ne se sentait nullement fatigué.

[en déployant ses yeux... Je cherche le sens de cette phrase... Bon, sinon, vu comme c'est bien parti, continuons sur notre lancée xDDD Tu mènes la danse, je te suis xD]

Il souriait en la toisant d'en bas. Il ne s'était pas trompé. Elle était trop sûre d'elle et commettait une foule d'erreur infime. Certes, il y en avait beaucoup dont il ne pouvait pas tirer parti. Mais pour les autres... Il n'allait pas se gêner. Il se ramassa sur lui même lorsqu'elle sauta, prêt à réagir, élaborant déjà son plan d'action. Elle avait deux splendides et grandes ailes dans son dos. Noires comme une nuit sans lumière. Un avantage manifeste dans une salle de cette taille. Un mauvaise nouvelle en somme. Elle toussait. État d'affaiblissement manifeste dont il préféra ne pas tirer profit. Il attendit donc qu'elle se remette, l'observant avec attention alors qu'elle "nettoyait" la piste de danse. Lorsqu'elle eut reprit suffisamment ses moyens pour faire une phrase entière, il l'écouta avec attention, non sans scruter le moindre de ses mouvements.
Elle lui adressa un compliment. Le premier de la soirée ? Peut-être bien. En même temps, un meurtrier faisait rarement l'éloge de ses victimes. Même si il hésitait encore à la classer dans cette catégorie. Cependant, la fin de la réplique l'incita à se méfier. Il plia à nouveau légèrement les genoux pour réagir au moindre mouvement. Elle rangea ses armes. Il hésitait. Elle voulait se battre, oui, ou non ? Toujours indécis quant à la conduite à adopter, il rangea la sienne, laissant les bouts superflus fondre comme neige au soleil. Puis ce fut comme si les armes de glace n'avaient jamais existé. Puis elle lui fonça dessus. Tout bonnement. Alors que des points d'interrogation se multipliaient au dessus de son crâne décidément bien désorienté, elle le touche à l'épaule avant de reculer à nouveau.
Et là, c'est le drame. Ses vêtements avaient totalement changé. Certes, si elle était capable de se transformer en tigre, pourquoi ne pas pouvoir refaire sa garde robe ? Mais il était grandement mal à l'aise. La situation lui échappait. Elle était habillée en rouge et noir [je creuserait ma peine ! PAF (le narrateur, tu sors ==)]. Si les couleurs lui allaient à ravir et que, lui qui l'avait d'abord considéré comme assez jolie, la trouvait à présent tout bonnement splendide, il ne put s'empêcher de se poser la question fatidique : je peux quand même taper dessus si elle m'attaque ?
Et elle étincelait d'autant plus de part la présence des gemmes qui parsemaient ses habits. Plus la situation évoluait et plus il se sentait tendu. Lorsqu'il la vit sourire, il envisage ce qu'il pouvait imaginer de pire. Et il était loin de la terrible vérité. Un miroir de fortune fit son apparition. Machinalement, il se mit lui-même à l'ouvrager, la parsemant de dessins, de boucles et de formes diverses selon un ordre manifeste. Mais sa besogne ne l'empêcha nullement d'observer avec horreur son nouveau reflet.
Plus de cape noire. Plus de veste bien pratique. Plus de pantalon tout aussi utile. Plus de chaussures dégueulasses, certes, mais sans contestes indispensables pour parcourir de longue distance sur des terrains pas très droits.
A la place, il y avait cette... chose... L'espèce de cape verte qui ne camouflerait pas un rat correctement... Surtout avec la broche qui la gardait attachée... Et puis les bottes qui servaient plus à parcourir les couloirs d'une cours qu'à patauger dans la terre et la boue. Même pas sûre qu'elle soit imperméables. Et puis... la chose verte. C'était... loin de ce qu'il avait l'habitude de mettre. Il pensait toujours pratique en s'habillant. Et là, c'était tout le contraire. Il ne put, certes, s'empêcher d'admirer lui-même son apparence. Vu de l'extérieur, c'était bien. Mais qu'est ce qu'il se sentait mal dedans ! Surtout depuis qu'il l'avait remarqué ! - Bon parce qu'avant...

« Ne soyez donc point timide, vous êtes tout à fait en accord avec la salle. Il faut bien une première à tout le monde non ? Alors après l’apparence, il y la tenue. Un homme se doit de saluer avec respect une dame de rang. Comme ceci… »

Oh non... Elle n'allait pas lui refaire les cours du général ! Il en avait assez soupé de ces balles mondains bondés de personnages superficiels ! - Quelle exaspération ne provoquait-il pas en allant toujours voir les musiciens pour discuter avec eux...

« Ensuite vient la baise main. Il peut alors arriver que l’homme propose à la dame de faire un bout de chemin ensemble. Que se soit pour la présenter à un tiers, ou pour une danse. Il doit alors la prendre par le bras.

Le baise main ? Faire un bout de chemin ensemble ? La prendre par le bras ?
Les évènements s'enchaînaient un peu trop vite à son goût. Il se sentait piégé. Lorsqu'elle s'approcha de lui, il ne put que penser avec toute la force qu'il réussit à rassembler "Vade Retro Satanas !". Mais son corps n'avait pas vraiment envie de bouger. A croire qu'il sentait le danger et tenait quand même à prendre des risques pour... quoi exactement ? La laisser l'approcher ?
Elle lui prit la main. Le bouton rouge "Warning" se mit à clignoter en gros dans son cerveau. Mais il était incapable de faire quoi que ce soit. En tout cas, si c'était un rêve, il eut de quoi être réveillé...
Il sentit ses pieds quitter le sol alors qu'il faisait un bond en arrière, surpris. Il scruta d'un oeil méfiant la surface rougie où elle avait déposé ses lèvres, puis la regarda dans les yeux.

« Le tout étant, bien sûr, de ne pas faire un baiser trop affectueux. Il faut qu’il soit léger et frais. Vous saisissez messire ? »

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la fonction son devait être sur off. Il hocha donc la tête le temps de remettre les machines en marche. La décharge avait eu au moins la bonne idée de le ramener à lui.

- Je crois avoir compris l'idée. Pour ce qui est de l'affection, vous vous débrouillez à merveille. Faire les choses à votre sauce rajoute aussi un peu de piquant pour ce que j'en ai noté... Quand à la légèreté, elle était si communicative que je m'en serrais bien envolé par inadvertance...

Il avait bien évidemment retrouvé son visage de marbre. Situation loufoque exige.

- Hum... Puisque nous y sommes, je connais l'envers du décors, la façon d'organiser un bal, le genre de musique à jouer, la façon de le faire, les astuces et toute une foule de détails qui, à vous paraîtrons sans doute insignifiants...

Alors qu'il parlait, la salle s'ornait comme par magie. Des tables remplies de menus tout aussi factices qu'appétissants, des tableaux dont on pouvait deviner l'origine, des vases où dormaient des fleurs de glace... Puis vint l'estrade, assez petite pour ne pas empiéter sur le territoire des "danseurs", mais suffisamment grande pour abriter un orchestre. D'ailleurs, des instruments de musiques y prenaient déjà place. Surtout son préféré... Celui qu'il utilisait sans cesse. Si bien que bientôt, une douce musique s'éleva, en fond, afin de ne pas déranger le dialogue.
Il se mordit la lèvre, encore hésitant. Admettre une faiblesse était assez difficile, surtout face à quelqu'un qui avait montré fermement l'intention de vous trucider quelques minutes auparavant.

- Mais aussi loin que je soit capable de remonter dans mes souvenirs je ne parviens absolument pas à me souvenir d'avoir jamais réellement appris à danser. Si vous pouvez rendre si unique le moment d'un baiser, je ne peux qu'envier l'idée de vous accompagner durant une si longue soirée...

Puis il rit, se baissant dans une imitation parfait du geste qu'elle avait exécuté quelques instants plus tôt.

- Et je me dois de vous complimenter pour me donner cette envie alors qu'en vain mes mentors ont naguère essayé.

Mes mentors... Il rit à nouveau en imaginant la jeune femme qui avait accompagné la fin de son enfance en train de danser. Non, c'était trop... trop irréel.
Puis Valiane retint à nouveau toute son attention. Un jeu dangereux. C'était ce à quoi il jouait. Son coeur battait dans sa poitrine mais pour rien au monde il n'aurait voulu être ailleurs. C'était lorsque la vie de tenait qu'à un fil qu'on se rendait compte de sa valeur. Et il avait face à lui quelqu'un en qui il avait suffisamment de respect pour lui accorder un minimum de confiance, même si il s'agissait d'un ennemi potentiel. D'ailleurs, plus le temps passait et plus il peinait à la considérer de cette façon.

- Alors, votre courage est-il suffisamment intense pour affronter une épreuve si ardue que même les héros et héroïnes de mon peuple n'ont put l'achever avec brio ?

Il inclina la tête sur le côté en lui offrant ce même demi-sourire et en lui demandant gestuellement sa main avec la ferme intention de lui montrer qu'il avait bien suivit la leçon, alors que la musique montait en puissance.